Dans la foulée de la pétition « Non à la taxe Windows » (50.000 signatures) qui demandait des mises à jour de sécurité non payantes pour Windows 10 jusqu’en 2030 (Microsoft a finalement repoussé d’un an leur arrêt pour le grand public européen, initialement prévu au 14 octobre 2025), vingt organisations lancent un appel à passer au Libre.
« Il est temps d’envisager sérieusement de quitter Windows »
Elles soulignent: «Ce recul n’est qu’un sursis, insuffisant pour des ordinateurs encore fonctionnels et qui n’ont parfois que 5 ans. Si les arbitrages de Microsoft ne permettent pas l’allongement de la durée de vie de nos ordinateurs, il est temps d’envisager sérieusement de quitter Windows. Le passage forcé à Windows 11 permet de prendre conscience de notre dépendance à Microsoft et aux logiciels propriétaires. Cela concerne aussi les administrations publiques, dont plusieurs dizaines de milliers de postes dans les établissements scolaires, remettant en question notre souveraineté numérique, et notre indépendance face à des décisions unilatérales coûteuses de multinationales extra-européennes.»
Le communiqué rappelle: «Si Windows reste le premier logiciel d’exploitation dans le monde comme en France, il existe des alternatives. GNU/Linux, par exemple, assure la sécurité des appareils sans imposer de conditions matérielles exigeantes, comme la puce TPM 2.0 exigée par Windows 11. Les logiciels libres, développés par des communautés ouvertes, permettent de s’émanciper durablement et sans frais de licence de la dépendance aux grandes multinationales, et de s’assurer une maintenance logicielle sur le long terme. Ils répondent ainsi à des enjeux de durabilité des terminaux, de résilience face aux décisions des multinationales, et de réduction des coûts sur le long terme.
Ces options sont encore peu connues du grand public. La pétition “Non à la Taxe Windows” formule une autre demande majeure: la nécessaire obligation pour les éditeurs de logiciel d’informer les utilisateurs et utilisatrices d’un possible passage à un système d’exploitation libre.»
« La transition a déjà commencé »
L’appel observe que «la transition a déjà commencé: entre juillet et août 2025, les utilisateurs et utilisatrices de GNU/Linux ont déjà doublé en France, représentant en août près de 11,5% des systèmes d’exploitation installés dans l’Hexagone. En septembre 2025, il est estimé que plus de 2,2 millions de personnes utilisent régulièrement GNU/Linux sur leur ordinateur personnel en France.
L’apprentissage de nouveaux usages ne doit pas constituer un frein à cette transition. Des initiatives comme la carte collaborative Aide GNU/Linux et Adieu Windows, bonjour le libre !, par exemple, recensent les personnes et associations prêtes à aider toutes celles et ceux qui le souhaitent. Et un collectif enseignant s’est engagé dans la démarche NIRD pour favoriser l’usage de distributions GNU/Linux adaptées à l’éducation dans les établissements scolaires.»
L’exemple de la gendarmerie
Les signataires rappellent la circulaire Ayrault de 2012, où le Premier ministre mentionnait que «le logiciel libre est piloté par les besoins, minimisant les évolutions superflues», le passage de toute la gendarmerie nationale sous GNU/Linux, ou encore les transitions vers le Libre entamées par le Danemark et le Land allemand du Schleswig-Holstein.
Les signataires de l’appel sont:
- Antoine Pesesse, président de HOP – Halte à l’obsolescence programmée,
- Charlotte Bougenaux, codirectrice d’Emmaüs Connect,
- la collégiale d’Aquilenet,
- le conseil d’Administration de la Fédération des FAI Associatifs (FFDN),
- Romain Debailleul, à l’initiative de la démarche NIRD à l’Éducation nationale,
- Bastien Faure, directeur de Zero Waste France,
- FDN (French Data Network),
- Tristan Labaume, président d’AGIT (Alliance Green IT) France,
- La Fresque du Numérique,
- Manon Léger, cofondatrice de Latitudes,
- Bela Loto Hiffler, présidente de Point de M.I.R.
- Magali Garnero, présidente de l’April,
- Adrien Montagut, codirigeant de la coopérative Commown,
- Parinux,
- Pierre Paquot, président de Telecoop,
- Maud Sarda, cofondatrice et directrice générale de Label Emmaüs,
- Thomas Thibault, coprésident du Mouton Numérique et membre de Designers Éthiques,
- Gilles Reeb, responsable du développement de Renée (économie sociale et solidaire),
- Thomas Wagner, fondateur de Bon Pote (média sur la crise du climat et de la biodiversité),
- l’Institut du Numérique Responsable (INR).
Image d’illustration réalisée avec Framamèmes
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