Un fiasco à 257 millions d’euros : c’est la conclusion d’un rapport de la Cour des comptes qui épingle le développement interminable (et pas terminé 10 ans après le lancement du projet) d’un logiciel destiné à la police nationale.
XPN pourrait bien devenir synonyme de gabegie. Un rapport touffu de la Cour des comptes, épluché par Le Monde, épingle en effet ce logiciel de rédaction de procédures de la police nationale — autrement dit, un outil d’aide à la rédaction de procès-verbaux et autre littérature administrative. Le développement, qui a débuté en 2015, n’est toujours pas terminé. Et ce n’est pas demain la veille que les policiers pourront l’utiliser : la mise en service n’est pas prévue avant 2028, au mieux.
Impossible de générer des PDF de plus de 5 Mo
Que s’est-il passé ? Le projet est pris en charge par l’Agence du numérique des forces de sécurité intérieure (anciennement Service des technologies et des systèmes d’information de la sécurité intérieure), co-géré par la police et la gendarmerie, le tout épaulé par Capgemini. Un sacré attelage qui prend de l’aile dès 2016, avec le départ effectif de la gendarmerie qui avait proposé d’adapter son propre logiciel.
Dès lors, le projet est pris dans la nasse bureaucratique. Dilution des responsabilités, « conflits interpersonnels », multiplication des comités Théodule, réforme sur réforme sur réforme… Pendant ce temps, le logiciel utilisé par la police est toujours incapable de générer des PDF pesant plus de 5 Mo — les photos prises par les smartphone pèsent plus lourd !
La Cour des comptes met en cause rien moins que 16 personnes et estime que six d’entre elles pourraient faire l’objet de poursuites en justice pour défaut de surveillance du projet, dont deux secrétaires généraux du ministère de l’Intérieur et deux directeurs généraux de la police nationale. Dans les faits, les procédures judiciaires sont tellement longues et parsemées d’appels en tout genre qu’il est bien peu probable que ces personnes soient mises devant leurs responsabilités.
Quant à XDN, il pourrait finalement être mis en route dans trois ans (!), et encore, la Cour des comptes juge ce calendrier « ambitieux ».
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Par : Opera
Source :
Le Monde