Des tentatives d’usurpation d’identité des médias russes, qui ne sont désormais plus indiqués comme « médias d’Etat » et, globalement, une certaine confusion : Twitter a supprimé, jeudi 21 avril, les badges bleus « compte vérifié » qui existaient sur la plate-forme depuis 2009, et dont le rôle était de prouver qu’un compte était bien ce qu’il prétendait être.
Ce système de certification, opaque et souvent critiqué, avait le mérite de limiter les tentatives d’usurpation d’identité et d’apporter un peu de clarté sur la plate-forme. Mais, désormais, seuls les souscripteurs à l’abonnement payant Twitter Blue (entre 9,60 euros et 11 euros par mois) peuvent afficher la petite coche bleue sur leur profil.
Profitant de la disparition des badges bleus, plusieurs comptes ont tenté dans la nuit de se faire passer pour des personnalités, comme J. K. Rowling, ou des services publics, comme la Mairie de New York. « N’importe qui peut désormais se faire passer pour moi et écrire n’importe quelle connerie, s’est agacée l’actrice Alyssa Milano. Est-ce que cela veut dire qu’Elon Musk et Twitter sont juridiquement responsables en cas de diffamation ou d’usurpation d’identité ? »
Comme souvent dans les décisions d’Elon Musk depuis qu’il a pris la direction du réseau social, à l’automne, la règle édictée connaît quelques exceptions. L’homme d’affaires a confirmé qu’il avait payé, « de [sa] poche », des abonnements Twitter Blue pour une poignée de célébrités qui n’avaient rien demandé. Parmi les bénéficiaires se trouvent notamment le basketteur Lebron James, mais aussi l’écrivain Stephen King, qui avait été l’un des critiques les plus remarqués du nouveau système Twitter Blue. Le compte du maître de l’horreur affichait toujours un macaron bleu vendredi, et ce même si l’intéressé assure de pas avoir souscrit à un abonnement payant. « Mon compte Twitter dit que j’y ai ajouté un numéro de téléphone. Je ne l’ai pas fait », a également écrit Stephen King. « De rien, namaste », lui a répondu Elon Musk.
Les médias américains privés de badge doré
Mais un autre changement mis en place par Twitter dans la nuit, et qui n’avait pas été annoncé, pourrait avoir davantage de conséquences. Twitter n’a, en effet, pas seulement supprimé les anciens badges bleus : le réseau social a également fait disparaître la mention « média contrôlé par un gouvernement », qui s’affichait jusque-là sur les comptes des grands médias dont la ligne éditoriale est dictée par les autorités, et notamment les médias d’Etat russes comme RT, interdit de diffusion en Europe, ou la télévision d’Etat chinoise CCTV. Cette signalétique existe sur tous les grands réseaux sociaux pour signaler aux utilisateurs que les messages publiés par ces comptes ne sont pas totalement indépendants ou peuvent refléter un positionnement politique.
Au passage, Twitter a également supprimé les mentions « média financé par de l’argent public », au cœur d’une passe d’armes entre le réseau social et plusieurs rédactions, comme la BBC ou NPR, la radio publique américaine, ces dernières semaines.
Au début du mois d’avril, Twitter avait également supprimé le macaron doré indiquant le compte officiel d’une organisation pour les profils de tous les grands médias anglophones. Le New York Times (55 millions d’abonnés) ou Fox News (24 millions d’abonnés) ont ainsi perdu toute certification, quand les comptes du Monde, de la NHK, la radio-télévision publique japonaise, ou du Spiegel allemand ont, par exemple, tous conservé leurs badges dorés. L’entreprise n’a fourni aucune explication sur ces choix, qui semblent, comme souvent dans les décisions d’Elon Musk, à la fois arbitraires et revanchards : le patron de Twitter, de Tesla et de SpaceX est engagé depuis plusieurs mois dans un conflit avec la plupart des grands médias américains, dont le New York Times, qu’il a accusé de publier de la « propagande ».
« C’était une journée extraordinaire à différents niveaux », a écrit, tard dans la nuit de jeudi, Elon Musk sur son compte Twitter. Plus tôt dans la journée, le lancement de Starship, le nouveau modèle de fusée conçu par son entreprise SpaceX, avait réussi sa première phase de lancement. Avant d’exploser en plein vol quatre minutes après le décollage.
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