Le groupe Meta a annoncé, mercredi 5 mars, déployer dans l’Union européenne, au Royaume-Uni et en Corée du Sud un nouvel outil destiné à lutter contre les publicités frauduleuses en s’appuyant sur la reconnaissance faciale. Le propriétaire de Facebook et Instagram cherche notamment à endiguer les campagnes usurpant l’image de célébrités pour escroquer les internautes.
« Dans les prochaines semaines, les personnalités publiques du Royaume-Uni et de l’Union européenne vont recevoir des notifications dans leurs applications les informant qu’elles peuvent désormais bénéficier de cette protection », a fait savoir David Agranovich, directeur des équipes de cybersécurité de Meta, lors d’un point presse avec des journalistes.
Si une personnalité publique active la nouvelle option proposée par Meta, elle autorisera cet outil à utiliser ses photos de profil pour les comparer aux visages apparaissant dans des publicités soupçonnées d’être frauduleuses. Si la fraude est avérée, ces publicités seront alors automatiquement bloquées.
Un fléau mondial
Ces réclames ont, ces dernières années, envahi Facebook et Instagram. En France, elles utilisent l’image de la journaliste Elise Lucet, mais aussi d’Emmanuel Macron et de nombreuses autres personnalités. Conçues par des professionnels du marketing, elles sont principalement destinées à collecter des numéros de téléphone, qui sont revendus à des réseaux d’escrocs. Ces réseaux criminels organisés peuvent faire des dizaines de milliers de victimes à l’échelle mondiale.

L’annonce de Meta coïncide d’ailleurs avec la publication, par Le Monde et une trentaine d’autres rédactions, d’une enquête en plusieurs volets sur les arnaques à l’investissement, qui dépendent énormément de cette collecte quotidienne de numéros de victimes potentielles pour fonctionner.
Des doutes subsistent néanmoins sur l’efficacité de la mesure annoncée par Meta. Alors que des tests sont déjà réalisés depuis plusieurs mois dans certains pays, le directeur des équipes de cybersécurité du groupe, David Agranovich, s’est contenté, lors d’une conférence de presse, de vanter des « résultats encourageants », sans néanmoins pouvoir communiquer de chiffres ou d’éléments mesurables. « Les retours que nous avons d’organisations partenaires comme la Global Anti-Scam Alliance sont très positifs », assure-t-il.
Par ailleurs, les experts du marketing qui diffusent ces publicités frauduleuses utilisent des outils pour contourner, au quotidien, la sécurité de Facebook. De nombreux liens renvoyant vers des sites malicieux sont en réalité maquillés de façon à apparaître légitimes aux yeux de la sécurité du réseau social. « Nous pensons que cet outil sera plus efficace pour identifier ces utilisations frauduleuses de l’identité de célébrités, car nous pourront faire correspondre cette usurpation d’identité avec d’autres signaux laissant penser qu’une publicité est frauduleuse », explique néanmoins David Agranovich.
Récupération de compte
Meta a également annoncé qu’il ajouterait la reconnaissance faciale à ses outils de récupération de compte pour tous les utilisateurs. Il suffira, pour ceux qui le souhaitent, de se filmer dans une courte vidéo pour faire vérifier son identité en cas de blocage de son compte.
Le groupe américain précise qu’il n’utilisera pas les données de visage « à d’autres fins que pour cette comparaison ponctuelle dans nos outils » et les supprimera immédiatement après utilisation. En outre, cette technologie est mise en place conformément à la législation européenne sur la protection des données personnelles (RGPD), a-t-il assuré.
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De son côté, Google a également annoncé, mardi 4 mars, de nouvelles fonctionnalités destinées à lutter contre les escroqueries en ligne. Dans un post de blog, l’entreprise a dévoilé des outils analysant automatiquement les conversations par SMS et les appels, qui doivent prévenir un utilisateur de téléphone Android si son interlocuteur est potentiellement un escroc tentant de le piéger. Pour l’analyse automatique des messages, l’expérimentation doit être testée dès à présent aux Etats-Unis, au Royaume-Uni et au Canada. L’analyse des appels téléphoniques, en revanche, est réservée aux utilisateurs anglophones de certains téléphones de la marque Pixel aux Etats-Unis.