La société pétrolière et gazière publique saoudienne Aramco a annoncé en début d’année qu’elle réaliserait d’importants investissements dans le secteur des minéraux, avec un intérêt marqué pour le lithium. Ce matériau, essentiel à la fabrication des batteries et au développement des véhicules électriques, devient une priorité pour l’Arabie saoudite, qui cherche à diversifier son économie en vue d’un futur post-pétrole.
Le lithium, un élément clé des batteries
Pionnier mondial de l’or noir, le royaume saoudien accélère sa transition vers des énergies renouvelables et des technologies durables. Le projet phare « Neom », une ville futuriste où seules les énergies vertes seront autorisées, illustre cette ambition.
Le lithium, qui représente environ 40 % du coût des matériaux cathodiques utilisés dans les batteries, joue un rôle central dans la révolution des transports électriques. Son prix, qui influe directement sur le coût des batteries et celui des véhicules électriques, est devenu un enjeu stratégique pour les entreprises et les gouvernements. En misant sur le lithium, Riyad entend se positionner sur un marché en forte croissance, essentiel à la transition énergétique mondiale et à son autonomie.
Face à la montée en puissance des véhicules électriques, les acteurs de l’industrie automobile et des batteries multiplient les alliances stratégiques pour sécuriser l’approvisionnement en lithium. En partenariat avec des sociétés minières ou via l’acquisition directe de mines, ils cherchent à stabiliser l’accès à ce métal indispensable à la production des batteries.
Malgré une stagnation temporaire de la demande sur le marché des véhicules électriques, l’industrie table sur une forte croissance à moyen et long terme. Cette anticipation pousse des géants comme ExxonMobil, Total Energies ou Aramco à s’impliquer dans l’exploitation du lithium, jusque-là dominée par la Chine.
Vers une diversification des approvisionnements
Aramco, via une coentreprise avec la société minière publique saoudienne Maaden, prévoit de produire du lithium commercial à partir de 2027. Un projet qui repose sur des gisements identifiés en Corée du Sud. La diversification des approvisionnements pourrait ainsi modifier l’équilibre du marché, aujourd’hui dominé par la Chine. Cela pourrait stabiliser les prix des matières premières et réduire les risques de ruptures d’approvisionnement, un atout crucial pour les fabricants de batteries.
Mais ce changement comporte également des risques. En s’appuyant sur leur compétitivité en matière de coûts, les compagnies pétrolières pourraient accroître leur emprise sur le marché, exerçant une pression supplémentaire sur les fabricants nationaux de batteries. Ces derniers pourraient ainsi être confrontés à une concurrence plus intense, risquant de réduire leurs marges et leur capacité d’innovation.
Alors que le secteur du lithium entre dans une nouvelle phase, il reste à voir si cette transformation profitera à l’ensemble de l’écosystème ou si elle renforcera les déséquilibres au sein de la chaîne d’approvisionnement mondiale.