Il ne suffit pas de disposer d’un océan d’eau liquide sous une surface gelée pour en faire un habitat d’une vie extraterrestre. La lune Titan de Saturne fait partie des candidates potentielles pour une exploration plus poussée en quête de formes de vie éventuelles du fait de son imposant océan liquide caché sous une croûte de glace.
Ses caractéristiques en ont fait aux yeux des scientifiques une cible préférentielle pour de futures missions spatiales. Un projet de la NASA doit notamment faire intervenir un drone volant autonome Dragonfly pour évoluer à sa surface tourmentée où règnent des températures de -179 degrés Celsius dans quelques années.
Pourtant, Titan, aussi séduisante soit-elle avec son océan grand comme 12 fois les océans de la Terre combinés, ne sera peut-être pas le havre de vie non terrestre espéré.
Problème de flux des composants organiques
De nouvelles modélisations réalisées par une équipe de scientifiques relève que les conditions ne sont pas forcément réunies pour permettre l’émergence de la vie. Il faudrait pour cela que les molécules organiques, précurseurs des briques de la vie, formées en surface ou acheminées par des météorites, puissent atteindre les profondeurs liquides de Titan et s’y concentrer et se combiner.
Hors, de puissants et réguliers impacts de corps célestes à sa surface seraient nécessaires pour pouvoir faire fondre la croûte glacée et permettre à ces éléments de se glisser dans la phase liquide de la planète.
Selon la modélisation, le rythme des impacts nécessaires à cet ensemencement n’est pas suffisant sur cette lune de Saturne pour permettre aux composants organiques de surface d’aboutir dans l’océan caché, du moins au-delà d’un très léger saupoudrage.
Pour les chercheurs, « il n’y a pas assez d’éléments organiques migrant vers l’océan de Titan pour générer de la vie là-bas« . Sur d’autres lunes, comme Europe, autre lune prometteuse mais du côté de Jupiter, les conditions sont similaires mais avec un élément supplémentaire : des sources hydrothermales partant du socle rocheux interne et finissant en geysers visibles à la surface.
Ces sources peuvent générer des réactions chimiques complexes en apportant l’énergie nécessaire tandis que les geysers créent des points d’entrée pour les molécules organiques de surface, ce qui en fait une candidate finalement beaucoup plus intéressante pour espérer trouver de la vie.
En apprendre plus sur la chimie pré-biotique
La formation de vie extraterrestre au sein de Titan n’est pas totalement exclue mais il reste à imaginer comment pourraient se former des acides aminés en quantité suffisante dans ce monde presque clos.
La mission Dragonfly reste donc d’actualité, avec un lancement potentiel en 2028 et une arrivée sur Titan en 2034 pour collecter des échantillons et réaliser des analyses sur place.
Les sites d’impact seront particulièrement intéressants pour vérifier dans quelle mesure la formation de composés organiques peut se réaliser dans les cratères de glace fondue et comment ils gèlent ensuite et rejoignent l’océan interne. Dans tous les cas, cela apportera de précieuses informations sur chimie pré-biotique et les conditions d’apparition de la vie, sur Terre et éventuellement ailleurs.