Il n’y a pas que le Vieux Port à Marseille. La cité phocéenne est aussi un port d’attache pour les communications internationales entre l’Europe, l’Afrique, le Moyen-Orient et l’Asie. En l’espace de onze ans, elle se sera hissée de la 44ème à la 6ème place du classement des hubs internet mondiaux du cabinet d’analyse Telegeography.
Marseille dépasse désormais Hong-Kong et se positionne derrière Paris, cinquième. Francfort, Singapour, Amsterdam et Londres forment le quarté de tête de ce palmarès. « Aucune autre ville au monde n’a connu une telle progression dans des délais si courts », observe Fabrice Coquio, président du gestionnaires de datacenters Digital Realty en France.
La position géographique stratégique de Marseille en fait un point d’atterrissage privilégié pour les câbles sous-marins. Alors que 99 % du trafic internet mondial transite par ces réseaux immergés de fibre optique, 18 câbles relient la métropole méditerranéenne à 57 pays et à, potentiellement, plus de 5 milliards d’internautes à travers le monde.
Six nouveaux câbles sous-marins
D’ici la fin de l’année, un nouveau câble sous-marin reliera la France à Singapour. De son petit nom SEA-ME-WE 6 (Southeast Asia-Middle East-Western Europe 6), cette infrastructure de fibre optique aura à terme, une longueur de 21 700 kilomètres. L’opération est financée par un consortium d’acteurs des télécoms et du numérique dont Orange.
En tout, « six nouveaux câbles sous-marins d’une capacité de 320 térabits chacun viendront s’ajouter à ce réseau, portant la capacité totale de fibres connectées à Marseille à 2 petabits, note Digital Realty. Cela permettra de relier directement une soixantaine de pays et plus de 6 milliards d’utilisateurs »
Ces nouveaux câbles relieront Marseille à l’Amérique latine et renforceront ses connexions avec l’Afrique de l’Ouest et du Sud mais également avec l’Inde. « La position de Marseille comme porte d’accès numérique reliant l’Europe au reste du monde sera amenée à se renforcer », poursuit Digital Realty.
Terre de datacenters
Cette densité exceptionnelle d’artères vitales à l’internet mondial attire des opérateurs télécom, comme Verizon et Orange, mais aussi les exploitants des datacenters qui hébergent les données des entreprises, des géants du cloud – Microsoft, AWS, Google, Oracle… – ou des spécialistes de la diffusion de contenus (CDN) comme Akamai et Cloudflare.
« Depuis une dizaine d’années, et de façon accélérée depuis 2020, une douzaine de datacenters ont été construits un peu partout dans Marseille intra-muros, et plusieurs nouveaux sont en chantier ou annoncés dans la ville et aux alentours », observe « Le Nuage était sous nos pieds » qui enquête sur les impacts sociaux, écologiques et politiques des centres de données.
A lui seul, Le groupe américain Digital Realty possède quatre datacenters – MRS1, MRS2, MRS3, MRS4 – et un cinquième est en construction (MRS5), situés dans l’enceinte du Grand Port Maritime de Marseille (GPMM) ou à proximité. Telehouse ou Interoute exploitent également des centres de données au nord de la ville. « Le Nuage était sous nos pieds » les a cartographiés sur une carte libre et collaborative.
Fort de ces développements, Marseille devrait, selon Digital Realty, bientôt entrer dans le top 5 des hubs Internet mondiaux et devenir « la capitale du numérique en Méditerranée ». Avec Marseille et Paris, la France est le seul pays européen à disposer de deux hubs d’envergure mondiale.