Millénium 7 : Lisbeth est toujours là

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Il y a une franchise Millénium, au même titre qu’il y a une franchise Les enquêtes du département V. Seule différence notable entre les deux : les auteurs ont changé.

D’abord Stieg Larsson, puis David Lagercrantz, c’est maintenant au tour de Karin Smirnoff de reprendre le flambeau.

Alert spoiler : cette chronique révèle certains éléments du roman.

Bienvenue chez les culs-terreux

Évidemment, l’expression n’est peut-être pas la plus adaptée pour parler du nord de la Suède. Mais, Lisbeth va devoir s’aventurer en dehors de ses villes de prédilection que sont Stockholm et Malmö. Là, on plonge dans la Suède profonde, celle où on parle davantage le patois local que le suédois.

Pourquoi ? Parce que Lisbeth découvre un nouveau parent. Une nièce pour être précise, qui lui ressemble mentalement et ressemble à sa sœur physiquement. Autant dire que le choc est rude. D’autant que la petite en question n’est pas la fille de Camilla, mais celle de Ronald Niedermann. Une petite renfermée, repliée sur elle-même, mais douée. Comme tous les enfants Zalachenko dont le patrimoine génétique continue donc de se promener.

Le hasard veut que Lisbeth se retrouve à la gérer par les services sociaux. Alors que cela ne la motivait pas plus que cela, elle finit par devoir le faire pour la garder en vie. Car Svala est en danger immédiat, « repérée » par de vieux ennemis de Lisbeth : le MC Svavelsjö. Le gang de motards qu’on a rencontré dans les trois premiers tomes. Ils sont toujours aussi dangereux et heureusement, toujours aussi stupides.

Côté tech, c’est aussi une histoire de disque dur gavé de cryptomonnaie. Et une question de mot de passe qui va compter lourd.

Du journalisme, du vrai

Qu’en est-il de Blomkvist ? Il va mal, très mal. Son bébé, Millénium, a plus ou moins mis la clef sous la porte sous sa forme actuelle, pour être transformé en podcast. Plus vendeur, plus sexy et peut-être plus rentable. Pour lui, ça ne vaut pas un clou pour dire les choses poliment. Ce n’est pas du journalisme, encore moins du journalisme d’investigation.

Comme à son habitude, il s’est fâché avec tout le monde. On parlait beaucoup du caractère de Lisbeth, mais celui de Blomkvist est tout aussi problématique finalement. C’est ce qui est intéressant dans la saga : Lisbeth change, y compris dans le dernier tome, avec une évolution très radicale. Blomkvist reste exactement le même. Il y a probablement une raison qu’un lecteur « ordinaire » ne verra pas. Blomkvist est journaliste et dans ce métier, on n’évolue pas, surtout quand on n’a fait que cela professionnellement. Ce métier sclérose mentalement. Il ne pousse pas à la remise en cause permanente, au changement mental. Il ne fait qu’accentuer au fil des années les travers et les névroses déjà présents.

Le hasard — et un mariage — veut qu’il doive lui aussi se rendre dans le nord de la Suède. Précisément là où Lisbeth se trouve pour gérer sa nièce. Sa fille se marie avec un fonctionnaire local. Que Blomkvist ne peut pas sentir et qui aimerait être quelqu’un d’important. Ce qui lui fait prendre des décisions qui ne relèvent pas de sa compétence ni de son intelligence.

Le retour de Plague

Plague était l’acolyte de Lisbeth, œuvrant dans l’ombre pour trouver des informations quand Lisbeth ne le pouvait pas. Malgré son évolution professionnelle — on vous laisse découvrir laquelle, mais elle vous plaira — Lisbeth n’a pas coupé les ponts avec Plague.

Elle est toujours aussi compétente, mais, elle n’a pas toujours les moyens de « travailler » alors que Plague est toujours disponible et a constamment du matériel à proximité. Facile quand on n’est pas obligé de sortir de chez soi. Plague, c’est notre ombre bienveillante qui ne dit pas dix mots quand deux sont nécessaires. Un genre de phare dans la nuit noire, jamais très loin.

C’est ainsi qu’il aidera Lisbeth, Svala et accidentellement Blomkvist. Contrairement aux autres tomes où la rencontre entre Lisbeth et Blomkvist est provoquée, dans le septième tome, c’est un accident. Pour caricaturer, c’est comme s’ils se croisaient dans la rue en allant chercher le pain. Ils évoluent en parallèle sans se percuter pendant la moitié du livre.

Un premier essai réussi

Karin Smirnoff a-t-elle les épaules pour reprendre le flambeau Millénium ? Oui et elle a l’élégance d’avoir inséré des références directes à Stieg Larsson, ce que David Lagercrantz n’avait jamais fait. Elle s’est souvenue que Larsson était journaliste, qu’il avait enquêté sur l’extrême-droite. Elle ne renie pas le passé : elle entretient le souvenir de l’un des plus grands auteurs de la Suède.

Certains esprits chagrins ont trouvé le texte embrouillé, trop compliqué et globalement médiocre. À ceux-là, on leur répond qu’ils n’ont pas compris ce qu’ils ont lu. Il y a quelques détours et il est possible que certaines questions n’aient pas trouvé de réponse. Mais, peut-être parce qu’un huitième tome arrivera ? Après tout, dans le tout premier Millénium, on n’avait pas toutes les réponses.

Oui, il y aura un tome 8 et 9. Pour la France, on ne dispose pas des dates de sortie précises et pour cause : on ne les a pas non plus en Suède. Tout ce que l’on sait est qu’ils sont programmés et que Karin Smirnoff travaille dessus. Est-ce qu’on va les acheter ? Oui. Est-ce qu’on va les dévorer ? Évidemment. Est-ce qu’on réussira à ne pas le « manger » en moins de 24 h tellement on est pris dans le tourbillon ? Ce n’est pas garanti.

Millénium 7 —La Fille dans les serres de l’aigle est édité chez Actes Sud, disponible en physique et au format électronique.



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