L’histoire de Linux est parsemée de succès et d’échecs. D’innombrables projets open source naissent et meurent au fil du temps. Pour autant, ça ne signifie pas qu’ils ne peuvent pas renaître ailleurs.
Le rachat de Solaris par Oracle, qui l’a rebaptisé Oracle Solaris, est une bonne illustration de ce phénomène. Compte tenu de l’historique de la société avec les projets open source, une grande partie de la communauté refuse de travailler avec elle, ou même d’utiliser les produits développés et maintenus par elle.
Quand Solaris cesse d’être open source, la plupart des membres de sa communauté abandonnent alors le système d’exploitation. Entre alors en scène OpenIndiana, un OS créé à l’origine par une petite équipe (dirigée par Alasdair Lumsden), qui est désormais sous la tutelle de la Fondation illumos.
Découvrez OpenIndiana sur le site officiel
L’objectif d’OpenIndiana est de devenir LE système d’exploitation pour les serveurs de production. Il vise les entreprises qui ont besoin de mises à jour de sécurité régulières et de corrections de bugs.
D’où vient OpenIndiana ?
Récemment, l’équipe de développement a publié la dernière version d’OpenIndiana. On retrouve parmi les fonctionnalités de l’OS :
- le support initial pour monter les médias d’installation NFS ;
- la mise à jour des pilotes Nvidia ;
- LibreOffice, qui a été mis à jour vers la version 7.2.7 et est maintenant une application 64 bits ;
- Firefox et Thunderbird, mis à jour vers les dernières versions ESR ;
- le bureau Mate, mis à jour à la version 1.26 ;
- les anciennes versions de Perl, qui ont été remplacées par 5.34 et 5.36 ;
- Python 2.7, qui a été supprimé et remplacé par 3.9 ;
- Gcc-10 et gcc-11, qui sont maintenant tous deux inclus ;
- Clang, qui utilise maintenant la version 13 par défaut.
La grande question est : OpenIndiana est-elle une solution viable ? C’est ce que nous allons voir.
Premières impressions
Tout d’abord, l’installation d’OpenIndiana est vraiment très simple, grâce à illumos. C’est l’affaire de quelques clics.
Pour être honnête, cela fait plus de 10 ans que je n’ai pas installé Solaris, et mes premières expériences avec l’OS se sont parfois révélées frustrantes. L’assistant d’installation illumos est donc une véritable bouffée d’air frais.
Une fois l’installation terminée, il suffit de redémarrer et de se connecter au bureau Mate. L’environnement de bureau d’OpenIndiana n’est pas exactement son fort. Il n’est pas aussi laid que le bureau CDE, mais il est certainement loin d’être moderne. Néanmoins, il s’agit d’un système d’exploitation pour serveur, le bureau doit donc simplement être fonctionnel.
Image : Jack Wallen.
Installation de logiciels
Ensuite vient la problématique de l’installation des logiciels. L’une des premières choses à vérifier, lorsque vous installez un nouveau système d’exploitation, est comment on installe des paquets. De nos jours, je m’attends toujours à trouver une interface graphique. Pas sur OpenIndiana. L’OS demande d’utiliser un outil en ligne de commande et le processus n’est pas aussi fluide que je l’aurais espéré.
OpenIndiana utilise le gestionnaire de paquets pkg. J’ai donc ouvert une fenêtre de terminal et j’ai essayé d’installer LibreOffice avec la commande :
sudo pkg install libreoffice
Le problème est qu’OpenIndiana n’utilise pas sudo, donc les utilisateurs standards ne peuvent pas installer de logiciels. Pour installer un logiciel, j’ai dû le faire à l’ancienne et basculer en root avec la commande :
su
Avec ça, l’installation s’est déroulée sans problème. Mais l’installation de logiciels sur OpenIndiana peut être un processus lent. Il faut aussi connaître exactement le nom du logiciel que vous voulez installer. Par exemple, pour installer un serveur MySQL, j’ai d’abord dû rechercher le nom avec :
pkg search -p mysql
Parmi les résultats, l’élément suivant a été listé :
pkg:/database/mysql-common@0.5.11-2021.0.0.0
C’est un paquet obsolète, mais il peut tout de même être installé. Pour installer ce paquet, la commande est la suivante :
pkg install pkg:/database/mysql-common@0.5.11-2021.0.0.0
Ce n’est pas aussi simple que sudo apt-get install mysql-server -y, mais ça fait l’affaire.
Une courbe d’apprentissage raide
Comme ces premiers soucis le montrent, OpenIndiana présente une courbe d’apprentissage assez raide, même pour des personnes qui utilisent Linux depuis un certain temps.
Le système d’exploitation embarque tout de même des fonctionnalités comme :
- un système de fichiers et un gestionnaire de volumes ZFS ;
- le Dynamic Tracing Framework (pour le dépannage des problèmes du noyau) ;
- la virtualisation du réseau Crossbow et le contrôle des ressources ;
- la fonctionnalité de Service Management Facility pour la gestion des services ;
- un outil de gestion des pannes ;
- le TARget SCSI multiprotocole ;
- la virtualisation du noyau ;
- des options de snapshots et de rollbacks ;
- un contrôle d’accès basé sur les rôles ;
- le multipathing des réseaux IP ;
- le Data Link Multipathing ;
- une interface graphique pour la création d’instantanés ZFS.
Avec ces ajouts, l’OS basé sur Solaris gagne en utilité et en intérêt. Si vous êtes prêt à gravir la courbe d’apprentissage abrupte (ou si vous étiez un utilisateur d’OpenSolaris à l’époque), OpenIndiana est une option intéressante pour vos serveurs.
Mais avant de vous lancer dans un déploiement sur un environnement de production, il serait préférable de vous familiariser avec OpenIndiana sur une machine virtuelle. Une fois que vous l’aurez pris en main, vous pourrez le déployer sur une machine de production et voir comment les choses se passent.
Je ne peux pas affirmer que je remplacerai Ubuntu Server par OpenIndiana pour le moment. Mais si je rencontre un problème avec Ubuntu ou Rocky Linux, je garderais certainement ce système d’exploitation sous le coude.
Source : ZDNet.com
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