On a testé… « Thank Goodness You’re Here », un jeu vidéo entre les Monty Python et « Groland »

On a testé… « Thank Goodness You’re Here », un jeu vidéo entre les Monty Python et « Groland »


Cela faisait longtemps qu’on n’avait pas ri de bon cœur en jouant à un jeu vidéo. L’allure ridicule du protagoniste de Thank Goodness You’re Here ! (sorti le 1er août sur PC, PlayStation et Switch) donne immédiatement le ton de ce titre comique : taille minuscule, moustache rousse, calvitie et costume cravate. Nous suivons ce VRP d’une petite entreprise dans une ville du nord de l’Angleterre pour une rencontre avec le maire. Arrivé en avance, notre héros haut comme trois pommes part en vadrouille.

La bourgade n’est paisible qu’en apparence, les habitants étant plus farfelus les uns que les autres. Le poissonnier qui fume comme un pompier vend des poissons qui ont, eux aussi, la clope au bec. Le patron du bar digresse sur la douceur d’une pinte de bière au réveil, ou, dans un souterrain, un ver de terre se lamente des faibles perspectives de carrière réservées aux lombrics. Chaque nouveau tableau est le prétexte à des sketchs truffés de jeux de mots et de fulgurances surréalistes, ou à des situations embarrassantes en compagnie de personnages semblant venus tout droit de l’émission « Groland ».

Des poissons à déconseiller aux non-fumeurs.

La plus grande blague du jeu réside dans le seul pouvoir accordé aux joueurs en dehors des déplacements : celui de donner des claques. Notre progression ne se fait qu’en frappant tous ceux et tout ce qui se trouve sur notre chemin. Malmener le badaud permet aussi bien de lancer la discussion que de résoudre les énigmes simplistes sur notre chemin, comme celle qui consiste à percuter les barils de la cave du pub local afin d’activer la tireuse. Le jeu se présente ainsi comme un dessin animé interactif d’environ deux heures, très scripté mais riche en détail. Tant pis si parfois les propositions ludiques semblent un peu répétitives et consistent à marteler le bouton « claque ».

En découlent de surprenantes catastrophes, telle l’irruption d’une gigantesque saucisse dans l’espace public ou le remplacement de l’eau de la fontaine par la friture brûlante du fish and chips. Et malgré les dégâts, nous ne sommes jamais blâmés. Bien au contraire, les habitants semblent dotés d’une bienveillance infinie à notre égard. Le jardinier ne nous en voudra pas de lui avoir fait exploser au visage le sac de purin qu’il peinait à ouvrir. Il se réjouira plutôt d’avoir sous la main du fertilisant pour sa tomate qui, en mûrissant, se dote d’un visage et l’appelle « papa ». « Heureusement que vous êtes là » (traduction du titre « thank goodness you’re here »), nous gratifient régulièrement les locaux, dont on vient pourtant de saccager la maison ou la boutique.

Saisir un morceau de l’âme anglaise

Aller chercher du lait pour ce garçon incapable de boire son thé nature au petit déjeuner... C’est la quête la plus britannique à laquelle nous ayons été confronté dans un jeu vidéo.

En plus de cette politesse absurde, les créateurs du studio Coal Supper, James Carbutt et Will Todd, réussissent à saisir un morceau de l’âme anglaise. Les accents du Yorkshire, la décoration des maisons, l’architecture de briques rouges ou la passion pour la nourriture frite l’ancrent dans le réel. Un choix marginal dans une industrie du jeu vidéo qui a plutôt tendance à gommer les particularismes locaux afin de mieux vendre ses productions à l’étranger.

James Carbutt et Will Todd ont par ailleurs inséré quelques images d’archives de la ville où ils ont grandi, Barnsley, pour donner une portée plus sociale à l’expérience. La région dont ils s’inspirent, située entre Leeds et Sheffield, est touchée de plein fouet par une crise économique dont on retrouve des stigmates dans le jeu. En témoignent les vestiges des infrastructures minières que l’on aperçoit au loin, les déchets entre lesquels nous slalomons en permanence ou les épidémies d’obésité et d’alcoolisme qui touchent les résidents. Leur optimisme inflexible semble être leur dernière arme face au désespoir.

Derrière des couleurs et un dessin joyeux, la tristesse point avec les détritus qui jalonnent la ville et ses alentours.

Lorsque les personnages poussent la chansonnette ensemble, on ne peut s’empêcher de rapprocher la scène du final en forme de comédie musicale du film du La Vie de Brian (1979), des Monty Python, dans lequel des crucifiés chantent en chœur : « Prenez toujours la vie du bon côté » (« Always look on the bright side of life »). Rendre le désespoir joyeux est vraisemblablement une spécialité anglaise.

L’Avis de Pixels

On a aimé :

  • malgré l’air de famille avec Untitled Goose Game, ce jeu ne ressemble à aucun autre ;
  • l’humour qui oscille entre la satire sociale et le surréalisme ;
  • le sens du détail du dessin et le doublage, dignes d’une série animée.

On a moins aimé :

  • parfois, on tourne en rond.

C’est plutôt pour vous si :

  • vous êtes fans des Monty Python ;
  • vous êtes supporteur du Barnsley Football Club.

Ce n’est plutôt pas pour vous si :

  • vous suivez un régime sans gras, ni bière ;
  • vous ne comprenez rien à l’anglais et lire les sous-titres (en français) vous fatigue ;
  • deux heures et demie pour un jeu, c’est trop court pour vous.

La note de Pixels :

4 cuillères de Marmite/5 tranches de pain frit.

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