Suicides chez France Telecom, l’ex-PDG définitivement condamné

Suicides chez France Telecom, l’ex-PDG définitivement condamné


Le dossier de la crise dite des suicides qui avait durablement ébranlé France Telecom, devenue Orange, est définitivement clos. Ce mardi 21 janvier, la Cour de cassation a rejeté les pourvois de l’ex-PDG de l’opérateur télécom, Didier Lombard, et de son numéro 2, Louis-Pierre Wenès.

Ce jugement rend définitif leur condamnation par la Cour d’appel de Paris à un an de prison avec sursis et 15 000 euros d’amende.

Les deux anciens dirigeants étaient poursuivis pour « harcèlement moral institutionnel », c’est-à-dire « un harcèlement qui résulte d’une politique d’entreprise conduisant, en toute connaissance de cause, à la dégradation des conditions de travail des salariés. »

« Par la porte ou par la fenêtre »

Suite à la privation France Télécom, en 2004, la direction de l’époque avait mis en place deux plans de restructuration consécutifs, baptisé « Next » et « Act ». Pour transformer le modèle économique de l’opérateur et le désendetter, ils prévoyaient la suppression de 22 000 postes et 14 000 cas de mobilité sur un effectif de quelque 120 000 collaborateurs.

Pour accélérer les départs « volontaires », un système de management toxique avec été mis en place entraînant une forte dégradation des conditions de travail. Lors d’un séminaire de cadres en octobre 2006, Didier Lombard, avait eu cette phrase terrible : « Je ferai les départs d’une façon ou d’une autre, par la fenêtre ou par la porte.»

L’instruction a retenu 39 personnes en qualité de victimes de harcèlement, dont 23 avaient plus de 50 ans. 19 d’entre elles se sont donné la mort entre 2007 et 2010. Avant de se suicider en juillet 2019, Michel Deparis, cadre technique, reconnu pour ses compétences et sa conscience professionnelle, avant mis directement en cause France Télécom dans une lettre d’adieu.

Suite à cette crise, France Télécom était devenue le symbole de la souffrance au travail. La nouvelle direction menée par Stéphane Richard avait dû panser les plaies d’une organisation durablement meurtrie. Le suicide d’un salarié avait notamment classé en accident du travail.

Une jurisprudence pour prévenir de nouveaux drames

Pour la CFDT, la décision de la Cour de cassation est une véritable victoire pour toutes les victimes et leurs familles. « C’est une étape cruciale dans la reconnaissance des souffrances endurées par les salariés et la dégradation des conditions de travail subies lors de la mise en œuvre dès 2007 d’une politique « jusqu’au-boutiste » de réduction des effectifs. »

Appelant à faire de la prévention des risques psychosociaux une priorité, le syndicat estime que « la santé mentale des salariés ne doit jamais être sacrifiée sur l’autel de la rentabilité ».

« Le harcèlement moral institutionnel doit être dénoncé, traqué et puni » et il espère que cette décision « serve de catalyseur pour un changement profond dans la gestion des ressources humaines. »

« Le retour de méthodes sociales violentes »

Se félicitant elle aussi du rejet du pourvoi des anciens dirigeants, la CFE-CGC Orange « regrette la légèreté des sanctions face aux vies de nos collègues disparus. » Elle « remercie Stéphane Richard d’avoir su réconcilier l’entreprise » tout en alertant « sur le retour de méthodes sociales violentes de la part des nouveaux dirigeants qui organisent plans sociaux sur plans sociaux au nom de la rentabilité court-termiste qui méprise une nouvelle fois la richesse de notre entreprise : ses personnels. »

Faisant allusion à une série de suicides que connait Orange depuis de deux ans, la CFE-CGC Orange « met en garde la direction actuelle dont les méthodes ressemblent à celles de cette triste période et lui demande instamment de changer sa façon de manager. »

Le syndicat note qu’un suicide, intervenu chez Orange Business, a été requalifié en accident du travail. Une première depuis 13 ans.

Crédit photo : licence Creative Commons



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