Création du duo Murphy/Falchuk, Scream queens est une série d’horreur en deux saisons qui suit les mésaventures sanglantes d’une insupportable gosse de riches.
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Plus qu’une série d’horreur, Scream queens est une comédie horrifique. Il y a des scènes plus ou moins gores et sanglantes, mais elles ne sont absolument pas effrayantes. On rigole plus qu’on ne frissonne – et c’est parfaitement assumé par les créateurs. On retrouve les acteurs de la franchise AHS, dont Emma Roberts.
Quand on lit la biographie de cette dernière, on peut être tenté de hurler au népotisme. En réalité, elle a un vrai talent d’actrice, supérieur à celui de sa tante. Le propos peut sonner comme un parti pris, mais le lecteur ne sera pas surpris. Le Zapping décrypté est plus adepte des films d’horreur que des comédies romantiques. Et disons-le : on adore voir Emma Roberts interpréter une « méchante ». Sans aller jusqu’à dire qu’elle n’est pas crédible en gentille fille, elle est moins intéressante quand elle joue la « girl next door » que lorsqu’elle exploite son répertoire de garce.
Emma Roberts campe le rôle de Chanel Oberlin, une gamine insupportable et imbuvable, présidente de sa sororité. Comme tout bon dictateur, elle martyrise ses « sœurs » et sort avec le président d’une confrérie. Malheureusement, les cadavres se multiplient autour d’elle : elle tombe dans le viseur de la doyenne du campus, Cathy Munsch, incarnée par Jamie Lee Curtis. Oubliez tout ce que vous savez sur elle : son personnage est aux antipodes de ceux précédemment incarnés dans les films d’horreur.
Scream queens est la rencontre de deux « Scream queens » justement, de générations différentes. Si on avait déjà vu Emma Roberts interpréter des rôles de peste – pour rester polie – c’est différent pour Jamie Lee Curtis. Vous serez agréablement surpris par sa performance. On retrouve également Billie Lourd, dans un personnage totalement halluciné et hallucinant, assez loin de ce qu’elle avait fait dans AHS. Là encore, c’est la marque d’une grande actrice. Quant aux personnages masculins, ils sont gentils, mais sans intérêt. Non pas en raison des acteurs, mais parce que le scénario en fait des accessoires tout mignons. Ils sont comme des bibelots : ils font jolis sur l’étagère, mais, s’ils disparaissaient, cela ne changerait pas fondamentalement le décor.
Clin d’œil à Scream 4
Dans Scream 4, Jill Roberts – jouée par Emma Roberts – dit qu’elle veut des fans. Chanel Oberlin a des fans. Et quand on connaît bien la saga Scream et qu’on décortique Screen queens, on voit une continuité. Mais cette volonté d’avoir des fans est poussée jusqu’à la satire sociale.
Un exemple : Chanel Oberlin fait une opération sur les réseaux sociaux pour Halloween. Elle n’envoie pas de bonbons, mais des cadeaux d’un genre très particulier. En un mot, elle envoie des ordures et va à la rencontre de ses fans au moment de la réception des cadeaux. Fans qui sont évidemment ravis des cadeaux et de la présence de leur idole.
De prime abord, on peut trouver que c’est tiré par les cheveux. Que les internautes, même accros aux réseaux sociaux, ne sont pas dénués d’amour propre à ce point-là. Puis,on ouvre Twitter et on voit les hashtags qui circulent en TT France : Hanouna, Poupette Kenza et tous les autres trépanés issus de la téléréalité, du divertissement ou des réseaux sociaux.
Chanel Oberlin fait exactement la même chose que les influenceurs : elle les prend pour des idiots. Quand on voit ce que les internautes sont prêts à accepter ou à croire ou à acheter quand ça vient d’un influenceur, on admettra que faire le parti de l’intelligence collective devient très compliqué.
Morts jubilatoires
Certaines mises à mort sont particulièrement satisfaisantes. Ainsi, quand Sonya se fait tuer par le Diable rouge, on ne peut pas s’empêcher de pousser un ouf de soulagement. On en vient presque à vouloir l’invoquer pour qu’il la dégage. Ou à chercher les spoilers de la série pour savoir quand on sera enfin débarrassé de tel ou tel personnage.
Dans le cas de Sonya, la scène est particulièrement cocasse : pendant que le Diable rouge l’achève, elle prend le temps d’envoyer un tweet. Si vous pensez que c’est tiré par les cheveux, souvenez-vous que durant les accidents, les agressions et autres, la mode actuelle consiste à filmer et diffuser en direct plutôt que d’appeler les secours.
L’intrigue de Scream queens est globalement farfelue, avec des situations très caricaturales, mais c’est un style assumé par les créateurs. Le but n’est pas de faire peur avec des situations réalistes, mais de faire rire avec des scènes absurdes.
On est dans le même esprit que la série Chucky, où on rigole plus qu’on ne frissonne de terreur (en particulier dans la saison 2). Cela fonctionne, mais les vrais amateurs de films d’horreur risquent de se sentir frustrés. Contrairement à AHS ou Abuela ou d’autres productions d’horreur, on n’a pas peur et il n’y a pas cette ambiance malsaine, propre aux films d’horreur, qui peut nous faire sursauter au moindre bruit dans une maison. Cette angoisse lancinante, qui monte progressivement, n’existe pas dans Scream queens. L’horreur est un accessoire à la série, et non le personnage principal. Néanmoins, cela reste un très bon divertissement, qui a l’avantage d’être accessible à ceux qui ne sont pas dingues de films d’horreur.
Scream queens est disponible sur Disney+.
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