Suno et Udio, des services de génération de musique par IA, poursuivis en justice pour violation de droits d’auteur

Suno et Udio, des services de génération de musique par IA, poursuivis en justice pour violation de droits d’auteur


Le temps se gâte pour les start-up de génération de musique par IA. Deux des services les plus remarqués pourraient bientôt affronter un procès intenté par la Recording Industry Association of America (RIAA), le syndicat américain des éditeurs de musique, qui, dans un communiqué paru le lundi 24 juin, accuse ces start-up de voler le travail d’artistes.

Une première plainte a été déposée à cette date auprès du tribunal de New York par Sony Music, Universal Music Group et Warner Records contre Uncharted Labs, le développeur du service musical Udio AI, qui a levé 10 millions de dollars en avril, une seconde auprès du tribunal de Boston contre Suno AI, qui a levé 125 millions de dollars en mai. Dans son argumentaire, la RIAA les accuse de causer « un tort irréparable aux artistes et aux labels ». Elle avertit que les services de musique par IA « pourraient saturer le marché avec des contenus qui concurrenceraient directement les vrais enregistrements sonores sur lesquels ils sont basés, aboutissant à leur appauvrissement, puis à leur noyade ».

Les services comme Udio ou Suno permettent de générer une chanson sur la base d’une simple consigne textuelle telle que « un titre d’électropop pour l’été ». En moins d’une minute, ils produisent un titre, généralement crédible, parfois plaisant, et pouvant présenter de fortes ressemblances avec des œuvres humaines, selon la RIAA. Le syndicat fournit plusieurs exemples, dont American Idiot, un titre de Green Day, et All I Want for Christmas Is You, une chanson de Mariah Carey.

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Ressemblance troublante

Une ressemblance dont se défend le PDG de Suno, Mikey Shulman, cité par l’agence de presse Bloomberg, pour qui cette technologie est « conçue pour générer des contenus complètement nouveaux, pas pour mémoriser et régurgiter des contenus préexistants ».

Dans un document joint à son communiqué, la RIAA détaille les consignes qui lui ont permis de fabriquer sept titres ressemblant à des musiques existantes. Quatre mentionnent uniquement un genre musical, trois citent un nom d’artiste. Jerry Lee Lewis est mentionné en toutes lettres, les deux autres sont cités avec des formulations détournées comme « m a r i a h c a r e y », visant à contourner les protections mises en œuvre par ces services pour empêcher l’imitation directe d’artistes.

Dans sa plainte, la RIAA accuse Suno et Udio d’avoir entraîné leur IA sur des millions de chansons d’artistes n’ayant pas donné leur accord, soit « des décennies d’enregistrements sonores parmi les plus populaires au monde ». Suno et Udio ont refusé de préciser à Bloomberg la source des chansons utilisées pour entraîner leurs IA – le PDG d’Udio, David Sing, a cependant précisé utiliser des titres trouvés sur Internet, « sélectionnés de façon aussi large que possible, pour représenter toutes les traditions musicales ».

La RIAA demande jusqu’à 150 000 dollars par œuvre dont les droits d’auteur ont été violés, ce qui pourrait amener la facture à des milliards de dollars. Le tribunal sera appelé à trancher une question juridique fondamentale : la loi américaine du Fair Use (« utilisation équitable ») autorise-t-elle les services de génération par IA à collecter de larges catalogues musicaux sous copyright ?

Dans sa plainte, la RIAA admet que le Fair Use autorise « l’utilisation sans licence d’œuvres protégées par le droit d’auteur dans des circonstances limitées », mais argue que ces services « proposent de la musique imitative générée par une machine », ne permettant pas aux humains d’exprimer leur créativité.

En avril, des centaines des musiciens, dont Billie Eilish et Norah Jones, ont signé une lettre ouverte demandant aux développeurs de tels services de cesser d’utiliser leurs œuvres. Aujourd’hui, le directeur général de Suno explique à Bloomberg qu’il réfléchit à une manière d’indemniser les musiciens pour leur travail, mais que « pour l’heure, il n’y a simplement pas de bonne solution pour le faire ».

Le Monde avec Bloomberg

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