Sur neuf seuils écologiques définis comme permettant de préserver la vie sur Terre et ses ressources dans les conditions de ces 10 000 dernières années mais pouvant être impactés par l’activité humaine, six sont déjà sortis de leur palier de sécurité pour se diriger vers des zone à haut risque ou même à très haut risque ces dernières années.
Trois de ces limites planétaires avaient été franchies dans les années 2010 : changement climatique avec hausse de la concentration de CO2 dans l’atmosphère, perturbation des cycles de l’azote et du phosphore et affaiblissement rapide de la biodiversité.
Dans une révision des données datant de 2015, trois autres limites de ce modèle censé caractériser le bien-être de la planète afin d’y préserver durablement la vie ont été franchies avec la transformation des sols associée à une déforestation massive, la raréfaction de l’eau douce et la pollution par des produits chimiques de synthèse comme les plastiques.
Deux nouvelles limites en passe de craquer
Dans une nouvelle mise à jour du modèle, une équipe de chercheurs observe que ces dépassements de seuil se sont encore aggravés depuis et contribuent à des effets d’emballement entre eux.
Par ailleurs, deux autres limites sont sur le point d’être dépassées : l’acidification des océans (qui freine la capture de CO2 atmosphérique) et l’augmentation des particules fines dans l’atmosphère.
9 limites planétaires : 6 seuils dépassés, 2 bientôt, 1 qui résiste
Le dernier seuil identifié, celui de l’étendue de la couche d’ozone, reste le seul à tenir encore dans les limites prévues, notamment grâce à l’interdiction des chlorofluorocarbures (CFC) permettant sa reconstitution progressive.
Le tableau est sombre et les chercheurs relèvent que « nous avançons toujours dans la mauvaise direction » avec un risque de perte de la stabilité générale de l’environnement terrestre.
En route vers l’inconnu
Ces limites ne sont toutefois pas un couperet définitif. Elles indiquent seulement un risque plus élevé de dysfonctionnement de cycles naturels avec le danger d’effets en cascade pénalisant la vie sur Terre.
En somme, elles signalent l’entrée de la Terre sur un chemin inconnu, hors des cycles de régulation habituels perturbés par l’anthropocène (ère de la civilisation humaine).
Ces seuils peuvent s’accroître ou se réduire (mais plus le curseur est poussé loin et plus il sera difficile de revenir en arrière) en fonction de nos actions, comme limiter la quantité de déchets rejetés dans l’environnement, limiter la destruction de la biomasse ou réduire le prélèvement des ressources naturelles.
Encore faut-il le vouloir et le mettre en place à grande échelle. Or, actuellement, le « système Terre » est fortement malmené et ses équilibres sont chamboulés, menant vers des conséquences encore difficiles à évaluer mais de moins en moins propices à la vie, indiquent les chercheurs qui veulent voir dans ces limites planétaires un électrochoc pour l’humanité sur les risques de quitter des zones de stabilité à l’oeuvre depuis des millions d’années.