Directeur général de l’Agence spatiale européenne (ESA), Josef Aschbacher a confirmé la mauvaise nouvelle pour le lanceur européen Ariane 6. C’est un nouveau retard pour son vol inaugural qui est désormais prévu pour le quatrième trimestre 2023.
Le patron de l’ESA souligne en outre qu’il s’agit d’une date planifiée, en insistant sur le fait que le programme devra encore franchir un certain nombre d’étapes afin qu’un tel calendrier demeure valable. Reporté à plusieurs reprises, rappelons que le premier vol du successeur d’Ariane 5 devait initialement avoir lieu en 2020.
Pourtant, il y avait un regain d’optimisme concernant la date du vol inaugural d’Ariane 6. Les essais de mise à feu de l’étage supérieur Vinci ont débuté à Lampoldshausen en Allemagne. Dans le même temps et pour des essais combinés, une première Ariane 6 complète – qui ne volera pas – a été assemblée sur son pas de tir au port spatial européen de Kourou en Guyane.
L’indépendance de l’Europe avec Ariane 6
Directeur du transport spatial de l’ESA, Daniel Neuenschwander rappelle (… si besoin) toute l’importance d’Ariane 6 – au coût de près de 4 milliards d’euros – afin de garantir à l’Europe un accès indépendant à l’espace.
Avec une version à deux boosters et une autre à quatre boosters, Ariane 6 doit notamment permettre l’envoi de charges utiles de 4,5 à 12 tonnes en orbite de transfert géostationnaire, le déploiement de constellations entières de satellites en orbite basse.
Ariane 6 offre ainsi une plus grande polyvalence pour des missions par rapport à Ariane 5, et avec des atouts comme un moteur-fusée Vinci réallumable jusqu’à quatre fois qui permettra d’ajuster une trajectoire pour le placement précis sur orbite d’une charge utile.
Ariane 5 s’arrête en avril 2023
Après le vol inaugural, un peu moins d’une trentaine de lancements sont d’ores et déjà prévus pour Ariane 6 avec des prix inférieurs de 40 % à 50 % à ceux d’Ariane 5. Cela comprend le contrat historique d’Arianespace avec Amazon pour participer avec 18 lancements au déploiement de sa constellation Kuiper d’accès à Internet.
Parmi le plus pressé en 2023, il y a des lancements pour l’ESA avec des satellites Galileo, Euclide (télescope spatial) et Electra (plateforme de propulsion uniquement électrique pour des satellites géostationnaires). Avec le nouveau retard pour le vol inaugural d’Ariane 6, il va falloir trouver des solutions. Arianespace semble en tout cas plutôt confiant pour ses contrats.
Il ne reste plus que trois vols à effectuer pour Ariane 5, dont l’ultime en avril 2023 avec la mission JUICE (Jupiter Icy Moons Explorer) de l’ESA. La question se pose alors de savoir si en attendant Ariane 6, l’Europe sera dans l’obligation de se tourner vers un acteur comme SpaceX pour ses missions au-delà de l’orbite terrestre basse qui ne sont pas dans les cordes du lanceur léger européen Vega-C.
(MàJ : L’ESA se tourne vers SpaceX et son lanceur Falcon 9 pour la mission Euclide et pour la mission Hera qui ira observer de près les conséquences de l’impact de DART sur l’astéroïde Dimorphos).