Si l’on s’en tient aux seuls chiffres, l’arrivée de la 5G est un succès commercial : le nombre d’abonnements aux réseaux de cinquième génération devrait même atteindre le milliard d’ici la fin de cette année, selon une étude d’Ericsson. Un seuil atteint deux fois plus vite qu’avec la 4G.
Et en dépit de la conjoncture économique, le cap des cinq milliards d’abonnements au niveau mondial devrait être franchi d’ici la fin de l’année 2028.
En France, deux ans après leur ouverture commerciale, les réseaux mobile 5G d’Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free couvrent tout le territoire, mais de façon « disparate et hétérogène », comme le souligne le site Ariase dans son dernier palmarès des villes 5G. Même si l’implantation de nouvelles antennes se fait en concertation avec les municipalités, les opérateurs ont bien entendu privilégié les zones les plus denses, à savoir les métropoles. Paris (1 200 sites 5G), Marseille (409) et Toulouse (295) composent ainsi le tiercé gagnant.
C’est au niveau technique que le lancement de la 5G a surtout fait des déçus. D’aucuns ont pu en faire l’expérience, les promesses d’un débit multiplié par dix et d’un temps de latence ramené à la milliseconde ne sont pas (encore) au rendez-vous. Dès lors, la légère augmentation des performances justifie-t-elle de payer un abonnement plus cher ?
Sans parler de flop, la Cour des comptes évoquait en mai dernier, dans un rapport remis à Bercy, les promesses jusqu’alors non tenues de la 5G : « Les bénéfices de la 5G pour le grand public sont jusqu’à présent relativement limités, et l’Etat n’est pas parvenu à impliquer suffisamment les entreprises dans la montée en charge d’une « 5G industrielle » au service de la compétitivité économique. »
Le meilleur est à venir
En fait, la 5G n’a pas encore dévoilé tout son potentiel. Comme pour les normes précédentes, le déploiement du nouveau standard s’effectue progressivement. Les performances actuelles de la 4G ne sont guère comparables à celles timorées de ses débuts. De même, dans la phase dite « non-standalone », entre 2021 et 2023, la 5G a cohabité avec un cœur de réseau en 4G. Cette hybridation a surtout permis d’apporter une capacité supplémentaire, soulageant le réseau 4G arrivé à saturation.
La phase « standalone », qui s’ouvre en 2023, apportera tous les bénéfices attendus de la 5G en termes de débit et de latence. Cette 5G « pure » apportera son lot d’innovations. Dans le domaine du grand public, elle devrait participer à la démocratisation du cloud gaming, de l’e-sport ou du streaming vidéo en très haute définition (4K/8K).
Mais c’est surtout au niveau B to B que la 5G standalone (SA) devrait ouvrir à la voie à des cas d’usage véritablement disruptifs dans les domaines de l’industrie 4.0, de la télémédecine, de la ville intelligente ou des véhicules autonomes. Elle apportera notamment la technologie très attendue dite « network slicing ». Soit la capacité, en virtualisant et « cloudifiant » l’infrastructure, de découper virtuellement le réseau en « tranches » (slices), afin de garantir une qualité de service de bout en bout pour des cas d’usage à très fortes exigences comme les process critiques d’une usine.
Bouygues Telecom et SFR sur les rangs
Selon Deloitte Global, le nombre d’opérateurs investissant dans les réseaux 5G standalone doublera d’ici la fin de l’année 2023 pour atteindre au moins 200. Les acteurs français sont déjà sur les rangs. Dès juillet, Bouygues Telecom offrait la possibilité à ses entreprises clientes de tester la 5G SA dans ses locaux. Le lancement commercial interviendra lui « à partir de 2023 ».
Grâce à son partenariat avec l’équipementier Ericsson, l’opérateur proposera « de nouvelles solutions de réseaux privés mobiles pour répondre aux enjeux, notamment des industriels, sur les niveaux de criticité et de sécurité ». Elle couplera cette offre avec les services de cloud déportés en local (edge computing) via OnCloud, sa filiale dédiée.
Le 9 décembre dernier, SFR se targuait d’être « le premier opérateur à réaliser un service de slicing de 5G SA pour les entreprises et en conditions réelles ». Filiale d’Altice, l’opérateur l’a testé avec les équipes des médias du groupe (BFM TV, RMC, etc.). « Ce cas d’usage, essentiel pour les journalistes reporters d’image (JRI), consiste à préserver les débits montants nécessaires aux reportages en direct », explique-t-il dans un communiqué. « Un slice leur a été réservé en fonction de leurs besoins, et ce, en simulant des conditions de fortes sollicitations radio. »
5G privée et ondes millimétriques
Le déploiement de la 5G SA ira également de pair avec la généralisation des offres de réseau mobile privé. En s’appuyant sur une infrastructure en propre, une entreprise devient indépendante du réseau public des opérateurs. Elle bénéficie d’une bande passante dédiée et renforce la sécurisation de ses données.
Or, la Mission 5G industrielle constatait dans son rapport, remis au gouvernement en mars dernier, que l’accès des industriels à la bande de fréquences dite 2,6 GHz est « jugé limité en raison du prix des redevances associées ». Le premier palier de redevances s’élève de fait à 70 000 euros par an pour un droit à émettre jusqu’à 100 km2. La consultation publique qui s’en est suivie se propose de baisser à la fois le montant de cette redevance et la surface associée, avec un premier tarif à 1 200 euros pour une surface inférieure à 300 m2, comme l’a calculé L’Usine Digitale.
Enfin, l’essor de la 5G industrielle passera par la libéralisation des ondes dites millimétriques. A savoir les fréquences hautes du spectre, dans la bande des 26 GHz, qui offrent une couverture limitée, mais des performances excellentes. Le compromis idéal pour couvrir une usine. L’Arcep a ouvert un guichet pour des expérimentations en ce sens.
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