Meta a perdu des sommes colossales à cause du métavers. Face à des actionnaires de plus en plus inquiets, Mark Zuckerberg continue de défendre sa stratégie à long terme.
Meta vient de lever le voile sur ses résultats financiers pour le troisième trimestre 2022. Le groupe californien annonce un chiffre d’affaires de 27,71 milliards de dollars, en recul de 4 % sur un an. De son côté, le bénéfice net s’est établi à 4,40 milliards de dollars, en baisse de 52 % par rapport au troisième trimestre de 2021. En résumé, tous les indicateurs sont dans le rouge.
Dans ce contexte, l’action boursière de l’entreprise s’est effondrée. Après l’annonce des résultats trimestriels, l’action a perdu près de 20 % dans les échanges hors séance à la Bourse de New York. Surtout, la valorisation de Meta a été divisée par trois en l’espace d’un an. En septembre 2021, le groupe valait encore plus de 1 000 milliards de dollars, contre moins de 350 milliards de dollars actuellement.
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21 milliards de dollars de pertes en deux ans
Les résultats de Meta sont notamment affectés par les lourdes pertes enregistrées par Reality Labs, la division consacrée au métavers. En l’espace de trois mois, la section spécialisée dans la réalité virtuelle et augmentée a perdu 3,6 milliards de dollars.
Ces pertes s’additionnent aux résultats désastreux des trimestres précédents. Au second trimestre, Reality Labs a en effet coûté 2,8 milliards de dollars à Meta. En seulement deux ans, la division a englouti plus de 21 milliards de dollars. De l’aveu de Meta, le bilan financier de Reality Labs ne va pas s’arranger de si tôt.
« Nous prévoyons que les pertes d’exploitation de Reality Labs en 2023 augmenteront considérablement d’une année sur l’autre », met en garde Meta dans un communiqué destiné aux investisseurs.
Ces investissements massifs dans le métavers ont progressivement grignoté la trésorerie du géant de la Silicon Valley. Fin 2021, Meta disposait encore de 12,4 milliards de dollars de cash-flow. Depuis, la trésorerie s’est évaporée, avec une perte moyenne de 4 milliards de dollars par trimestre.
En dépit des investissements colossaux de Meta, son métavers peine encore à attirer les internautes. Lancé fin 2021, Horizon Worlds, le monde en réalité virtuelle de la firme, n’a pas encore atteint ses objectifs. Avec moins de 200 000 utilisateurs actifs mensuels, ce métavers ressemble un désert numérique. La plate-forme ne séduit pas non plus les employés de Meta. D’après un mémo interne, les salariés du groupe négligent de se connecter à Horizon Worlds à cause des nombreux bugs qui polluent l’expérience.
On ne s’étonnera donc pas que les actionnaires ne soient pas convaincus par les investissements colossaux de Meta dans le métavers. En amont de la présentation, Brad Gerstner, un important actionnaire du groupe, a réclamé des mesures fortes pour réduire les coûts. Il recommande surtout que les sommes annuelles injectées dans Reality Labs ne dépassent pas les 5 milliards de dollars, soit la moitié des dépenses actuelles.
« En même temps que Meta a augmenté ses dépenses, vous avez perdu la confiance des investisseurs », estime Brad Gerstner dans une lettre ouverte adressée à la firme.
Le métavers envers et contre tous
Face à la pression des actionnaires, Mark Zuckerberg défend fermement sa stratégie. Le fondateur de Facebook assure que les investissements réalisés pour développer le métavers finiront un jour par payer. Pour lui, les actionnaires doivent prendre du recul et penser à l’avenir de la firme sur le long terme.
« Je comprends que beaucoup de gens pourraient être en désaccord avec cet investissement, mais d’après ce que je peux dire, je pense que ce sera une chose très importante. Les gens regarderont en arrière dans une décennie et parleront de l’importance du travail effectué ici », déclare Mark Zuckerberg.
Aux dires de Mark Zuckerberg, Reality Labs ne sera rentable qu’en 2030, quand la réalité virtuelle et augmentée se sera démocratisée. Le métavers reste de ce fait la priorité absolue de l’entreprise. Bien décidé à « augmenter le revenu d’exploitation global de l’entreprise à long terme », Meta prévoit donc d’accélérer les investissements de Reality Labs à partir de 2023. Pour le groupe, le développement du métavers est essentiel à sa croissance.
« Il reste encore un long chemin à parcourir pour construire la prochaine plate-forme informatique, mais nous faisons clairement un travail de leader ici. […] Je pense que notre travail ici est d’une importance historique, » assure le milliardaire.
Meta a néanmoins consenti à réaliser quelques coupes budgétaires. Par exemple, le groupe californien a annulé la sortie de ses premières lunettes de réalité augmentée. La firme préfère se concentrer sur la conception de la seconde génération, plus orientée grand public. Meta a de plus tiré un trait sur sa montre connectée dédiée au métavers.
Pour assainir son bilan financier, Meta prévoit aussi de ralentir les embauches et de réduire certaines équipes. Néanmoins, Mark Zuckerberg ne prévoit pas de licencier une grande partie de ses effectifs pour redresser la barre :
« Dans l’ensemble, nous prévoyons de terminer 2023 soit à peu près de la même taille, soit en étant une organisation légèrement plus petite que nous ne le sommes aujourd’hui ».
Source :
Meta