Retournement de tendance ou simple palier? Après une année 2023 marquée par l’ouverture d’un nombre record de dossiers judiciaires portant sur des attaques par rançongiciel, 2024 est finalement synonyme d’une baisse. La section cyber du parquet de Paris a ainsi ouvert “seulement” 375 nouveaux dossiers de ransomware, contre 550 en 2023, ont indiqué les services de la procureure Laure Beccuau à ZDNET.fr.
Soit une baisse notable d’environ 30%. Il faut revenir à l’année 2020, avec 260 nouvelles enquêtes pour de tels faits, pour revenir à un étiage aussi bas. En 2022, 422 nouveaux dossiers de rançongiciels avaient été ouverts, contre 496 en 2021.
Cette baisse du nombre de dossiers ouverts par la justice française peut signifier une moindre activité criminelle. L’ancien numéro 1 du secteur, le gang LockBit, a ainsi été sérieusement déstabilisé l’an passé par une opération policière. Mais elle pourrait aussi s’expliquer par une diminution du nombre de dépôts de plainte dans l’Hexagone.
Rançon astronomique
Les attaques par ransomware, ces logiciels malveillants qui chiffrent vos données pour extorquer une rançon, sont considérées comme la principale menace cybercriminelle actuelle. L’an passé, l’université Paris-Saclay ou le groupe de presse Bayard, pour ne citer que ces deux exemples, ont fait les frais d’une telle attaque de ce genre.
Cette industrie criminelle peut être extrêmement lucrative. Le spécialiste des investigations sur les blockchain Chainalysis et l’entreprise de cybersécurité américaine Zscaler ont par exemple observé le paiement d’une rançon de 75 millions de dollars au début de l’année 2024.
Au diapason de cette baisse du nombre de nouvelles enquêtes sur des affaires de rançongiciel, le nombre global de nouveaux dossiers judiciaires au titre de la compétence concurrente nationale du parquet de Paris est lui aussi en baisse. Au dernier décompte, 520 nouveaux dossiers ont ainsi été ouverts en 2024, contre 658 en 2023. En 2022, 614 enquêtes avaient été ouvertes sur ce périmètre, contre 603 en 2021 et 409 en 2020.
Pas de nouveau dossier de jackpotting
Enfin, il n’y a pas eu d’ouverture de dossier judiciaire en 2024 sur des affaires de jackpotting, ces piratages de distributeurs de billets. La justice parisienne avait ouvert 15 enquêtes en 2023, 20 en 2022 et 27 en 2021. A voir si cette tendance se confirme dans les années à venir, ce qui indiquerait un désintérêt des criminels pour ce mode opératoire.
La section cyber du parquet de Paris est la tour de contrôle des enquêtes cyber françaises. Et ce grâce à sa compétence concurrente nationale pour les infractions d’atteinte à un système de traitement automatisé de données, le terme juridique pour parler des piratages informatiques.
Cette compétence lui permet de se saisir d’affaires cyber dans l’Hexagone, quel que soit le lieu des faits.