sur TikTok, les ados propagent la folie du « quoicoubeh »

sur TikTok, les ados propagent la folie du « quoicoubeh »


Si vous avez des enfants ou des ados à la maison, il y a peu de chance que vous ayez échappé à la folie du « quoicoubeh ». Quoicoubeh, quèsaco ? Dans ce jeu de langage, quelqu’un se met tout d’abord à vous parler de manière pas très audible, marmonnant en fin de phrase des propos volontairement inintelligibles du type : « T’as les cramptés ? » Le but de la manœuvre est de vous inciter à demander une précision : « Quoi ? » Une fois que vous avez eu le malheur d’utiliser ce pronom interrogatif, le piège se referme sur vous et votre interlocuteur, comme s’il avait réussi à vous faire un croche-pied lexical, répond en exultant : « Quoicoubeh !!! »

Si le terme en lui-même ne signifie rien, l’échange dialogique dans son ensemble se résume plus ou moins à : tu t’es bien fait avoir. Il existe des variantes, adaptées à vos réactions possibles. Si vous répondez : « Hein ? », votre interlocuteur enchaînera alors par : « Heinpayaye », ce qui, là non plus, ne veut rien dire. Ce jeu de langage étrange aurait pour inventeur Camsko La Vache, un tiktokeur de 22 ans aux 350 000 abonnés, dont les répliques onomatopéiques circulent depuis quelques mois sur les réseaux. Dans une vidéo, on le voit d’ailleurs piéger sa propre mère avec un quoicoubeh, alors que celle-ci vide les restes du repas à la poubelle. « T’as que ça à faire de ta vie, mon pauvre, c’est malheureux, déplore la maman. A ton âge, tu ferais mieux de chercher du travail. »

La linguiste Julie Neveux, interviewée en mars par le magazine Le Point, voit dans l’usage de cette interjection à la mode le signe d’une « minipulsion nihiliste destinée à semer le chaos dans l’interaction linguistique classique ». Pour un adulte élevé dans l’idée que les mots signifient forcément quelque chose, le quoicoubeh, ânonné à longueur de journée par un ado mort de rire, peut déclencher une certaine panique morale et laisser à penser que le malin génie de TikTok s’est soudain mis à posséder l’esprit de sa progéniture.

Signe de ralliement générationnel

Ce gimmick envahissant témoigne incontestablement de la force épidémique du réseau social chinois. Certes, il y avait bien des modes avant dans les cours d’école, mais elles se diffusaient plus lentement, là où, sautant d’un écran à l’autre, elles prennent désormais aussi vite que des feux de pinèdes. Avant de finir par être prochainement éventé, le quoicoubeh constitue encore une sorte de signe de ralliement générationnel où les plus jeunes s’amusent de ne pas être compris des adultes, de leurs profs, de leurs parents.

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