PRIME VIDEO – À LA DEMANDE – SÉRIE DOCUMENTAIRE
Utiliser la puissance mobilisatrice d’Internet pour changer le monde : Jérôme Jarre y a cru dans les années 2010, tout comme des millions d’internautes. Parmi eux, le réalisateur Charles Villa, qui retrace aujourd’hui le parcours extra-ordinaire, au sens premier du terme, de « Jérôme », talentueux jeune homme à l’audace et au sourire ravageurs, dans une série documentaire en cinq épisodes.
Jérôme Jarre ? Il a marqué à vie les trentenaires, adolescents au moment de son succès sur Vine, réseau social aujourd’hui disparu. Mais, en dépit de ses 10 millions d’abonnés en 2015, le grand public ne le découvre qu’en 2017, à l’occasion de l’opération mondialement médiatisée Love Army pour les Rohingya (#lovearmyforrohingya) dans un camp de réfugiés au Bangladesh – Charles Villa couvre alors l’événement pour Brut. Avant que Jérôme Jarre quitte le Bangladesh en 2018 et disparaisse des écrans en 2020.
Intrigué, Charles Villa va tout reprendre à zéro, enquêter – y compris avec la cellule du Monde –, contacter des humanitaires, dont Rony Brauman, ex-patron de Médecins sans frontières. Il rencontre aussi les influenceurs et créateurs qui ont participé à l’aventure : Seb, Natoo, Mister V, Maxime Musqua, les artistes Toctoc et Cocovan… Tous ont accepté de témoigner, pour tenter de comprendre, même si de fait ils se sont fait piéger.
Succès planétaire
Aussi les trois premiers épisodes s’attachent-ils à montrer le succès planétaire de Jérôme Jarre, passé sous les radars des médias traditionnels, depuis les émeutes que provoque sa venue en 2014 en Islande ou à Lille. Jusqu’à son arrivée en star sur le plateau du « Grand Journal » d’Antoine de Caunes, le 17 novembre 2014.
Le film retrace en détail la création improbable de la Love Army, après les attentats de Nice du 14 juillet 2016, pour « donner du bonheur » aux gens. Puis les premières actions menées au Mexique et en Somalie – avec déjà le soutien du président turc Erdogan.
Un an plus tard, il lève 4,3 millions de dollars (environ 4 millions d’euros) pour #lovearmyforrohinghya. Parmi les donateurs : Franck Ribéry, Zizou, LeBron James, Neymar, Kourtney Kardashian… et Omar Sy, très investi dans le projet mais qui ne participe pas au film. Dans le camp rohingya, Mohammed sert de guide à Jérôme. Il est aujourd’hui un personnage central de la série, incarnant l’espoir des réfugiés, à la hauteur de la déception à venir.
« Coup de projecteur sur les crises »
Si les trois premiers épisodes auraient pu être compactés et structurés en deux, les deux derniers en revanche captivent, portés par de multiples rebondissements, que nous ne divulgâcherons pas ici. En janvier 2023, quand Charles Villa retourne au Bangladesh, la grande porte rouge du camp ornée du cœur LoveArmy a disparu.
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Découvrir
« Il n’y a pas eu d’arnaque, affirme le producteur du film Mathias Hillion, joint le 19 mars. Le rapport de la Love Army [publié par Jérôme Jarre sur Twitter en janvier 2022] certifie que l’argent a bien été remis à des ONG. Il a vu très haut, très grand et s’est pris un mur. » L’instantanéité du Web ne correspond pas au temps long du travail des humanitaires sur le terrain.
« La vérité, c’est qu’on a besoin de gens comme Jérôme pour lever les fonds et mettre un coup de projecteur sur les crises », ajoute-t-il. Guillaume Lacroix, patron de Brut, a rencontré Jérôme Jarre le 23 octobre 2023. Selon Mathias Hillion, pour tenter de le convaincre de participer à la série, et non en vue d’un quelconque retour. La série – dont Jérôme Jarre conteste la présentation – refait toutefois parler de lui.
« #LoveArmy : Où es-tu Jérôme ? », de Charles Villa (Fr., 5 x 36 min).