De rapide passage à Shenzhen, à quelques heures de partir en Amérique latine, la vice-présidente exécutive de BYD Stella Li rappelait la position du constructeur automobile chinois face aux taxes européennes sur les voitures électriques importées. L’entreprise doit ouvrir une usine en Hongrie à la fin de l’année, et investir 20 milliards de dollars sur le Vieux Continent. Un moyen de contourner les taxes en vigueur depuis octobre 2024 et son évolution peu favorable.
Pékin et Bruxelles ont repris les négociations en avril dernier, cinq mois après l’instauration des frais douaniers sur les constructeurs automobiles en Chine, pour évoquer la possibilité d’instaurer un tarif minimum, quel que soit le modèle vendu. Pour la vice-présidente exécutive de BYD, Stella Li, rencontrée le 28 juin 2025 à Shenzhen en Chine, cette évolution de la politique tarifaire « reste problématique ». Qu’il s’agisse d’une taxe de 18,8 % ou d’un prix minimum de 40 000 euros, rien ne convient au constructeur chinois qui continue d’y voir « une injustice pour les consommateurs européens ».
Dans une interview à 01net, Stella Li regrettait que l’Union européenne continue de stigmatiser et punir le constructeur aux 4,3 millions de voitures vendues l’année dernière. « En tant qu’entreprise chinoise et parce que nous travaillons dur et que nous avons beaucoup d’innovations et de nouvelles technologies, nous aurions reçu une subvention spéciale du gouvernement pour atteindre ce résultat. Ce n’est pas le cas, nous sommes une entreprise privée et nous concurrençons tout le monde comme n’importe quelle autre marque ici », ajoutait la responsable.
Négociations autour d’un tarif minimum
Les discussions entre la Chine et l’UE reprenaient en avril dernier, face à la pression du président américain Donald Trump, qui avait déclenché un véritable embargo commercial avec la Chine. Selon Reuters, le commissaire européen au Commerce, Maros Sefcovic, s’était entretenu avec le ministre chinois du Commerce, Wang Wentao, pour se pencher sur la question d’un tarif minimum pour remplacer les frais douaniers instaurés en octobre 2024. Ces négociations se sont poursuivies et seraient aujourd’hui menées par Pékin, qui tenterait de proposer un tarif de 30 000 euros minimum pour tout véhicule, tous segments confondus.
Bruxelles, en réponse, demanderait 40 000 euros en l’échange d’un feu vert pour la levée des sanctions d’octobre. Un compromis pourrait donc être trouvé autour de 35 000 euros. À ce prix, les constructeurs chinois pourraient être libres de proposer leur prix souhaité sur les modèles les plus premium, mais seraient contraints de revoir leur stratégie avec les modèles les moins chers. L’une des solutions serait de privilégier la production des modèles de premiers prix en Europe, et garder les modèles les plus chers à l’importation.
Ce n’est donc pas pour rien que BYD a choisi de lancer sa Dolphin Surf (19 900 euros) dans sa nouvelle usine européenne, plutôt que d’autres modèles moins accessibles, y compris le petit SUV citadin Atto 2. Pas de quoi convaincre Stella Li cela dit, qui s’exclamait à 01net : « ce n’est pas une pratique, parce que vous avez différents segments de voitures, avec différentes gammes, différents prix… C’est très difficile de trancher avec le bon prix. Si ça ne tenait qu’à moi, j’aimerais pouvoir proposer le même prix à chaque pays, mais c’est impossible. L’instauration d’un prix minimum, c’est problématique. »
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« Nous ne sommes qu’une entreprise privée »
Naturellement, la firme de Shenzhen pointait du doigt la motivation même de Bruxelles à punir les marques chinoises. « Nous ne sommes qu’une entreprise privée, nous ne pourrons jamais contrôler la politique en général », répétait la vice-présidente de la marque.
« D’un autre point de vue, si nous investissons dans un pays, une ville, et que nous apportons des emplois et des investissements, sur la base de cette contribution, toutes les villes nous donneront des incitations à cet égard. C’est égal pour chaque pays ». Stella Li ajoutait que « la politique de BYD est toujours la même : si nous avons la possibilité de produire nos voitures là où nous les vendons, nous le faisons. Nous avons une vision à long terme et nous ne nous basons pas sur des décisions à court terme, en raison de la situation géopolitique, ou sur des problèmes douaniers ».
À long terme justement, BYD souhaiterait que le marché atteigne une certaine maturité où les subventions publiques ne seraient plus une nécessité. « Si vous pensez que votre objectif est que l’ensemble de l’industrie soit électrifié, alors la subvention n’est que le début de l’adoption. Pour que l’activité soit durable, elle doit l’être sans subvention », déclarait Stella Li, avant de prendre l’exemple de la Chine. « Il n’y a presque plus de subventions, les gens achètent des voitures électriques pour leurs qualités. Ça finira par se produire en Europe ».
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