Alors que les X-H2 et H-H2s ciblent surtout les photographes venant des reflex et des autres marques avec leur ergonomie PASM, le X-T5 s’adresse surtout aux fans de la prise en main Fujifilm. Qui veulent profiter du nouveau capteur de 40 Mpix sans délaisser l’ergonomie rétro et les contrôles mécaniques qui ont fait le succès de Fuji.
La série « X-T » de Fujifilm fait un grand bond dans les hautes définitions d’image ! Après être resté bloqué pendant deux générations à 26 Mpix – X-T3 et X-T4 – voici que le nouvel X-T5 embarque un beau capteur APS-C de 40,2 Mpix, le X- Trans CMOS 5 HR (HR pour high resolution). De quoi permettre de plus sérieux recadrage ou améliorer la précision des images… pour peu que vos optiques suivent ! Fujifilm a d’ailleurs publié une liste des optiques dont le pouvoir séparateur (la précision, en gros) est adaptée à ce nouveau capteur.
Par rapport au X-T4 à qui il succède, le X-T5 est évidemment mis à niveau sur tous les plans. Il y a déjà la stabilisation mécanique du capteur (qui passe de 6,5 à 7 vitesses). Mais aussi un nouveau processeur (le X-Processor 5), un écran un peu plus défini (1,84 mpix contre 1,62 par le passé), un nouveau système autofocus amélioré grâce à l’iA. Ou encore une nouvelle simulation de film Nostalgic Neg (tons doux et saturation élevée), une balance des blancs améliorée par apprentissage machine, un mode Pixel Shit qui atteint désormais 160 Mpix (20 images sur trépied), la prise en charge du format HEIF, etc. La liste des améliorations est longue comme le bras et les utilisateurs de X-T4 devraient voir une énorme différence non seulement de qualité d’image, mais aussi de performances générales.
Si vous avez un peu suivi l’actualité de Fujifilm ces derniers mois, il est bien possible que cette fiche technique vous semble familière. En effet, le X-T5 est bien la copie (quasi) conforme du X-H2 annoncé cet été. À deux détails près…
Pas de vidéo 8K : moins cher, moins de chaleur et 100g de moins
Une des forces du X-H2s est sa prise en charge, pour la première fois dans l’histoire des boîtiers Fujifilm, du standard vidéo 8K (7680 × 4320 points). Une prouesse non seulement rendue possible par la définition de 40 Mpix – la 8K c’est 33,17 Mpix ! – et par la puissance du processeur X-Processor 5. Quoi qu’il soit équipé du même couple capteur/processeur, si le X-T5 s’affiche à 250 € de moins que son grand frère, c’est parce qu’il fait l’impasse sur la 8K. Et se contente d’une définition maximale déjà intéressante de 6,2K – allant jusqu’à 30i/s et 360 Mbit/s (10 bits, h.265 All-I). Ainsi que d’une horde de mode vidéo en définitions inférieures : 4KDCI 60p en 17/9e, FHD 240p, etc.
Le retrait de la 8K n’est pas uniquement une segmentation marketing classique – je castre le produit et je le vends moins cher. Parce que le X-H2 dispose d’un châssis et d’un système de refroidissement adaptés à la dissipation de chaleur qu’implique la vidéo 8K. Du capteur au processeur, en passant par le contrôleur mémoire CF Express B (le seul capable de tenir les 3,5 Gbit/s de la 8K en ProRes 422 HQ), tous les composants chauffent bien plus en 8K qu’en « simple » 6k. Logique : les 33 Mpix représentent un supplément de puissance de calcul de 50% par rapport aux 21 Mpix de la 6K (6240 x 3510). En limitant la montée en puissance du processeur, les dissipateurs et autres caloducs – et parfois même systèmes de ventilation ! – ne sont plus utiles.
De okysn en faisant l’impasse sur ce mode vidéo, Fujifilm fait économiser non seulement un peu d’argent, mais aussi du poids à l’appareil. Et pas qu’un peu : 103 grammes exactement (557 g contre 660 g pour le X-H2). Un avantage qui vient renforcer la seconde différence entre les deux boîtiers. Qui n’est pas d’ordre électronique mais ergonomique. Et sans doute la plus importante.
Un boîtier pensé pour les puristes de Fuji
Fujifilm a deux audiences et il le sait : alors que le japonais a annoncé récemment deux boîtiers de la gamme X-H (X-H2 et X-H2S), le voici qui lance un troisième boîtier hybride APS-C, le X-T5. On pourrait douter de la pertinence de lancer un troisième boîtier, d’autant plus qu’il ne coûte que 250 € de moins que le X-H2. Ce serait ne pas prendre en compte que Fujifilm est un cas à part dans le monde des hybrides : alors que Canon, Nikon et Sony vendaient des reflex numériques, Fujifilm n’a quasiment pas existé à cette époque (il a développé quelques boîtiers en monture Nikon F, sans grand succès… et sans vendre d’optiques !).
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Du coup, en tant qu’outsider, Fujifilm a muri et développé ses différences avec le X100 premier du nom, mais aussi et surtout avec le X-Pro 1 et ses successeurs. Une stratégie gagnante qui a permis à Fujifilm de travailler ses niches, de (re)créer son identité, de travailler son image. Image basée sur l’allure et les commandes rétro (usages de molettes, etc). Seulement voilà, pour se développer au-delà de son cercle de fidèle – ce que la marque peut désormais faire – il lui faut non seulement lutter contre des concurrents. Mais aussi contre les habitudes, notamment ergonomiques, de ses potentiels clients, rompus à prise en main reflex, mais potentiellement déstabilisés par les molettes mécaniques à l’ancienne. Avec leur mode PASM, les X-H ont cette ambition d’accueillir plus facilement un public venant d’utilisateurs d’autres systèmes.
En cela, la « castration » vidéo 8K du X-T5, qui se contente de la 6K (ce qui est déjà pas mal), est plutôt logique : le public de Fujistes « de cœur » est bien moins tourné vers la vidéo. Le prix tout juste en dessous de 2000 € et une partition photo extrêmement solide ont largement de quoi lui permettre de séduire les amoureux de « la belle image ».
Le Fujifilm sera disponible dès le 17 novembre en deux coloris – noir ou argenté – en différents kits :
- X-T5 noir ou argenté boîtier nu : 1999 €
- X-T5 avec le zoom XF18-55mm F2.8 R LM OIS : 2399 €
- X-T5 avec le zoom XF16-80mm F4 R OIS WR : 2499 €
Sa poignée pour améliorer la prise en main sera lancée à 149 €