de « Dishonored » à « Deathloop », le jeu vidéo sans formatage

de « Dishonored » à « Deathloop », le jeu vidéo sans formatage


« Ç’a été l’amour au premier regard ! » Dinga Bakaba se souvient encore du moment où il découvre Dishonored, en 2010, lors de son premier jour de travail chez Arkane Lyon, qui venait alors d’être racheté par l’américain Bethesda Softworks (Skyrim). Le jeu vidéo, élaboré conjointement par le studio français et son antenne texane d’Austin, n’était qu’une ébauche. « C’était visionnaire. Je ne voulais plus jamais sortir de là et je me suis dit “je vais faire tout ce que je peux pour que ce truc soit formidable”  », se rappelle le game designer.

Ce qui le séduit immédiatement ? La capacité de Dishonored à inciter le joueur à être créatif, rusé et à improviser plutôt que de foncer dans le tas. Il préfère en effet les expériences qui ne s’offrent pas clé en main aux concepts prémâchés : « On s’approprie émotionnellement un jeu quand il y a quelques frictions intentionnelles, c’est comme ça », détaille-t-il. Dishonored a multiplié les titres de « jeu de l’année 2012 », alimentant les étagères garnies de récompenses hétéroclites dans le hall d’entrée des locaux du studio Arkane, à Lyon, installés dans le quartier de La Confluence.

Cette réussite n’a pas seulement propulsé l’entreprise parmi les studios français les plus excitants de ces dernières années, elle a aussi donné un nouveau départ pour Dinga Bakaba, aujourd’hui directeur d’Arkane Lyon après avoir réalisé un nouveau titre phare, Deathloop (2021).

L'entrée du studio Arkane donne sur un mur entier de récompenses. A Lyon, le 26 septembre 2022.

Des débuts hésitants

A 42 ans, ce Lyonnais d’adoption (il est né à Paris) ne fait aucun mystère des tâtonnements professionnels précédant son arrivée chez Arkane. Installé sur le large canapé d’une salle où sont disposés des rayonnages de consoles et de jeux d’hier et d’aujourd’hui, il remonte à la fin des années 1990. Au lycée, il peine à trouver sa place dans le système scolaire et arrête les études après sa terminale. A cette époque, il pratique intensément la capoeira, art martial brésilien mâtiné de danse et de chant, ce qui l’entraîne à faire de la figuration et participer à des clips vidéo. Sa silhouette affûtée indique d’ailleurs qu’il n’a pas abandonné la discipline ; il enfile le costume d’instructeur de capoeira deux fois par semaine, sur son temps libre.

Le parcours « incroyable » de ses parents, deux émigrés qui ont réalisé leur rêve professionnel, est alors autant un modèle qu’un poids pour le jeune homme. Sa mère, venue d’Algérie, est universitaire. Elle a enseigné la philosophie, la psychologie et s’est longtemps consacrée l’anthropologie africaine. Son père est l’acteur, réalisateur, metteur en scène et scénariste ivoirien Sidiki Bakaba, dont il a brièvement envisagé de suivre les pas. « Ils ont tous les deux pris le parti de dire [à leurs enfants] : “Vous, vous ferez ce que vous voulez et pourrez suivre votre voie.” Curieusement, ça a pu être un petit peu effrayant », raconte-t-il.

Il vous reste 65.86% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.



Source link

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.