Twitter a été accusé mercredi 22 février de fermer les yeux sur les agissements en ligne du groupe djihadiste Etat islamique (EI), lors d’une audience à la Cour suprême des Etats-Unis, chargée de décider si le réseau social pourrait être poursuivi en justice pour complicité en cas d’actes de terrorisme.
« Il y a ici une accusation d’aveuglement délibéré… Vous saviez que l’EI utilisait votre plate-forme », a noté la juge Sonia Sotomayor, s’adressant à l’avocat représentant le réseau social.
Les neuf juges de l’instance se sont saisis d’une plainte déposée par les proches d’une victime d’une attaque de l’EI dans une discothèque d’Istanbul en 2017.
Selon la famille, Twitter est complice de cet acte de terrorisme pour n’avoir pas retiré des tweets du groupe ni cessé de recommander ces tweets (via des algorithmes automatisés). La plate-forme, soutenue par ses rivales (Google, Facebook, etc.), assure de son côté qu’être un service utilisé par des dizaines de millions de personnes dans le monde ne prouve pas qu’elle « aide en connaissance de cause » des groupes terroristes.
La « section 230 » au cœur des débats
Mardi, une audience sur une question similaire a eu lieu : la famille d’une victime des attentats terroristes de 2015 à Paris accuse YouTube (filiale de Google) d’avoir soutenu la croissance de l’EI en suggérant des vidéos du groupe à certains utilisateurs.
Au cœur des deux plaintes se trouve la « Section 230 », une loi de 1996 qui confère une immunité judiciaire aux entreprises numériques pour les contenus mis en ligne par les internautes sur leurs plates-formes.
Les grandes entreprises du secteur défendent bec et ongles ce statut d’hébergeurs – et non d’éditeurs – qui a selon elles permis l’avènement d’internet tel qu’il a pris forme.
Les juges de la Cour suprême ont exprimé mardi leurs doutes sur la pertinence de la Section 230 aujourd’hui, mais aussi leur réticence à influencer le sort d’une loi devenue fondamentale pour l’économie numérique.
Mercredi, ils ont formulé de nombreuses hypothèses pour déterminer comment les plates-formes pourraient être tenues complices d’actes de terrorisme.
Le Monde
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En 1997, « CNN a réalisé une interview d’Oussama Ben Laden, une interview très célèbre… Suivant votre théorie, est-ce que CNN aurait pu être poursuivi pour complicité avec les attaques du 11-septembre ? », a par exemple demandé le juge Brett Kavanaugh.
Au Congrès américain, de nombreuses voix réclament une refonte de la Section 230. Mais étant donné les perspectives très différentes à gauche et à droite, les efforts législatifs pour amender le texte n’ont jamais abouti.