Le gouvernement français croit en l’avenir des NFT. Tout en régulant le secteur des œuvres d’art sur la blockchain, l’État a annoncé son intention d’y investir l’argent public.
Le gouvernement français s’ouvre progressivement au secteur des actifs numériques. Peu après les déclarations enthousiastes de Bruno Le Maire, c’est Jean-Noël Barrot, le ministre délégué à la Transition numérique, qui a évoqué les ambitions de la France en la matière.
Ce 18 octobre, le ministre était présent lors de l’ouverture de la NFT Factory, un lieu qui prévoit de « faire connaître les NFT au grand public, de construire et connecter l’écosystème NFT français », à Paris, juste en face du centre Pompidou. Fondée par un collectif de 128 artistes, la structure a également pour projet d’accompagner les start-ups françaises qui se lancent dans les tokens non fongibles (NFT).
Pour mémoire, Jean-Noël Barrot était déjà présent lors de la Binance Blockchain Week en septembre. Le ministre était apparu sur la scène aux côtés de Changpeng Zhao, fondateur de la plate-forme d’échange de cryptomonnaies Binance.
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Soutenir l’essor des NFT avec l’argent public
Dans le cadre de la conférence d’ouverture de la NFT Factory, Jean-Noël Barrot a révélé l’intérêt du gouvernement pour les NFT. Surtout, il a annoncé le souhait de l’État de financer le secteur avec des fonds publics :
« Avec les acteurs mondiaux de la culture, des jeux vidéo et de l’industrie du luxe, la France a tous les atouts pour devenir une plateforme européenne et mondiale des NFT. Il faut que l’on accompagne ce mouvement avec le soutien de l’argent public ».
Cet investissement serait prévu dans le cadre de France 2030, « un plan d’investissement de 30 milliards d’euros déployés sur 5 ans », explique le gouvernement sur son site web. Ce plan d’investissement massif doit faciliter l’émergence « des futurs champions technologiques de demain ».
Lors de sa prise de parole, Jean-Noël Barrot n’a pas dévoilé les montants qui seront débloqués par le gouvernement. Les contours de cette annonce, aux allures d’opération séduction, sont encore indéfinis.
Ce n’est pas la première fois que le gouvernement Macron évoque son intérêt pour les jetons non fongibles sur la blockchain. En pleine campagne présidentielle, Emmanuel Macron s’était en effet engagé à soutenir l’essor des NFT en France. Lors d’une interview accordée à nos confrères de The Big Whale en avril, le président a laissé entendre que la technologie blockchain pourrait aider la France à valoriser son patrimoine culturel :
« Je souhaite que nos principaux établissements culturels développent une politique en matière de NFT, par exemple à travers la valorisation, la diffusion et la protection des jumeaux ou déclinaisons de leurs collections physiques ».
Encadrer et réguler les NFT
En parallèle, Jean-Noël Barrot a assuré qu’il est impératif de mettre en place « un cadre régulatoire pour les NFT, objets encore non identifiés, notamment en matière de sécurité juridique ». Popularisés depuis 2017 auprès des crypto-investisseurs, les NFT échappent encore complètement à la législation française.
De son côté, la législation européenne Mica (pour “Market in crypto assets”) n’encadre que les NFT qui sont liés à un bien ou une œuvre physique. De facto, toutes les créations purement numériques évoluent toujours dans un immense vide juridique. Notez que certains pays travaillent déjà sur une réglementation, comme la Chine.
Interrogé par The Big Whale, le ministre révèle que le gouvernement français va se saisir du sujet des NFT d’ici à la fin de l’année en cours. Une « mission globale sur les NFT » a été confiée à l’Inspection générale des finances afin de « dresser un panorama des usages » et proposer « des pistes d’évolution de la réglementation ».
Le ministre délégué à la Transition numérique précise qu’il faut « savoir faire preuve d’agilité sur la régulation » pour ne pas étouffer l’innovation.
« Les NFT, comme les cryptos ont pu l’être il y a quelques années, sont un objet nouveau qui soulève des questions légitimes. Mais il ne faut pas se placer dans le camp de la peur, mais dans celui de l’ambition », résume Jean-Noël Barrot.
L’ancien député prend l’exemple de Sorare, le jeu de football qui permet de collectionner des cartes virtuelles sous forme de NFT. La start-up française est dans le collimateur de l’Autorité nationale des jeux (ANJ). Le régulateur estime que la firme propose une forme de paris sportifs déguisés. Très mesuré, Jean-Noël Barrot enjoint les organismes de régulation à « trouver les voies pour que l’innovation se développe tout en protégeant les utilisateurs contre certains risques, notamment l’addiction et le blanchiment ».
L’annonce de Jean-Noël Barrot survient dans un contexte difficile pour les tokens non fongibles. Suite au krach des cryptomonnaies, les ventes de NFT se sont effondrées. La valeur de la plupart des collections, comme les Bored Ape Yacht Club de Yuga Labs, s’est considérablement contractée. Mais, en parallèle, les marques et les entreprises continuent de s’intéresser aux tokens non fongibles. Dans le cadre du développement de son métavers, Meta a d’ailleurs ajouté les NFT à ses plates-formes Facebook et Instagram.
Source :
BFM