Pour son 65ᵉ anniversaire, l’icône des mini bolides britanniques a lancé une offensive sans précédent. En quelques semaines, la Mini dans sa version électrique, aura connu non pas une mais trois nouvelles versions. Un Countryman SE, un Aceman fort remarqué et une Mini Cooper SE, la plus classique des trois, et celle que nous vous proposons de découvrir au travers de cet essai.
Mise à jour d’une première version électrique dévoilée en 2020, cette Mini SE (2024) était attendue au tournant. Car si sa première itération avait séduit par son comportement très joueur, malgré son poids, elle souffrait d’une autonomie faiblarde, qu’on ne lui avait pardonné à l’époque que par l’absence de concurrence solide. Quatre ans plus tard, la donne a changé. Et le challenge pour la petite anglaise qui navigue sous pavillon munichois (BMW) est autrement plus complexe : garder un style et un plaisir de conduite intact tout en augmentant ses capacités en matière de batterie. La nouvelle Mini Cooper SE réussi-t-elle ce pari ? C’est pour répondre à cette question que nous avons pris le volant de la compacte sur les routes catalanes.
Vraiment 100 % électrique
Comme bon nombre de ses concurrents, Mini avait paré au plus pressé avec la première version de sa Mini électrique. Il s’agissait avant tout de disposer d’un modèle zéro émission et pour y parvenir, le constructeur membre du groupe BMW avait utilisé une méthode maintes fois répétée : électrifier une plateforme thermique. C’est en évoquant cette contrainte que le constructeur justifiait jusqu’ici la taille plutôt modeste de sa batterie. Avec la Mini Cooper SE (2024), les cartes sont rebattues et celle qui vaut pour un As dans le jeu de Mini c’est sa nouvelle plateforme 100 % électrique. Pour disposer d’un tel jeu en main, le constructeur n’avait pas caché de joker dans sa manche. Il a utilisé une tactique plus simple : trouver un allié à la table de jeu. Celui-ci est venu de Chine avec une plateforme électrique clé en main et une proposition pour le moins séduisante, celle d’assembler la nouvelle Mini dans son usine. Tapis pour la filiale de BMW qui a donc choisi de miser sur une production Great Wall Motors au détriment d’un autre atout, celui du bonus écologique. En effet, l’origine chinoise de la nouvelle Mini Cooper SE l’exclue du dispositif gouvernemental, ce qui pourrait peser au moment de faire le bilan de cette partie. Voilà pour le tableau (et pour la métaphore).
Rappelons au passage que cette Mini Cooper sera décliné en deux versions, E et SE, qui se distinguent essentiellement par la taille de leur batterie et leur motorisation. 36,6 kWh et 184 ch pour « l’entrée de gamme », 49,2 kWh et 218 ch pour notre modèle d’essai, la SE.
Un look à respecter
Mini c’est avant tout un look… et l’obligation pour ses designers de ne pas trop s’en détourner. Qu’en est-il de cette version 2024 ? Phares ronds, toit plat, montants de vitres noirs et allusions appuyées à l’Union Jack, le cahier des charges est bien respecté. Les puristes hurleront sans doute d’effroi devant la forme triangulaire des optiques arrière, mais au-delà de cette incartade, le design toujours intemporel de la Mini n’a pas été particulièrement égratigné. Celle-ci se reconnait au premier coup d’œil et malgré ses proportions toujours un peu plus imposantes, elle garde ce côté sympathique qui a fait son succès.
L’habitacle : signé BMW
À l’intérieur, le style mini est reconnaissable dès le premier coup d’œil, mais ce qui distingue la proposition anglo-saxonne de la concurrence, c’est un niveau de finition impeccable. La patte de BMW est perceptible dans les moindres détails de cet habitacle aussi original que soigné.
Sur ce point, la Cooper SE reprend une bonne partie de la recette du Countryman SE que nous avons pu essayer il y a seulement quelques semaines. On retrouve donc un habitacle relativement épuré (bien davantage que sur les versions thermiques), mais aussi un cadran central doté d’une dalle OLED. Celui-ci donne le ton d’un intérieur original et ambitieux d’un point de vue technologique, mais cette ambition se heurte malheureusement à une dure réalité. Le choix du format rond complique l’intégration de certaines applications. Ainsi, CarPlay et Android Auto apparaissent dans un « petit » écran rectangulaire qui jure complètement avec le reste de l’interface. Mais là n’est pas le plus gros souci de la Cooper SE. Celui-ci réside en effet dans une interface certes adaptée au format, mais particulièrement brouillonne, contre-intuitive et lente qui plus est. En effet, il n’est pas rare d’attendre plus de deux secondes entre l’appui sur l’écran tactile et le lancement effectif d’une application.
Cette complexité inutile n’est pas aidée par l’ajout de thèmes qui correspondent aux différents modes de conduite de la voiture. Ils changent l’apparence de l’écran, la sonorisation fictive du moteur (nous y reviendrons), mais aussi – et c’est tout le problème – la navigation dans les menus.
Et que dire donc de cette ambiance sonore qui accompagne la moindre accélération en Mini Cooper SE ? Celle-ci peut varier d’un mode à l’autre, mais quel que soit le mode choisi, le moins que l’on puisse dire, c’est que nous n’avons pas été conquis. Certaines sonorités peuvent prêter à sourire quelques instants, mais toutes deviennent rapidement barbantes et on se retrouve à naviguer dans les options avec la ferme intention de profiter de l’un des avantages de la voiture électrique : l’absence de bruit de moteur.
Des aides à la conduite discrètes et efficaces
Si les choix sont plutôt hasardeux en matière d’OS et d’interface, ils sont particulièrement efficaces pour ce qui concerne les ADAS (aides à la conduite). Là encore, la patte de BMW est palpable. Le constructeur allemand est l’un des plus efficaces en ce qui concerne le réglage et le dosage de ses aides à la conduite. La Cooper SE hérite très certainement de ce savoir-faire tant son système de maintien dans la voie et son régulateur de vitesse adaptatif sont doux et bien paramétrés.
Conduite : que vaut la Mini SE sur la route ?
Mini, c’est aussi un style de conduite. Celui-ci avait été plutôt préservé avec la version SE de 2020. Il convenait donc de vérifier si l’ajout d’une plus grande batterie (et du surpoids qu’elle induit) pouvaient influer sur son fameux coup de volant.
Après près de 150 km d’essai, notre verdict est formel : l’essentiel est préservé ! La Mini Cooper SE garde toujours ce côté kart (en bien plus confortable), avec sa garde au sol et son centre de gravité bas. Son accélération, sans être phénoménale, lui permet de s’extraire sans la moindre difficulté d’un feu rouge, lui donne ce qu’il faut de reprise pour dépasser et enchainer ensuite sur des virages bien sentis. Sur ce point, son comportement est aussi très appréciable. La Mini Cooper SE ne prend pas trop de roulis et invite complètement à jouer avec les courbes de la route. Seul petit hic : une direction que l’on aurait souhaitée plus précise et une suspension carrément ferme.
Cela étant dit, on ne pourra pas reprocher à la Mini Cooper SE d’avoir une conduite neutre et sans saveur comme de nombreux véhicules électriques. Si son comportement n’est pas parfait, il demeure très intéressant et surtout, il se rapproche de ce que Mini propose sur ses versions thermiques, ce qui n’est pas anodin.
Autonomie : c’est mieux, mais ce n’est pas une routière
Venons-en à présent à la batterie, principal grief de la première Cooper SE. Aux termes de nos deux boucles d’essai, nous avons pu constater une consommation moyenne de 16,9 kWh/100 km. Cette valeur est le fruit d’une conduite qui a beaucoup varié. Souple et coulée en ville, assez neutre sur l’autoroute et carrément sportive sur le réseau secondaire. Pour être plus précis, nous pourrions donc estimer que la consommation de la Mini Cooper SE peut être inférieure à 15 kWh/100 km en milieu urbain (ce qui colle à l’autonomie annoncée en cycle WLTP), qu’elle dépasse légèrement les 20 kWh/100 km sur autoroute et qu’elle tourne autour de 17 kW/h en cycle mixte. Autrement dit, la compacte de Mini s’avère bien plus polyvalente que sa prédécesseure, mais il ne faudra pas espérer de miracles sur les longs trajets avec une recharge estimée tous les 250 km environ. Dans un usage polyvalent, on dépassera légèrement les 300 km, ce qui reste malgré tout inférieur aux 402 km estimés par la marque.
Le prix de la nostalgie
Iconique, puissante, plus endurante… mais toujours aussi cher. Si l’alliance avec Great Wall Motors a permis de faire baisser le coût de production de la Mini, cela ne se ressent pas sur son prix. Dans sa version la moins chère, la Cooper E, la Mini démarre à 34 000 euros, avec un niveau d’équipement assez faible. Quant à la version SE de notre essai, il faudra débourser un minimum de 39 000 euros pour se l’offrir, sans compter quelques options assez essentielles qui viendront plomber un tarif qui ne sera pas aidé du bonus écologique.
Bien qu’elle vise un segment assez peu concurrentiel des compactes/citadines électriques chic, la nouvelle Mini se verra tout de même confrontée à une concurrence féroce. La Renault 5 électrique, aura sans doute les arguments pour la faire trembler, davantage qu’une Fiat 500e, moins bien dotée techniquement. Et si la fibre nostalgique ne suffit pas, la version A290 de l’Alpine permettra à Renault de doubler ses attaques sur la Mini Cooper SE.
Bilan de l’essai :
La mise à jour est réussie pour cette Mini Cooper SE (2024). Aussi sexy et plus polyvalente que son aînée, la bombinette garde ce qui fait son charme, même dans sa version électrique : un look intemporel et une conduite façon kart jouissive. Mieux dotée en matière de batterie, elle gomme sans doute son principal défaut, mais son prix et l’absence de bonus risquent de refroidir une partie des acheteurs.
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