Inventeur de la ceinture de sécurité à trois points en 1959, Volvo a vu son innovation devenir un standard mondial. Dans son futur EX60, le constructeur suédois dévoile une ceinture nouvelle génération, intelligente et multi-adaptative. Nous l’avons découverte à Göteborg, au cœur du centre d’essai où Volvo teste ses nouvelles technologies de sécurité routière.
C’est une innovation majeure, le véritable point de départ à tout un nouveau département de recherche. La ceinture de sécurité que l’on connaît, à trois points d’ancrage, vient de chez Volvo. Depuis son lancement en 1959, le constructeur suédois estime qu’elle a permis de sauver plus d’un million de vies. Elle a fait de la marque une référence en matière de sécurité routière. Presque chaque décennie a connu son lot de nouvelles protections à bord d’une voiture depuis. En voici quelques-unes qui ont marqué son histoire :
- 1972 : siège auto dos à la route
- 1978 : coussin réhausseur
- 1994 : airbags latéraux
- 1998 : système de protection contre le coup du lapin
- 2002 : système de protection contre les tonneaux
- 2003 : système de détection des angles morts
- 2008 : premiers travaux sur le freinage d’urgence
- 2014 : protection en cas de sortie de route
Depuis dix ans, Volvo continue d’intégrer de nouveaux systèmes, mais il est désormais question de surveillance, sur la route, ainsi qu’à bord des véhicules. Pour donner un sens à ces nouvelles caméras intrusives, il fallait rassurer et trouver un cap. Ce que le constructeur suédois faisait en annonçant, en 2016, l’objectif zéro mort ni blessé grave en Volvo d’ici 2020. Le cap ultime pour une marque, se disant en avance sur la sécurité routière.
Malheureusement, la réalité a pris le dessus et la course à la fin des accidents graves a dû faire de la place à une autre : celle de l’électrification à marche forcée. En 2018, Volvo se lançait dans l’objectif d’atteindre 50 % de voitures électriques dans son mix des ventes, d’ici 2025. À raison de vouloir jouer sur tous les tableaux, la marque manquait la cible une fois de plus. Qu’il s’agisse d’atteindre zéro mort ou le million de voitures électriques sur les routes, il faudra plus de temps.
Un ceinture intelligente « multi-adaptative » chez Volvo
En 2026, une innovation du côté de la ceinture de sécurité doit tout de même marquer un nouveau chapitre, celui de la protection adaptative, qui s’attarde sur les données enregistrées en temps réel, que ce soit sur la route ou dans l’habitacle du véhicule. Après l’introduction d’un système de surveillance du conducteur en 2023, Volvo a souhaité tirer profit de ses nouveaux capteurs intégrés dans l’habitacle et à l’extérieur pour rendre ses ceintures plus intelligentes.
L’année prochaine, à l’occasion de la sortie du nouveau EX60, une ceinture « multi-adaptative » intégrera la gamme. Concrètement, celle-ci permettra d’aller plus loin dans l’adaptation de son système en fonction du type de collision, et du type de passager. Que ce soit sa taille, sa morphologie ou sa position, la ceinture s’adaptera à la situation. Le changement sera logiciel, mais aussi matériel, avec un nouveau limiteur de tension disposant de bien plus de modes – de 3 variations sur les modèles les plus récents de Volvo, à un total de 11.
« Le nouveau système de ceinture de sécurité a une fonction que l’on appelle la limitation de charge. Lorsque vous avez un accident, le boîtier où se situe l’enrouleur va d’abord s’activer pour venir se serrer sur votre poitrine. Puis, lorsque le choc arrive et que votre corps est projeté vers l’avant, la force sur la poitrine se démultiplie. Avant que cette force ne soit devenue trop grande, la ceinture de sécurité commence à se relâcher de façon contrôlée », détaillait à 01net.com l’ingénieur en mécanique Fredrik Heurlin, qui a travaillé sur le projet.
Deux grands cas de figure illustrent la nécessité d’adapter la ceinture de sécurité à chaque morphologie. D’un côté, celui des personnes de forte corpulence : l’enjeu principal est d’augmenter le maintien pour freiner efficacement le corps et éviter qu’il ne parte trop en avant. De l’autre, celui des individus de faible gabarit : ici, il ne s’agit pas d’augmenter la force de retenue, mais au contraire de relâcher la tension de manière plus prononcée, afin de tirer parti de l’espace entre le corps et la planche de bord, et ainsi limiter la pression sur un squelette plus vulnérable.
Au-delà de contrôler les occupants à bord via les caméras, le nouveau système se focalisera aussi sur l’extérieur. Aussi bien que les collisions soient différentes, il faudra agir différemment sur la ceinture. Un choc frontal n’est pas le même qu’un choc latéral. Même chose pour un tonneau. Sur ce point, Volvo s’attend encore à faire de nouvelles découvertes, grâce à ses données recueillies et analysées. Des mises à jour à distance seront proposées dans le temps, pour améliorer cette ceinture multi-adaptative.
La data, ceinture de sécurité de demain
Le développement de cette nouvelle ceinture multi-adaptative n’est pas tout récent. En fait, il commençait il y a bientôt dix ans, en 2016, pour se conclure quatre ans plus tard en 2020. L’ingénieur Fredrik Heurlin nous expliquait qu’il ne manquait à Volvo que de trouver son carrosse : une voiture dotée de suffisamment de capteurs et d’un ordinateur de bord capable d’analyser les données pour ajuster le comportement des nouvelles ceintures de sécurité. Le futur EX60, basé sur une plateforme 800 volts SP2, sera idéal. Il sortira l’année prochaine.
Sans ces données, la ceinture multi-adaptative ne serait rien. À Göteborg, dans son centre de sécurité qui fête aujourd’hui ses 25 ans, la responsable Åsa Haglund y voyait « une étape importante pour la sécurité automobile ». Dans une interview à 01net.com, elle déclarait que « la data est la ceinture de sécurité de demain. Elle a un potentiel énorme de nous faire accélérer vers l’objectif zéro mort en Volvo. Et la nouvelle ceinture de sécurité multi-adaptative illustre notre capacité à exploiter les données en temps réel. »
Vers toujours plus de surveillance du conducteur
En 2019, alors que Håkan Samuelsson poursuivait son premier mandat en tant que CEO de Volvo, il faisait une référence à George Orwell et son roman 1984. En annonçant l’intégration d’un nouveau système de détection de l’ivresse au volant. Il déclarait : « peut-être que les gens nous verront comme un ‘Big Brother’, mais si cela permet de sauver des vies, alors ça en vaut la peine ». Depuis, la surveillance du conducteur s’est intensifiée. L’EX30 introduisait, en 2024, la détection de l’inattention du conducteur, quand celui-ci déportait son regard sur autre chose que la route, pendant trop longtemps.
Les équipements de sécurité remettent effectivement en question la vie privée à bord et le sentiment de liberté. Alors que la ceinture rejoint les équipements qui seront épaulés par les caméras, difficile de ne pas imaginer Volvo annoncer l’impossibilité de démarrer si la ceinture de sécurité n’est pas attachée. « Ce sont des discussions qui existent depuis longtemps dans l’industrie. C’est toujours difficile de trouver l’équilibre jusqu’où nous devrions surveiller et limiter », reconnaissait l’ingénieur Fredrik Heurlin à 01net.com.

Seule l’intelligence artificielle permettra de tirer profit des données sans trop cumuler de data à travers les caméras. Dans une présentation de Zenseact, un partenaire de Volvo, le professeur Erik Coelingh expliquait à 01net.com que la tendance était d’utiliser « des séquences de la vie réelle d’une dizaine de secondes à travers tous les capteurs du véhicule, puis de modifier les scénarios en générant de nouvelles versions grâce à l’IA ». Grâce à cela, chaque scène de la vraie vie peut être déclinée en des milliers de versions, pour entraîner le système de sécurité à tout type de variation d’une seule et même situation.
Mais il ne faudra pas oublier la base, qui est celle de la ceinture de sécurité, tenait à souligner Fredrik Heurlin. Derrière toutes les nouvelles innovations de Volvo et du reste de l’industrie automobile, « même si la ceinture a 65 ans, elle reste l’élément le plus important du véhicule pour la sécurité. » Et il n’y a qu’à ouvrir les bilans de mortalité routière pour s’en rendre compte. Quelques jours avant de nous envoler pour Göteborg et le centre de sécurité de Volvo, un rapport de l’ONISR dévoilait un chiffre alertant : dans les départements d’outre-mer français, plus de 50 % des victimes de la route n’avaient pas leur ceinture attachée l’année dernière.
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