Une société canadienne a ouvert le capot du dernier PC de Huawei lancé en mai dernier, le MateBook Fold. Elle y a trouvé des semi-conducteurs de 7 nanomètres fabriqués par l’entreprise chinoise SMIC, les mêmes puces utilisées deux ans plus tôt par le champion chinois des télécommunications.
La Chine n’aurait pour l’instant pas réussi à franchir la grande muraille des sept nanomètres : selon un article de Bloomberg du lundi 23 juin, Pékin, malgré ses investissements monstres et ses alternatives, n’aurait toujours pas réussi à graver, à échelle industrielle, des puces électroniques en cinq nanomètres, voire moins. C’est la conclusion d’une société canadienne qui a ouvert le capot du dernier ordinateur portable d’Huawei, lancé en mai dernier.
Le cabinet d’études TechInsights estime que le champion chinois des nouvelles technologies a utilisé des semi-conducteurs de sept nanomètres pour son PC pliant, le MateBook Fold – soit les mêmes que ceux intégrés deux ans plus tôt dans son smartphone haut de gamme, le Mate 60 Pro.
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Un signe que Huawei, qui s’approvisionne chez l’entreprise locale SMIC, Semiconductor Manufacturing International Corp, n’a pas eu accès à des semi-conducteurs de dernière génération comme les puces gravées en cinq nanomètres, estime cette société. En 2023, la présence de ces puces électroniques de sept nanomètres dans les appareils du géant chinois des télécommunications, provenant de SMIC, avait surpris de nombreux spécialistes.
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Le Graal de la gravure à 5 nm, à échelle industrielle
Mais depuis, la Chine ne serait pas parvenue à faire mieux, même si l’année dernière, le pays avait laissé entendre qu’il en était déjà à graver les semi-conducteurs en cinq nanomètres.
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À titre de comparaison, TSMC, le leader mondial taïwanais du marché, devrait lancer la production industrielle des puces de deux nanomètres cette année – ce qui constituerait une avancée de trois générations de plus, expliquent nos confrères.
Selon un communiqué de TechInsights, cité par le média financier, « cela signifie probablement que SMIC n’a pas encore atteint un (niveau) équivalent à cinq nanomètres, qui peut être produit à grande échelle ». Et pour le cabinet de technologie, l’explication est toute trouvée : les restrictions aux exportations, imposées par les États-Unis et leurs pays alliés depuis octobre 2022, ont bien un impact sur la capacité de SMIC à rattraper ses concurrents. Et ce serait particulièrement le cas pour la fabrication de puces de dernières générations destinées au cloud et à l’intelligence artificielle.
Huawei reconnait un retard « d’une génération »
De quoi marquer à revers pour Pékin qui cherche, depuis des années, à « sortir l’industrie chinoise de la misère » et à produire lui-même les puces électroniques, ces composants indispensables à la fabrication de nos smartphones et des outils d’IA. Les États-Unis, sur fond de rivalité technologique, ont en effet mis en place, depuis octobre 2022, des contrôles aux exportations limitant drastiquement la vente de semi-conducteurs fabriqués par des sociétés américaines ou par des pays alliés, aux entreprises chinoises. Joe Biden puis Donald Trump ont continué à durcir les règles en la matière, coupant net l’approvisionnement de machines de fabrication de puces.
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Et si les efforts de la Chine ont permis aux entreprises locales de fabriquer des puces de 7 nm, les contrôles aux exportations américains auraient bel et bien eu l’effet escompté. Ren Zhengfei, à la tête du géant des télécommunications et des semi-conducteurs Huawei, a reconnu dans une interview publiée mardi 10 juin par le média d’État chinois People’s Daily (le Quotidien du peuple) et traduite par Global Times, que sa puce électronique Ascend, qui concurrence les semi-conducteurs de l’entreprise américaine Nvidia, « est toujours en retard d’une génération par rapport aux États-Unis ».
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Ce retard serait d’autant plus accentué que Huawei ne pourrait pas produire suffisamment de puces Ascend pour répondre à la demande des entreprises chinoises, a laissé entendre Jeffrey Kessler, le sous-secrétaire américain au Commerce, qui s’exprimait lors d’une audition devant le Congrès au début du mois. Selon le responsable politique américain, Huawei ne pourrait fabriquer cette année que 200 000 puces Ascend AI en raison des sanctions américaines – un chiffre qui n’a cependant pas été confirmé par la principale intéressée.
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