L’AVIS DU « MONDE » – POURQUOI PAS
Pour qui ne serait ni un fervent lecteur de la saga Hunger Games ni un spectateur assidu de ses adaptations cinématographiques, le visionnage de ce cinquième volet, Hunger Games. La ballade du serpent et de l’oiseau chanteur promet d’être une traversée ténébreuse. Résumons l’affaire : immense phénomène littéraire et cinématographique, la série des Hunger Games poursuit la mutation perpétrée par la saga Harry Potter et Twilight en actant l’émergence d’une littérature et d’un cinéma pour young adults (autre nom marketing pour parler de l’adolescence) et d’œuvres qui leur sont directement destinées.
On doit la création de cet univers dystopique à l’Américaine Suzanne Collins : dans un futur non daté, la romancière suit sa charismatique héroïne, Katniss Everdeen, au sein de Panem, Etat totalitaire situé en Amérique du Nord. Chaque année, pour tenir son peuple, le pouvoir central, le Capitole, organise un jeu télévisé, les « Hunger Games ». Les vingt-quatre participants au jeu (répartis en tribus) doivent alors s’affronter dans une arène lors d’un combat à mort, au bout duquel il ne devra rester qu’un seul vainqueur. Katniss triomphe avant d’être à la tête d’une insurrection contre Panem.
Pour les fans de la saga
Comme dans Harry Potter, son modèle largement copié, l’univers d’Hunger Games se veut un monde autonome avec sa langue tramée de néologismes, ses symboles et ses règles du jeu parfaitement nébuleuses pour qui prendrait le récit en route. Autant de raffinement sous lequel se déploie un discours on ne peut plus simple : la critique soft de la société du spectacle, des dictatures et de l’injustice en général – sous le vernis protestataire, c’est toute une industrie qui se frotte les mains.
Rien de bien nouveau, dans cette cinquième adaptation qui consiste en une préquelle remontant soixante ans avant les aventures de Katniss et raconte la jeunesse de Corolianus Snow, qui deviendra l’emblématique dictateur de Panem et l’ennemi juré de l’héroïne incarnée par Jennifer Lawrence. Disons-le franchement : il serait naïf de croire que le film s’adresse à d’autres qu’aux fans de la saga. Tout le plaisir qu’on pourrait y prendre semble entièrement logé dans cette impression, pour le spectateur, de détenir la clé d’un univers en soi, opaque aux néophytes, et qui ne cesse de renvoyer aux autres films et romans. Cet énième volet semble n’être là que pour entretenir la connivence avec le public, s’assurer qu’il est encore là, et renflouer les caisses au passage – on appelle ça « assurer le fan-service ».
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