Cinq ans après sa sortie, le jeu de stratégie Mario + The Lapins Crétins. Kingdom Battle (2017) semble toujours relever du mélange des genres un peu impie. Déjà parce que l’égérie de Nintendo donne rarement autant de sa personne dans les titres des autres – la série des Mario et Sonic aux Jeux olympiques de SEGA demeurant une exception notable – et surtout parce que la proposition d’Ubisoft transforme le plombier en as de la gâchette, en terreur des champs de bataille, en roi de l’escarmouche. Pas exactement le type de comportement attendu de la part de cette icône lisse et débonnaire.
Néanmoins, force est de constater que l’alchimie a eu lieu, puisque l’éditeur français revient le 20 octobre avec un second épisode, toujours sur Nintendo Switch, qui se tourne désormais vers les étoiles : Mario + The Lapins Crétins. Sparks of Hope.
Les lapins d’abord
Ici, les membres de la fine équipe – toujours constituée notamment de Mario, Luigi, Peach et de leurs ersatz lagomorphes – partent dans leur vaisseau pour délivrer différentes planètes d’un mal mystérieux qui ronge la galaxie. Les héros cherchent à libérer les « Sparks », de petites créatures à mi-chemin entre les Lumas (bébés étoiles adorables de l’univers Mario) et des lapins. Une belle promesse de péripéties cosmiques certes, mais qui peut faire peur quand on connaît les précédents de la série. Car si Kingdom Battle a bien un défaut, c’est la linéarité implacable de l’aventure proposée, qui force le joueur à avancer d’un affrontement à l’autre sans réelle respiration.
Ce n’est heureusement plus le cas dans cette suite et les environnements s’ouvrent enfin à une exploration sommaire. Mario et les lapins peuvent dorénavant fouiller dans les recoins des décors pour résoudre des énigmes de base ou parler à des personnages offrant des quêtes secondaires. Chose impensable précédemment, avec un peu d’infiltration, on peut même désormais éviter les combats en esquivant délicatement les adversaires qui déambulent dans les niveaux. Une excellente décision de design de la part d’Ubisoft, qui redonne le contrôle au joueur sur la manière dont il souhaite vivre son aventure, offrant dans le même temps un bon prétexte pour admirer les paysages charmants du titre.
Dommage que l’expérience soit parfois gâchée par les lacunes techniques du jeu : des menus assez patauds et des ralentissements fréquents quand la console est branchée sur la télévision.
La fête des Lumas
Les affrontements ont également droit à un ravalement de façade. Les Lumas, une fois associés aux personnages, confèrent différents pouvoirs, qui peuvent aller de l’augmentation de statistiques aux pluies de météores, en passant par l’invisibilité et l’application d’un poison.
Libérés de la traditionnelle structure en cases dessinées sur le sol, les combattants peuvent désormais se mouvoir librement dans leurs rayons de déplacement respectifs. Il devient ainsi tout à fait possible d’effectuer plusieurs allers-retours pour soigner un allié par ici, puis revenir réaliser un croche-patte à un belligérant par là, avant de partir vers l’endroit à couvert d’où l’on souhaite tirer. Dans les faits, cela donne une expérience assez étrange, à mi-chemin entre le tour par tour et le temps réel, peut-être un peu moins claire et stratégique que dans le système précédent. Surtout, il s’agit d’un jeu d’une facilité enfantine. En difficulté standard, il n’est pas bien compliqué de neutraliser les forces adverses en fonçant dans le tas et en prenant des risques qui se seraient révélés rédhibitoires dans d’autres références du genre, comme XCOM.
Avec Sparks of Hope, Ubisoft Milan et Paris développent donc un titre sous forme d’initiation à la tactique, à destination d’un public béotien ou jeune. Certes, il lui manque l’étincelle stratégique qui le transformerait en un vrai grand jeu, mais l’enrobage bien plus digne d’une aventure qu’il arbore désormais le place un cran au-dessus du premier épisode. On ne se trouve pas encore tout à fait devant un chef-d’œuvre, mais avec un peu de chance – voire une patte de lapin – une hypothétique troisième tentative sera la bonne.
L’avis de Pixels :
On a aimé :
- l’abandon de la linéarité pour des zones plus ouvertes, ce qui pousse à l’exploration ;
- Lapin Harmonie, vraiment très drôle (et les nouveaux personnages de manière générale).
On a moins aimé :
- la concession claire qui a été opérée sur la profondeur tactique ;
- les performances qui ne se montrent pas toujours à la hauteur.
C’est plutôt pour vous si…
- vous voulez un jeu de stratégie qui ménage vos nerfs ;
- vous ne jurez que par les Lapins crétins et leur humour.
Ce n’est plutôt pas pour vous si…
- vous cherchez le nouveau XCOM ;
- vous êtes à la recherche d’un récit qui va changer votre vision du monde.
La note de Pixels :
Sept carottes sur une botte de dix.