Face aux tensions croissantes entre l’Europe et les États-Unis, la startup française Mistral AI tire son épingle du jeu. Portée par une demande accrue pour des outils IA plus souverains, l’entreprise prévoit de muscler son infrastructure tout en défendant une approche open source plus transparente que celle des géants américains.
Le discours particulièrement virulent et anti-européen du vice-président américain, JD Vance, en début d’année a fait l’effet d’une claque pour le vieux continent. « Les dirigeants européens n’aiment pas qu’on leur parle de cette façon », a confirmé Arthur Mensch, le PDG de la startup française Mistral AI. Au Wall Street Journal, il explique que ces tensions transatlantiques dopent la demande pour des outils IA « souverains ».
L’IA made in Europe
De plus en plus d’entreprises et de gouvernements européens cherchent à s’affranchir des technologies américaines, ce qui profite directement à Mistral, dont les modèles d’IA générative (et open source) concurrencent ceux d’OpenAI, Google ou encore le chinois DeepSeek.
Mistral prévoit de construire un data center de 40 mégawatts au sud de Paris, équipé de 18.000 puces Nvidia, pour héberger ses modèles et offrir une alternative européenne aux infrastructures américaines. Ce centre pourra atteindre les 100 mégawatts dans 18 mois. « Utiliser l’IA des entreprises américaines donne aux États-Unis un levier sur l’Europe », assène le dirigeant.
La jeune pousse, qui vient de dévoiler un nouveau modèle de raisonnement, pèse plus de 6 milliards de dollars. Très loin des 300 milliards d’OpenAI, mais Mistral est aujourd’hui un acteur identifié dans le secteur de l’IA, avec des arguments à faire valoir. Et même si l’entreprise réalise la moitié de son chiffre d’affaires à l’international, sa position pourrait bien être un atout : l’Europe prévoit d’investir 144 milliards de dollars dans l’IA d’ici 2028.
Pour Arthur Mensch, la région peut reprendre l’avantage technologique après avoir raté le virage du cloud : « Cette fois, nous avons une vraie carte à jouer : notre offre logicielle est à la hauteur, on peut capter ces nouveaux usages ». La volonté ne fera pas tout, et sans parler de découplage avec les États-Unis — ce qui parait irréaliste —, l’Europe a grand besoin de muscler ses capacités dans le cloud et l’IA. Ne serait-ce que pour répondre aux besoins des entreprises et des gouvernements de la région.
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Source :
WSJ