Quand des youtubeurs se glissent dans la peau de facteurs de La Poste

Quand des youtubeurs se glissent dans la peau de facteurs de La Poste


La Poste nouant un partenariat avec des influenceurs ? Il y a encore cinq ans, l’idée aurait pu sembler ubuesque pour cette institution, qui emploie 65 000 facteurs, livrant quotidiennement courriers et colis. « Mais il y a deux ans, plusieurs études ont démontré un glissement de la perception de la qualité du service de La Poste auprès du grand public », indique Eric Delannoy, vice-président et partenaire de gestion de l’agence conseil WNP, qui se voit alors contacté par La Poste, via sa filiale WNP Studio.

Leur premier réflexe est alors d’effectuer une « étude de terrain » en suivant, pendant vingt-quatre heures, le parcours d’un postier dans une région rurale. Le temps de rester interloqué devant le nombre d’obstacles matériels s’interposant entre le postier et les destinataires : nombre impressionnant de personnes n’indiquant pas leur nom sur les boîtes aux lettres, quand celles-ci ne sont pas dissimulées par de hautes haies ; lieux-dits sans numéro ni adresse ; chiens agressifs… La tâche n’a rien d’une sinécure, mais les postiers s’accrochent.

« Au bout de plusieurs tournées, notre diagnostic était simple : les facteurs se décarcassent et les gens n’en ont pas conscience. On pouvait mettre en scène ce décalage à travers une publicité classique, mais La Poste souhaitait toucher aussi une cible plus jeune (18-35 ans) que d’habitude », reprend Eric Delannoy, qui suggère alors de faire appel à des influenceurs.

« Facteurs d’un jour »

D’abord dubitative, Céline Baumann, directrice de la communication de La Poste, prend le pari : « En février 2023, nous avons sélectionné trois méga-influenceurs sur la dizaine présentée par l’agence, qui accompagneraient deux facteurs et une factrice en formant des binômes. » Baptisée « Facteurs d’un jour », l’opération ambitionne de faire « vivre la vie » des facteurs aux influenceurs, qui se filmeraient dans toutes les situations, « avec de la connivence, de l’humour et un sens du spectacle », se souvient Eric Delannoy. Leur mission ? Réaliser du contenu à partir de six à sept heures de reportages mis en boîte.

« Nous les avions sélectionnés sur deux critères : la taille et l’engagement de leur communauté, ainsi que leur capacité à interagir avec de vraies gens », ajoute le vice-président de WNP. Payés 20 000 euros chacun, les trois influenceurs, vêtus d’uniformes de La Poste, arrivent avec leurs équipes et ont carte blanche pour aller et venir. A charge pour eux de scénariser, filmer et monter leurs vidéos en suivant le brief fourni par WNP Studio, qui a le dernier mot sur la production.

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