Avec l’affaire judiciaire French Bukkake et la mise en cause du producteur de porno Pascal Ollitrault (« Pascal OP ») ainsi que son associé, Mathieu L. (« Mat Hadix »), ce sont des traitements criminels dans le monde de la pornographie (viols en réunion, proxénétisme, trafic d’êtres humains) qui sont enfin dénoncés.
Cette affaire a aussi permis d’amorcer la parole sur le sujet de la pornographie et de sa diffusion : la délégation aux droits des femmes et à l’égalité des chances entre les hommes et les femmes vient ainsi de rendre ses conclusions, après plus de six mois d’un travail sans précédent.
Nous, signataires de la présente tribune, souhaitons dire notre soulagement : les violences perpétrées dans le monde de la pornographie, ainsi que l’immédiate accessibilité à ce type de productions sont enfin un sujet d’attention pour les politiques, la société civile, les journalistes.
Bons traitements et salaires justes
En tant que performeurs et performeuses, techniciens plateau, réalisateurs, producteurs, ou personnes concernées, les notions de bons traitements (physiques et psychologiques), de contractualisation, de salaires justes sont au cœur de nos préoccupations quotidiennes. Certains d’entre nous ont d’ailleurs été victimes de violences et/ou de mauvais traitements dans le cadre d’activité pornographique et ont fait le choix de poursuivre en solo ou aux côtés de petites productions réputées pour leur éthique.
Il nous paraît important, aujourd’hui, et alors que ce sujet trop longtemps placardisé requiert enfin attention et réflexion, de redire que comportements criminels et pornographie ne sont pas fatalement liés. Dans notre quotidien de travailleurs du sexe (TDS), nous faisons le choix de conduites et de process de fabrication réfléchis et sécurisés pour tous.
Cette mise en œuvre n’a rien de « marketing » : elle nous permet de protéger l’ensemble des personnes qui travaillent sur nos contenus et s’inscrit dans une éthique plus générale visant une sexualité plus sûre pour chacun et plus libre pour tous.
Il nous semble essentiel, comme le propose la délégation aux droits des femmes, d’« imposer dans le débat public la lutte contre les violences pornographiques » et de « faciliter les suppressions de contenus illicites et le droit à l’oubli » – nous sommes nombreux à avoir bataillé, souvent en vain, pour notre droit à l’image.
Un terrain politique majeur
Il est également fondamental que les pouvoirs publics ne déclarent pas forfait face aux « tubes » – ces sites accessibles en un clic qui diffusent du porno gratuit. Consommer de la pornographie n’est pas un acte anodin et devrait être réglementé – et sans accès aucun pour les mineurs.
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