Papa vlogueur – ZDNet

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« C’est moi le chef » est une sitcom disponible sur Disney+ qui narre le quotidien d’une famille américaine de la classe moyenne dans le Colorado. Mike — le père — est responsable du marketing dans une entreprise de vente d’articles de sport. Hélas, son patron Ed lui annonce qu’il doit abandonner les escapades au bout du monde. En échange, il lui propose d’ouvrir un vlog sur le site.

Papa fait le buzz

On aime bien présenter les quinquagénaires et autres représentants des classes d’âge plus âgées comme des retardés du numérique. Dans la série, bien au contraire, Mike montre qu’il a bien compris comme faire le buzz sur le Web. Tout y passe : la politique — Obama est le diable en personne — son couple, sa famille, son boulot, mais, en arrivant à faire la promotion des articles de chasse, de pêche, de camping et de tirs de son magasin.

En résumé, Mike était influenceur avant l’heure si on peut dire les choses ainsi. La série aborde un parti pris clairement prorépublicain, sous l’ère d’Obama. Rien d’anormal : on est dans le Colorado et depuis Docteur Quinn, femme médecin, les mentalités ont évolué moins vite que le haut débit. Il y a une sorte de complaisance réactionnaire de prime abord, mais il faut dépasser cet a priori. En effet, quand on creuse, on se rend compte que la première couche sert à mettre en avant certaines évolutions, mais aussi sensibilités.

Les scénaristes se sont beaucoup amusés à bousculer les républicains américains dans la série, notamment en intégrant des personnages qui sont à mille lieues de la représentation idéale de la famille américaine républicaine. Ceci explique pourquoi la série fonctionne.

Défis humains et ordinaires

Premier défi : gérer une adolescente enceinte. L’aînée de la famille, Kristin, est tombée enceinte après son bal au lycée. Au lieu de faire des études, elle garde l’enfant, le petit Boyd et son petit ami disparaît. Il réapparaît plus tard, avec un peu plus de maturité. Mike ne sort pas immédiatement le fusil à pompes et même s’il est souvent exaspéré par le côté libéral — comprendre socialiste — de son gendre Ryan, il finit par s’y attacher et parfois même, à être d’accord avec lui. Évidemment, comme dans toute série américaine familiale, une grossesse non désirée est menée à son terme, mais comme nous sommes dans une sitcom, tout va bien dans le meilleur des mondes.

Au milieu, nous avons Mandy. Jolie écervelée, qui a du mal à compter jusqu’à dix, elle arrive à monter une entreprise de mode sur le Web et à la faire fructifier. Au passage, elle tombe amoureuse d’un employé du magasin où travaille Mike, l’adorable Kyle, qui est tout aussi ahuri qu’elle. On se demande comment ces deux-là pourraient survivre dans le monde réel, mais là encore, ça fonctionne. Notons au passage que les conseils que Mike donne à Mandy pour faire prospérer son entreprise sur le Web ne sont pas dénués de sens et peuvent être inspirants pour nos actuels chefs d’entreprise en herbe.

Enfin, nous avons la petite dernière, Eve, qui est un peu le garçon de la famille. Autant Mandy ne peut pas survivre sans mascara — et on la comprend — autant sa cadette découvre littéralement ce qu’est une robe à son entrée au lycée. À ce niveau, ce n’est plus un choc de culture, mais de galaxies. Elle désire devenir soldate, mais ses plans ne vont pas se dérouler comme elle le souhaite.

Satire politique

Contrairement aux Français qui adorent parler politique — mais oublient d’aller voter — les Américains ne sont fondamentalement pas politisés. Si on conditionnait le visionnage de la saison de football à l’équivalent de la carte d’électeur, on ferait descendre l’abstention de 25 points. À partir des années de Bush Junior, on a commencé à voir fleurir dans les séries — y compris les sitcoms familiales — quelques références à la politique intérieure. Mais, c’est finalement à partir des mandats de Barack Obama que les scénaristes ont décidé de grossir le trait.

Dans Empire, on a la version pro-Obama, présenté comme une sorte de messie, qu’il n’était pas, et dans C’est moi le chef, comme le diable, source de tous les malheurs américains, ce qu’il n’était pas non plus. On comprend aussi — même si ce n’est pas forcément le but ni dit explicitement — comment des Américains ont pu voter pour Trump. On dira que c’est une analyse chronologiquement absurde.

La famille mise en scène dans la série n’a pas de difficultés réelles. Ils ont un joli toit au-dessus de leur tête, vivent dans un coin charmant, sont en bonne santé, les enfants ont pu faire des études, tout comme les parents, ils sont blancs et protestants. Enfermés dans une bulle sociale, ils sont aussi enfermés dans une bulle idéologique, qui veut qu’un bon Américain est un Américain patriote et travailleur. Celui qui ne gagne pas correctement sa vie est un paresseux. On peut se moquer autant qu’on veut de ces Américains qui ont voté Trump, mais on a leurs « cousins » en France, qui ont voté pour l’extrême-droite, parce qu’ils travaillent et n’ont droit à aucune aide. La série s’est arrêtée quand Trump est arrivé à la Maison-Blanche. C’est pour cela qu’elle est intéressante à regarder : elle montre un cheminement intellectuel.

Bons tuyaux SEO

On l’a dit : Mike se sert de son vlog, tant pour croquer la vie quotidienne que pour vendre des accessoires. N’hésitez pas à prendre des notes, surtout si vous débutez sur YouTube. Par exemple, quand il parle de pêche, on voit l’habillage du site Web et un poisson se met à s’agiter pendant qu’il parle.

Au début des vidéos, on fait un gros plan sur Mike et petit à petit, on recule pour voir la page d’accueil du site, ce qui permet de voir les pubs incrustées sur le côté, des produits dont il est en train de parler. Ses sketchs sont amenés de telle façon qu’on trouve très naturel qu’il nous parle de tentes de camping, de couteaux de chasse, de fusils, etc. Il y a quelques bonnes idées à récupérer pour son propre marketing et rien que pour ça, ça vaut le coup de la regarder.

Mais, pour une fois, une série américaine dit du bien des Français et en particulier, des Basques. Le patron de Mike est basque, ce qui donne lieu à des scènes humoristiques assez sympathiques au fil des épisodes. On admettra qu’une série américaine, qui dit du bien des Français — sauf pour la partie guerre en Irak — dans la bouche d’Américains républicains, ce n’est quand même pas si courant. Les plus jeunes ne reconnaîtront pas certaines guest-stars de la série et c’est bien normal. L’auteur de ses lignes n’a pas reconnu tout le monde. Morale de l’histoire : plus de télévision et moins de séances au Parlement. Mais venons-en à l’essentiel : c’est moi le chef ! est une bonne sitcom familiale, sans plaisanteries à connotation sexuelle ni scatologique, qui peut se regarder avec des enfants. Alors, si vous êtes abonné à Disney +, donnez une chance à Mike et sa tribu haute en couleur.  





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