A tout malheur, quelque chose est bon. Le retour au pouvoir de Donald Trump, et les menaces qu’il fait planer sur le monde de la tech, semble provoquer, de ce côté-ci de l’Atlantique, un regain d’intérêt pour les offres de cloud de confiance.
Nos champions nationaux disposent en tout cas d’une fenêtre de tir pour se développer alors que les hyperscalers américains – AWS, Azure et Google Cloud – accaparent 80 % de parts de marché français du cloud public selon l’Autorité de la concurrence.
« Dans le contexte géopolitique actuel, nous constatons un changement dans les préoccupations des entreprises privées et des organisations publiques en Europe, observe Benjamin Revcolevschi, directeur général d’OVHcloud depuis octobre dernier. Les questions d’autonomie stratégique sont désormais à l’agenda des CEO. Le choix du fournisseur de cloud n’est plus seulement une question technique mais également un enjeu stratégique. »
Deux offres qualifiées SecNumCloud
Cet enjeu de souveraineté se traduit dans les chiffres. Sur le premier semestre de l’exercice 2025, OVHcloud a enregistré un chiffre d’affaires de 536 millions d’euros, en hausse de 10,2 %. Le leader européen du cloud réalise l’essentiel de ses revenus – 334,2 millions d’euros, en croissance de 10,5 % – sur la partie cloud privé. Après avoir certifié son service Hosted Private Cloud en 2021, il a décroché, fin mars, la qualification SecNumCloud 3.2 pour l’offre d’hébergement sur les serveurs bare metal (Bare Metal Pod).
A terme, le cloud provider prévoit de faire certifier SecNumCloud – le référentiel de l’Anssi qui atteste du plus en haut niveau de protection des données -, l’ensemble de son catalogue, y compris son offre de cloud public. OVHcloud tire près de 20 % de ses revenus de cette dernière avec un chiffre d’affaires de 103,8 millions, en hausse de 17,4 %. Une demande tirée, explique-t-il, par l’engouement autour de l’intelligence artificielle et des programmes de fidélité (Savings Plans).
Plus restreint avec 98 millions d’euros engrangés sur ce premier semestre, le segment dit Webcloud – noms de domaine, hébergements web, VoIP, messagerie et solutions collaboratives – connaît une croissance plus modérée de 2,8 %, avec toutefois un pic à 6,3 % pour l’activité historique d’OVHcloud dans la connectivité et la téléphonie.
Le poids de la dette
Si OVHcloud profite de l’engouement autour de l’enjeu souveraineté, il n’est pas le seul. D’autres « cloudeurs » comme Outscale (Dassault Systèmes) et Cloud Temple ont, eux aussi, obtenu le précieux sésame SecNumCloud en attendant Scaleway (Iliad), NumSpot, Bleu, S3NS, Orange Business, SFR Business ou Free Pro qui ont entamé une démarche de certification auprès de l’Anssi.
Par ailleurs, le groupe originaire de Roubaix n’entend pas se restreindre au marché franco-français. Il rappelle qu’il réalise 52 % de son chiffres d’affaires hors de France, dont 29 % dans les autres pays européens et donc 23 % dans le reste du monde.
L’Europe centrale est particulièrement dynamique, OVHcloud y a récemment signé un contrat avec la banque allemande Commerzbank Group. Hors du Vieux-Continent, la croissance est particulièrement soutenue (15,4 %) aux Etats-Unis et en Asie Pacifique.
La profitabilité est au rendez-vous. L’Ebitda (bénéfice avant intérêts, impôts et amortissements) s’élève 214,6 millions d’euros, soit une marge de 40 %, en hausse de 2,2 points. Si OVHcloud enregistre un résultat net de 7,2 millions d’euros contre une perte nette de 17,2 millions d’euros un an plus tôt, le poids de la dette pèse. L’endettement financier net consolidé monte à un peu plus d’un milliard d’euros à fin février contre 667,2 millions fin août 2024.