La caméra du téléphone s’allume. Lucie Coudurier-Curveur, 18 ans, prend le temps de caler son portable, la main tremblante. Assise sur le canapé de la maison familiale, elle se prend la tête entre les mains. « J’espère que je ne serai pas refusée », glisse-t-elle à l’attention de sa mère et de sa sœur. Dans quelques secondes, ce 30 mai, elle connaîtra ses résultats sur Parcoursup, la plate-forme d’orientation vers l’enseignement supérieur.
Son visage se ferme. Le site affiche qu’elle n’a aucune proposition d’admission. Les yeux rivés à l’écran de l’ordinateur, elle fait glisser le curseur de sa souris vers ses vœux en liste d’attente puis les découvre enfin. Lucie sursaute, son téléphone tombe et l’on entend alors les clameurs de toute sa famille. La seconde d’après, le téléphone est de nouveau droit, Lucie est dans les bras de sa mère. Elle est 10e sur la liste d’attente du BTS photographie qu’elle convoite.
Dimanche 9 juin au matin, elle a reçu la bonne nouvelle : elle sera bel et bien étudiante du BTS Photographie à la rentrée prochaine après une mise à jour de la liste d’attente. La vidéo de sa joie postée sur le réseau social Tiktok a rassemblé plus de 600 000 vues. « J’ai reçu beaucoup de messages de félicitations, d’autres qui me disaient qu’ils n’avaient pas eu le choix qu’ils voulaient. Je n’arrivais pas à répondre à tout le monde », explique la jeune femme.
Après les résultats de Parcoursup le 30 mai, ceux de Mon master le 4 juin puis ceux du concours de recrutement de professeurs des écoles dans la foulée, de nombreuses vidéos de jeunes découvrant leurs résultats, tantôt fous de joie, tantôt tristes, ont déferlé sur les réseaux sociaux. Certaines vidéos ont cumulé des millions de vues et des milliers de réactions. « Je m’étais déjà filmée pour le résultat de mon brevet, puis pour celui de mon bac de français. Ça m’a paru logique de continuer pour Parcoursup », indique Lucie, qui a d’ores et déjà prévu de faire la même chose pour les résultats du bac, le 8 juillet.
Une tendance venue des Etats-Unis
C’est de l’autre côté de l’océan Atlantique que cette tendance est née. Depuis quelques années, les lycéens américains ont pris l’habitude de se filmer lors du fameux « Ivy League Day » où sont dévoilées les admissions des universités privées les plus prestigieuses du pays. Sur Tiktok, les hashtags concernant ces vidéos rassemblent des dizaines de millions de vues. « Le fait de se filmer dans des moments importants, sans forcément le diffuser après, devient une habitude à l’heure du numérique », analyse Claire Balleys, sociologue à l’université de Genève, spécialiste de la jeunesse et des pratiques numériques.
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