Musk joue sa survie et ça se voit

Musk joue sa survie et ça se voit



Depuis que je sévis dans ces colonnes, c’est peut-être la première fois que je ne vous propose pas une sélection pour Halloween.

Disons que je vous ferai peur le reste de l’année. La campagne américaine bat son plein et la semaine prochaine, les États-Unis d’Amérique auront un nouveau Président.

Cela peut être Kamala Harris ou Donald Trump.

AHS Cult reboot ?

Du point de vue européen, tous les espoirs ou presque se tournent vers Kamala Harris. Mais, nous ne pouvons pas grand-chose dans le choix que feront les Américains. Après tout, si quelqu’un d’un autre pays nous disait comment voter à la prochaine présidentielle, il n’est pas certain que nous apprécierions le geste et la démarche.

Ce qui est intéressant – et justifie que j’abandonne mes films d’horreur pour parler de la présidentielle américaine – est qu’un acteur de la tech joue littéralement sa survie sur cette élection : Elon Musk. Il ne s’en cache pas : si Kamala Harris accède à la Maison-Blanche, il sait qu’il ne bénéficiera d’aucune protection. Déjà dans le collimateur de la justice de plusieurs pays, il joue les trouble-fêtes dans ce scrutin. Il s’adonne à des pratiques qui font dresser les cheveux sur la tête de tous les journalistes et politiques français, qui connaissent le Code électoral sur le bout des doigts. Achats de votes, sondages bidonnés, faux sites d’information visant à dénigrer la candidate démocrate, tous les coups sont permis.

Ce que joue Musk, c’est la grâce présidentielle en cas de condamnations et c’est pour cela qu’il a tout intérêt à ce que Donald Trump gagne. C’est une erreur de calcul assez grossière, mais, celui qu’on nous a tellement présenté comme un génie, n’en est pas à sa première bourde.

Le stagiaire

En reprenant Twitter, il a accumulé les bévues commerciales. Or, si le marché n’est pas toujours progressiste, il n’a qu’une seule réelle valeur : la rentabilité. Pour qu’un marché soit rentable, il doit être stable et prévisible. Musk n’est ni stable ni prévisible. Ajoutez à cela les coups médiatiques et les déclarations fracassantes, une bonne part du marché publicitaire a fichu le camp. Ne reste que les amateurs de coches bleues payantes et quelques ahuris, prêt à payer pour de la visibilité bidon sur X. Sauf qu’une variable est entrée dans la vie économique des entreprises : la réputation. Elle a toujours existé. Mais, avec les réseaux sociaux, la réputation est devenue plus importante, elle est même quantifiable. Elle se traduit en argent. Dès lors, les entreprises ont préféré opter pour d’autres services de publicité : Meta, LinkedIn, Google.

Ces entreprises ne sont pas forcément plus progressistes ou bienveillantes. Mais, leur réputation est plus sereine si on peut dire les choses ainsi. Et si LinkedIn se distingue par des tarifs prohibitifs pour la publicité, Meta reste accessible à tout le monde – financièrement – pour des résultats qui ne sont pas médiocres.

L’autre erreur stratégique de Musk réside dans sa lecture de Donald Trump. Si on devait résumer, on dirait que Trump est pour que l’État se mêle le moins possible de la vie des entreprises, quitte à laisser passer des fusions et acquisitions qui violeraient les lois anti-trust des États-Unis. Kamala Harris adopte une position inverse et se montre aussi plus soucieuse de la vie privée en ligne des Américains. Sauf qu’il y a un éléphant dans la pièce, en la personne de James David Vance dit JD Vance. Il s’agit du colistier de Trump, qui serait amené à devenir vice-président si Trump retourne à la Maison-Blanche. Or, quand on regarde son passif parlementaire, il se trouve qu’on relève qu’il n’aime pas vraiment les grandes entreprises de la tech, n’hésitant pas à les qualifier de « parasites », tout en ayant essayé de gagner sa vie dans la tech. Avec Trump et ses amis, on n’est jamais à une contradiction près.

Le jour le plus long

C’est finalement mon confrère du New York Times, David Fahrenthold, qui résume le mieux la chose : « Il est difficile de surestimer l’importance des liens qui unissent Elon Musk et le gouvernement fédéral » et de poursuivre en rappelant la promesse faite par Trump à Musk « il nommera Elon Musk à la tête d’une commission d’efficacité gouvernementale, en gros une commission qui a la responsabilité ou le pouvoir de recommander d’énormes réductions des dépenses et de la réglementation du gouvernement fédéral ». Dans le paysage français, cela reviendrait à nommer Patrick Balkany à Bercy, avec pour mission spécifique de lutter contre la fraude fiscale.

Ma conclusion divergera de la sienne : je ne crois pas aux entreprises incontournables et irremplaçables, tout comme je ne crois pas que les gens soient irremplaçables. Je pense même que si Kamala Harris accède à la Maison-Blanche, les électeurs verront d’un très mauvais œil que Musk n’ait pas à répondre de ses actes devant les juridictions compétentes, qu’elles soient commerciales, civiles ou pénales. Les Américains sont très attachés au fait de payer pour ses actes.

Dans une semaine, ils seront fixés sur leur sort et une partie du monde avec eux.



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