L’industrie de l’IA cherche désespérément à échapper à ses responsabilités quand elle pille des œuvres protégées afin d’entraîner ses modèles. Au Royaume-Uni, un ancien vice-Premier ministre a estimé que si les entreprises devaient demander l’autorisation aux artistes et aux ayants droits avant de moissonner des données, cela aboutirait à la « mort » de cette industrie. Pas sûr que l’argument fasse pleurer dans les chaumières.
De l’art de se tirer une balle dans pied. Nick Clegg, ancien vice-Premier ministre britannique (et ex-employé de Meta) a accouru au secours de l’industrie de l’IA menacée de mort par les artistes, rien de moins. Outre Manche, le débat fait rage en ce moment autour d’une proposition de loi qui, votée en l’état, donnerait un chèque en blanc aux entreprises pour entraîner leurs IA avec des œuvres protégées par le droit d’auteur.
De l’art de piller en toute impunité
Les artistes pourront refuser l’exploitation de leurs œuvres, mais a posteriori, une fois que le mal est fait. De nombreux artistes, auteurs et chanteurs sont montés au créneau ces deniers mois pour protester contre ce que l’on pourrait qualifier d’appropriation systématique. Au profit d’une poignée d’entreprises trop heureuses de moissonner du contenu de qualité pour entraîner des modèles d’IA sans rémunérer les auteurs.
Invité du festival de Charleston, Nick Clegg, qui a quitté Meta récemment après 7 ans passés chez le géant des réseaux sociaux, a affirmé que les exigences des artistes étaient « irréalisables ». Ces derniers, au premier rang desquels Elton John et Paul McCartney, demandent en effet que les entreprises demandent leur consentement avant d’utiliser leurs œuvres.
Clegg admet que c’est « une question de justice naturelle de dire aux gens qu’ils devraient pouvoir refuser que leur créativité, leurs produits, ce sur quoi ils ont travaillé soient modélisés indéfiniment ». Mais à ces « voix qui disent “vous ne pouvez utiliser mon contenu pour l’entraînement que si vous demandez d’abord” », il réplique : « Je dois dire que cela me paraît quelque peu irréalisable parce que ces systèmes s’entraînent sur d’énormes quantités de données. » Sous-entendu : les œuvres en question ont déjà été avalées et digérées.
« Je pense qu’attendre de l’industrie, technologiquement ou autrement, qu’elle demande préventivement avant même de commencer l’entraînement — je ne vois pas », indique-t-il. Et d’affirmer que s’il fallait demander l’accord de tout le monde avant de moissonner des données au Royaume-Uni et pas ailleurs, alors « vous tueriez essentiellement l’industrie de l’IA dans ce pays du jour au lendemain. »
Un argument qui risque de tomber à plat. Car malgré sa croissance fulgurante, l’industrie de l’IA continue de susciter la méfiance, entre opacité des modèles et pillage en règle. Et face à un secteur culturel qui emploie 2,4 millions de personnes au Royaume-Uni, difficile de faire passer une poignée d’entreprises d’IA richissimes pour des victimes.
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Source :
The Times