Cette édition a offert aux acteurs du FAST (Free Ad Supported Streaming TV) une tribune médiatique et business qui a permis d’en savoir un peu plus sur l’économie des chaînes FAST. Le marché américain est très actif et les studios se sont tous positionnés sur ce nouveau marché en exploitant au mieux leur catalogue. Pluto (Paramount Global), Xumo (Comcast), Tubi (Fox), Peacock (NBCU), The Roku Channel (RokuTM), Freevee (Amazon) et Samsung TV+ (Samsung) font partie des services FAST de référence qui contribuent activement à développer le marché. Selon VIP+ de Variety, ces plateformes n’ont même plus besoin de piocher dans leur fond de catalogue pour créer de nouvelles chaînes tant les propositions sont nombreuses. Et selon le magazine de référence, ce n’est pas prêt de s’arrêter puisque les chaînes FAST devraient continuer de se déployer pour atteindre 6,1 milliards de dollars de recettes en 2025.
Le marché FAST séduit les téléspectateurs qui accèdent à de nouvelles chaînes gratuites, mais ce n’est pas sans poser de réelles questions d’arbitrage pour les éditeurs de chaînes. En effet ces derniers sont confrontés à un double problème : lorsqu’ils ont des chaînes traditionnelles payantes, ils tirent majoritairement leurs revenus des abonnements (directement ou indirectement via des distributeurs), mais ils supportent des coûts de transport et de diffusion importants, parfois en millions de dollars. Avec une chaîne FAST les coûts de distribution sont très faibles – inférieurs à 50.000 dollars par an, mais les revenus publicitaires aléatoires en fonction des territoires. De plus, l’arbitrage entre une chaîne payante et une chaîne FAST peut se révéler complexe à faire en fonction de la situation de la chaîne sur chaque territoire où elle est distribuée. Mais en voyant l’engouement des grands producteurs durant le MIPCOM, ces arbitrages ne semblent pas les effrayer, ces derniers cherchant à maximiser les recettes de leurs programmes avant tout.
Le MIPCOM a permis de mettre en évidence que le marché des chaînes FAST, en dehors de ceux qui s’autodistribuent comme Pluto TV, ou TF1 avec Stream, a vu émerger des agrégateurs (Amagi, Wurl, Ottera, SoFAST, GoseeTV) qui se sont spécialisés dans l’édition et la distribution des chaînes FAST. Ils ont été les stars du MIPCOM car pour la première fois, ils étaient tous au même endroit pour proposer leurs listes de chaînes, soit déclinaison de chaînes existantes, soit création de chaînes à partir de catalogues de programmes détenus par des ayants droit. Ils ont en profité pour présenter leur fonctionnement technique et leur modèle économique.
Mais à vrai dire, on comprend que le marché n’est pas encore complètement structuré : de nombreuses chaînes sont en anglais ou en langue locale, sans doublage et sans sous-titres, ce qui limite forcément leur potentiel en dehors du Royaume-Uni; le modèle économique varie d’un agrégateur à l’autre, le plus souvent basé sur le partage de recettes. Un partage de recettes qui s’appuie sur les techniques de vente publicitaire les plus modernes (programmatique), mais très souvent opaque pour de nombreux acteurs du marché qui ne sont pas habitués à ces modes de commercialisation. Alors que le CPM peut dépasser 40 dollars aux Etats-Unis, 20 livres en Grande-Bretagne, il est inférieur à 15 euros en France, ce qui pénalise potentiellement des éditeurs de chaînes FAST qui auraient des coûts de mise en œuvre conséquents. Avec un besoin de transparence renforcée sur les indicateurs clés : le taux de remplissage des écrans, le type d’annonceurs qui investissent sur ces chaînes, le nombre d’impressions, la part de marché des chaînes dans leurs univers respectifs puisque pour l’instant aucune mesure de l’audience n’est en place pour ces nouveaux canaux de distribution.
Alors qu’on compte plus de 400 chaînes FAST en France, se pose maintenant une question cruciale : est-ce que toutes ces chaînes pourront coexister les unes à côté des autres, sachant qu’elles sont de qualité différente en termes de contenus et donc de potentiel d’audience et de recettes publicitaires très variables. Cependant, les projections de recettes publicitaires de ce marché sont telles qu’on va assister à la mise en ligne de plusieurs dizaines de chaînes dans les prochains mois. De quoi provoquer la curiosité du public pour des programmes gratuits.
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