Le numérique est entré dans le secteur de la santé. Mais les patients restent frileux à son égard sur certains actes médicaux, dont la consultation médicale.
C’est ce que relève un rapport de la Cour des comptes consacré à la téléconsultation.
L’effet Covid ne s’est pas inscrit dans la durée. Confinement oblige, la consultation à distance avait bondi à 18 millions d’actes en 2020, contre moins de 140.000 en 2019. Les pouvoirs publics entendaient s’appuyer sur cette dynamique pour la développer.
La téléconsultation reste marginale
“Selon les objectifs affichés par les pouvoirs publics, les téléconsultations constituent un levier de transformation du système de soins », souligne le rapport. La téléconsultation est présentée comme une solution dans les zones souffrant d’un déficit d’offre médicale.
Mais elle devait aussi contribuer à “libérer du temps médical et donc d’augmenter le nombre de patients examinés par les médecins.” L’ambition annoncée risque cependant d’être difficile à concrétiser, comme le suggèrent les chiffres.
De fait, une fois la crise sanitaire passée, le nombre des téléconsultations est descendu à un niveau inférieur à celui fixé entre l’État et la Cnam. En 2023, pour la médecine de ville, la téléconsultation représentait tout juste 2,2% de l’activité de consultation des médecins omnipraticiens.
Solution aux zones en déficit de médecins ? C’est loupé
Pour les médecins spécialistes, c’était seulement 2,1%, soit moins d’une consultation sur quarante. Du côté des établissements de santé, le bilan n’est pas plus positif (1,4%). Chez certains de nos voisins européens, la pratique est nettement plus développée en revanche.
La Cour des comptes note en effet que les téléconsultations en France se situent à des niveaux très inférieurs à ceux constatés dans les pays nordiques, au Royaume-Uni et en Espagne. Face à ce constat, l’État a d’ailleurs renoncé à fixer des objectifs quantitatifs pour la période 2023-2027.
Si l’État esquive pour se prémunir d’un échec, “il n’en demeure pas moins que le nombre de téléconsultations réalisées est insuffisant pour que celles-ci répondent aux attentes associées à leur potentiel”. Et sur l’ambition initiale, l’échec est indéniable.
Dans les déserts médicaux, la téléconsultation n’a pas produit les effets escomptés. “Les téléconsultations ont jusqu’à présent eu un impact faible sur l’accès aux soins dans les zones d’intervention prioritaire.”
Une feuille de route ne suffit pas, il faut agir et suivre
La population utilisatrice est au contraire plutôt constituée de jeunes très urbains. Ainsi, “l’Île-de- France concentre à elle seule plus de la moitié des téléconsultations réalisées en France.” La téléconsultation n’a pas non plus bénéficié aux “publics cibles théoriques de la télémédecine” (personnes âgées, en situation de handicap, patients souffrant de maladies chroniques…).
Pour améliorer ce bilan, des actions s’imposent, à commencer par une clarification de la stratégie poursuivie par le ministère chargé de la santé. Quant à la direction générale de l’offre de soins, elle “n’exerce pas suffisamment son rôle de chef de file.”
La marginalité de la téléconsultation est-elle un objectif non-déclaré ? Cela reste à clarifier pour s’assurer que ce bilan répond aux attentes du Parlement et du ministère de la santé. Les assises de la téléconsultation prévues à l’été 2025 sont l’occasion d’une clarification pour la Cour des comptes.
Mais pour les rapporteurs, il convient surtout, en plus des orientations, de les mettre en œuvre et de les suivre. Car “l’élaboration de feuilles de route ne suffit pas, en soi, à assurer le développement des téléconsultations.” Des discours et plans, oui, mais des actions concrètes avant tout.