non, vider sa boîte e-mail n’est pas le geste le plus important pour l’environnement

non, vider sa boîte e-mail n’est pas le geste le plus important pour l’environnement


L’information n’imprime pas. Contrairement à ce que les études ont démontré depuis des années, les Français estiment que l’action la plus efficace pour réduire l’empreinte environnementale de leurs usages numériques consiste à trier et nettoyer leur boîte e-mail régulièrement. Ils sont en effet 42 % à citer ce geste parmi les trois plus bénéfiques, selon les chiffres du baromètre du numérique, publié le 14 mai. Cette vaste étude à la méthodologie solide, qui renseigne sur les équipements et usages numériques des Français, est révisée annuellement par l’organisme public qui la porte, le Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de Vie (Crédoc).

En réalité, nettoyer sa boîte e-mail a un impact environnemental incertain, n’en déplaise à ce que soutenait en 2020 Barbara Pompili, alors ministre de la transition numérique. Car supprimer des e-mails est, en soi, un acte consommant de l’électricité. Pour Frédéric Bordage, fondateur du collectif d’experts indépendants Green IT, « les impacts ajoutés par cette action sont à peine compensés par le faible espace économisé sur les serveurs qui stockent ces courriels à distance ».

A leur décharge, les répondants ne pouvaient choisir, dans la liste de onze gestes écologiques proposés par le Crédoc, ni le nettoyage des images, ni la consommation raisonnée de vidéos en ligne. Or, effacer régulièrement les photos et vidéos stockées en ligne peut avoir un effet vertueux chez les grands consommateurs d’images, quoique modeste. Et surtout, modérer sa consommation de vidéos en ligne peut vraiment être efficace, en particulier si l’on a l’habitude de les regarder en 4G ou en 5G. Alors quand 20 % des Français ont coché « limiter sa consommation de données sur les réseaux mobiles », certains avaient-ils en tête la sobriété vidéo ?

Des écrans moins nombreux, gardés plus longtemps

Signe positif : les Français classent en troisième position (38 %) le fait d’« accroître la durée de vie des appareils numériques (…) en en prenant soin, en les faisant réparer ». Or c’est de loin, selon l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), la principale façon de réduire notre empreinte environnementale numérique. L’effort portera d’abord sur les télévisions et les ordinateurs pour « gamers », au bilan environnemental des plus déplorables.

« Limiter le nombre d’équipements numériques (…) à la maison », qui n’apparaît qu’en sixième position (21 %) dans le baromètre du numérique, devrait en réalité aussi être, pour cette raison, l’une des principales préoccupations . Tout appareil supplémentaire pèse en effet significativement sur le bilan carbone d’un particulier. Même chose avec l’achat de terminaux numériques reconditionnés, qui échoue en bas du classement (13 %). Y recourir permet pourtant d’éviter la production d’appareils neufs et pèse donc très favorablement dans le bilan carbone d’un individu. Tout comme leur recyclage en fin de vie.

Reste une question délicate. Les sondés classent en deuxième usage (39 %) le fait de « ne pas laisser ses équipements numériques en charge toute la nuit ». D’un côté, ils ont tort : on peut parfaitement laisser charger quelques smartphones pendant toute la nuit sans consommer beaucoup, car les appareils dotés d’une batterie sont particulièrement sobres. Au hit-parade de la consommation électrique, ils sont largement distanciés par d’autres appareils, comme les télévisions.

Mais à y regarder de plus près, les sondés ont aussi raison : il est recommandé de charger un smartphone ou une tablette jusqu’à 80 % seulement. Maintenir un appareil branché toute la nuit réduit un peu la durée de vie de sa batterie et précipite le moment où il faudra la remplacer. Or en changer est parfois impossible, ou très coûteux, ce qui peut pousser les particuliers se défaire de leur smartphone en entier. Débrancher le chargeur au bon moment peut donc avoir un impact non négligeable sur notre empreinte environnementale. Probablement pas majeur toutefois car, même bien entretenue, une batterie vieillit naturellement.

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