Les géants de la tech comme Apple ont les poches profondes et peuvent se permettre d’investir longtemps dans des projets faramineux. C’est le cas du Projet Titan, qui voit Apple travailler à une voiture électrique, plus ou moins autonome, depuis plusieurs années. Les dernières nouvelles sont plutôt bonnes, après une période de flou et de trop nombreux changements.
Le très secret Projet Titan fait à nouveau parler de lui. Derrière ce nom de code se cachent en réalité les ambitions d’Apple pour sa voiture du futur. Depuis plusieurs années en effet, le géant de Cupertino travaillerait à la conception d’une voiture, qui serait évidemment électrique et connectée, et devait même être totalement autonome.
Des ambitions plus réalistes ?
Selon le journaliste de Bloomberg, Apple est bel et bien toujours en train de concevoir une voiture connectée. Le géant de Cupertino aurait toutefois revu ses ambitions à la baisse – dans un premier temps, tout au moins. Ainsi, son Apple Car ne serait pas totalement autonome à son lancement, ce qui signifie qu’elle prendrait des allures plus conventionnelles que ne le laissaient penser certaines rumeurs qui la voyaient abandonner volant et habitacle classique. Une voiture sans volant ni pédale ne serait pas faisable avec les technologies actuelles, à en croire les sources du journaliste américain. La conduite autonome sera toujours présente dans la voiture, mais réservée aux autoroutes et voies rapides. Là où le contrôle de l’environnement est le plus simple. Apple ne cherche juste plus à atteindre le niveau le plus élevé d’autonomie, dit de niveau 5, qui permet à une voiture de rouler seule, même sans passager à bord, pour venir vous chercher au travail, par exemple.
Assez autonome pour des divertissements à bord
En visant un niveau d’autonomie intermédiaire, 3 ou 4, Apple pourrait cependant toujours offrir des fonctions avancées dans sa voiture, et permettre ainsi au conducteur et à ses passagers de jouer à un jeu ou de regarder un film, sur autoroute. Un système d’alerte interne permettrait d’annoncer la nécessité de retourner à un contrôle manuel sans précipitation, si la voiture approche d’une rue où la conduite autonome n’est pas possible, ou si la météo se détériore et risque de mettre à mal la capacité de la voiture à se diriger seule.
Les derniers grands progrès de Car Play, annoncés lors de la dernière WWDC, montrent sans doute un peu à quoi s’attendre en matière d’interface. Apple travaille en effet activement à repenser l’expérience au sein de nos véhicules. D’ailleurs, certaines rumeurs voulaient même qu’Apple ait finalement abandonné l’idée de concevoir une voiture à proprement parler pour n’offrir qu’une suite logicielle à des constructeurs partenaires. Ce ne sera donc pas le cas.
Une plate-forme maison ambitieuse et puissante
Au cœur de la partie connectée de l’Apple Car, on trouve évidemment une puce Apple Silicon, déployée sur une architecture maison, baptisée « Denali, du nom de la plus haute montagne d’Amérique du Nord », explique Mark Gurman. Les performances de cet ensemble seraient quatre fois supérieures à celles des puces des Mac actuels les plus puissants. Cette puce serait très avancée dans son développement, au point qu’elle « serait considérée comme étant presque prête à entrer en production, même si Apple pourrait réduire ses performances avant le lancement de la puce pour réduire les coûts », avance le journaliste de Bloomberg.
L’approche d’Apple est donc similaire à celle de Tesla, et celles de nombreux fabricants automobiles, pour l’ordinateur embarqué. En revanche, contrairement à la société d’Elon Musk, Apple entend utiliser des lidars et des radars, en plus de caméras. Cela permet à la voiture de repérer les voies de circulation dans lesquelles elle évolue, de mesurer la distance qui la sépare d’objets, véhicules ou personnes, bref de se situer dans son environnement.
En plus de cette puissance et de ces capteurs embarqués, Apple compte aussi sur le cloud pour le traitement des données par des algorithmes d’apprentissage machine. Ce système coûterait 125 millions de dollars par an à Apple. Une somme importante qu’il faut toutefois mettre en perspective. Le géant de Cupertino investirait un milliard de dollars chaque année dans son projet de voiture.
Par ailleurs, selon Mark Gurman, Apple réfléchirait à mettre en place une sorte de centre de contrôle à distance pour ses véhicules en cas de problème. Il permettrait d’aider les conducteurs et de piloter les voitures en cas d’urgence. Ce qui pose évidemment des questions sur les libertés des utilisateurs. Apple évoquerait également la possibilité de proposer sa propre assurance à ses clients.
Un nouveau cap, un nouveau calendrier et un prix plus abordable
Depuis au moins le mois de septembre 2021, le projet Titan est supervisé par Kevin Lynch, qui présidait jusque-là à la seule destinée et à la montée en puissance de l’Apple Watch. En arrivant aux commandes du Special Projects Group, nom de l’équipe en charge du Projet Titan, il avait fixé comme objectif d’atteindre l’autonomie de niveau 5 pour un véhicule lancé en 2025. Quelques mois plus tard, il revoit donc sa feuille de route sur deux autres points essentiels. Le premier est la date de lancement, qui serait maintenant fixée en 2026. Cela permettrait notamment à Apple de finaliser le design de sa voiture plus tranquillement, car le géant américain en est toujours au pré-prototype, selon Mark Gurman. Le design définitif pourrait être terminé l’année prochaine. Il faudra toutefois qu’Apple ait trouvé le bon partenaire pour lui fournir la plate-forme de base de cette voiture qui sera électrique. Cette base, qui semble être appelée dans le jargon un « skateboard », comporte le châssis, les roues et les batteries. Apple continuerait de discuter avec plusieurs partenaires et aurait même été en négociation avec le groupe Volkswagen, il y a quelques années.
Une fois cette base confirmée, Apple devrait arrêter la liste des fonctions embarquées à la fin de 2024. Cela laisserait à Apple toute l’année 2025 pour réaliser de très nombreux tests.
En plus du calendrier rallongé, Kevin Lynch a également décidé de revoir le positionnement tarifaire envisagé pour l’Apple Car. Alors qu’elle devait jusqu’à présent être commercialisée autour de 120 000 dollars, l’équipe dirigeante souhaiterait désormais la vendre à moins de 100 000 dollars. Elle se trouverait donc plus abordable et face à des voitures toujours haut de gamme comme l’EQS, de Mercedes ou la Tesla Model S.
Un projet vraiment… titanesque
Ce projet Titan a connu bien des atermoiements et bien des changements de destin au fil des années – les dirigeants à sa tête ont beaucoup défilé. Par ailleurs, il a été pointé à quelques reprises que le fait que le projet soit éloigné du centre névralgique d’Apple n’ait pas aidé. Les mille personnes qui travaillent à l’Apple Car sont réparties dans quatre zones géographiques différentes :
- Sunnyvale, en Californie, où est pensé le design industriel et le logiciel ;
- près de Phoenix, en Arizona, où sont testés les éléments développés ;
- à Ottawa, au Canada, où Apple a débauché depuis 2016 de nombreux ingénieurs de QNX, propriété de Blackberry, qui conçoit des logiciels pour des voitures depuis longtemps ;
- et, enfin, Zurich, en Suisse. Cette équipe lointaine développe un outil appelé « Rocket Score », qui calcule le niveau d’autonomie d’un véhicule.
Pendant longtemps, cette dispersion géographique, n’a pas aidé le projet à avoir toute l’attention requise, notamment celle de Tim Cook. Toutefois, Apple semblerait vouloir réunir ses équipes californiennes dans un nouveau campus, d’environ 93 000 mètres carrés, près de l’aéroport international de San Jose, appelé Orchard Parkway. Il semblerait donc que sous la férule de Kevin Lynch le projet d’Apple Car soit enfin sur la bonne voie, tout en étant plus réaliste.
Source :
Bloomberg