Des roches rouges, de la poussière, des falaises érodées… Ce décor tiré d’une séquence de A Plague Tale : Requiem, disponible le 18 octobre sur PC, Nintendo Switch, PlayStation 5 et Xbox Series, a l’air tiré d’un western. Pourtant, aucun cow-boy américain n’a jamais foulé le lieu qui a servi de référence aux équipes des Bordelais du studio Asobo : ces paysages s’inspirent du « Colorado provençal », des carrières d’ocre situées à Rustrel, dans le Luberon (Vaucluse). Après avoir fait évoluer ses deux jeunes personnages dans une région inspirée par la Nouvelle-Aquitaine dans A Plague Tale : Innocence (2019), ce deuxième épisode, qui se tient toujours durant la guerre de Cent Ans, les mène dans le Sud-Est.
La carrière d’ocre, dont les teintes virent du jaune au mauve, a laissé de forts souvenirs à des membres de l’équipe, raconte au Monde le réalisateur Kevin Choteau : « Je m’en souviens car j’y suis allé avec des amis quand j’étais enfant. On y a fait une bataille d’ocre. On s’en est jeté partout, ce qui était une très mauvaise idée. On est sortis de là tout orange mais on avait passé la meilleure journée de notre vie. Ça m’a marqué et j’avais envie d’arriver à placer cet endroit dans A Plague Tale : Requiem. »
La transposition au plus près de paysages français est inhabituelle dans le jeu vidéo. Et ce, malgré le foisonnement de studios sur le territoire, puisque le Syndicat national du jeu vidéo (SNJV) en recensait 700 en 2021. L’Hexagone ne se retrouve que ponctuellement au cœur d’une aventure vidéoludique, comme avec Versailles 1685 : Complot à la cour du Roi-Soleil (1996), de Cryo Interactive, l’épisode parisien d’Assassin’s Creed : Unity (2014), d’Ubisoft (développé à Montréal), ou Card Shark (2022), de Nerial, studio britannique fondé par des Français. Finalement, les joueurs sont plus régulièrement confrontés à des apparitions très stéréotypées du pays : les champs de bataille de la première ou de la seconde guerre mondiale, l’étape parisienne dans un jeu d’aventure à l’échelle mondiale (Hitman), ou la reconstitution de fragments de territoires dans une simulation (Euro Truck Simulator 2).
Fascination pour les Etats-Unis et le Japon
« Quand on élabore des jeux vidéo, on pense forcément à l’international. On espère toujours qu’ils vont se vendre à l’étranger. Et c’est vrai qu’on peut se demander si, en utilisant la France, on ne risque pas de perdre le public étranger », analyse Jehanne Rousseau, fondatrice du studio Spiders. Or, se détacher du marché mondial est difficile, tant cette industrie demande d’importants investissements. Jehanne Rousseau rappelle que sa dernière production, Steelrising (disponible depuis le 8 septembre sur PC, Xbox et PlayStation), a coûté plusieurs millions d’euros et mobilisé une équipe de soixante-quinze personnes, sans compter les collaborateurs externes.
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