Selon Le Monde, la direction d’Orange a envoyé aux instances représentatives du personnel un document de présentation portant sur un plan de réorganisation de l’opérateur sur le marché français. Il sera détaillé lors d’une réunion du comité social et économique central (CSEC) prévue le 3 juillet.
Baptisé « Regain », que l’on peut traduire par « reconquérir », ce plan, qui doit être mis en œuvre Au 1er janvier 2026, doit permettre à l’opérateur historique de « simplifier ses modes de fonctionnement » en France afin de « faire face aux évolutions du marché ». Sur le segment grand public, s’agit de « renforcer » la performance commerciale, afin de « maximiser » le chiffre d’affaires » dans un « environnement concurrentiel ».
Si Orange surperforme en Afrique et au Moyen-Orient avec une croissance à deux chiffres, le groupe de télécoms est à la peine sur son marché domestique. Alors qu’il avait renoué avec la croissance il y a un an, l’opérateur a vu ses revenus en France diminuer de 1,3 % ( – 55 millions d’euros) au premier trimestre. Un repli qu’il met sur le compte des services délivrés aux autres opérateurs en baisse de 4,3 %.
Orange engrange de nouveaux clients
Bien qu’Orange engrange de nouveaux clients – 4 000 abonnés supplémentaires dans le mobile et 2 000 dans le fixe –, le recrutement est moins important que lors des trimestres précédents. La guerre sur les prix rogne, par ailleurs, sur les marges. Le prix moyen d’un forfait mobile passe sous la barre symbolique des dix euros.
Le document auquel a accès Le Monde évoque un « ralentissement de la croissance » et la « reconfiguration éventuelle du marché ».
SFR, le numéro deux français des télécoms, devait être vendu à la rentrée. En cas de rachat par un rival hexagonal, le passage de quatre à trois opérationnels nationaux rebattrait les cartes du marché.
Pas de suppressions de poste
12 des 17 directions d’Orange France seraient concernés par ce plan de réorganisation dont les directions grand public, technique, expérience client ou les fonctions support dédiées à la finance, à la stratégie ou aux ressources humaines. Le pôle grand public a vocation à étendre « ses missions commerciales et analytiques en s’appuyant sur deux directions renforcées : la direction commerciale grand public et la direction stratégie data et connaissance client ».
Toujours selon les informations recueillies par Le Monde, les directions régionales devraient passer de cinq actuellement – Paris, Lyon, Toulouse, Lille et Rennes – à neuf.
Orange se défend de vouloir améliorer ses marges, les gains de productivité lui permettant de soutenir ses investissement dans les réseaux. La direction précise qu’il n’y aura « ni suppressions de poste ni relocalisation des emplois ».
Un climat social tendu
Il n’est pas sûr que cette précision suffise à rassurer les syndicats et les 47 000 employés d’Orange en France. Alors le groupe pensait avoir définitivement clos la crise dite des suicides avec la condamnation définitive de son ancien PDG, Didier Lombard, une récente enquête révèle une nette détérioration des conditions de travail et du climat social.
Menée par le cabinet d’expertise Secafi pour le Comité National de Prévention du Stress (CNPS), cette étude triennale montre que tous les indicateurs de risques psychosociaux étudiés reculent qu’il s’agisse du sentiment d’insécurité professionnel, de la fierté d’appartenance ou de l’autonomie au travail.
Si l’intensité au travail reste à un niveau élevé, comparable à 2012, l’étude met en évidence une aggravation spectaculaire de l’inquiétude pour l’emploi, avec une chute de 33 points. Alors que les effectifs Orange SA ont fondu de 20 % (-13 516 salariés), entre 2021 et 2024, les réorganisations sont jugées trop nombreuses et mal accompagnées.
Le plan de départs volontaires chez Orange Business, la division BtoB, une première dans l’histoire de l’entreprise, a été particulièrement mal accueilli. Dans ce contexte de tensions sociales une multiplication de cas de suicides a été constatée depuis le courant de l’année 2024.