Il paraît loin le temps où l’Apple TV était qualifiée de hobby par Steve Jobs, comme pour excuser qu’on n’y était pas encore tout à fait. Le chemin depuis a été long, et entretemps le cofondateur d’Apple a tiré sa révérence, non sans avoir laissé entendre, dans sa biographie autorisée, qu’il avait trouvé la solution pour la TV de demain…
Depuis, chaque nouvelle itération de l’Apple TV fait donc lever un sourcil, sera-t-elle ce qui incarne le renouveau de la consommation de la télévision ? Dans les faits, depuis qu’elle s’est offert un App Store et des processeurs de plus en plus performants pour pouvoir satisfaire éventuellement quelques joueurs et afficher de la 4K sans broncher, le hobby s’est paré d’un air bien sérieux, au point qu’il peut prétendre aux sommets du genre.
Un prix… en baisse… Oui, en baisse !
La troisième génération d’Apple TV 4K (et septième génération en tout) continue à emprunter ce long chemin, fait de bonnes idées, de petits ratés, d’intégration incroyable, et d’applications. Mais avant d’aller plus loin et de nous intéresser à ces nouveautés, poussons les meubles et le tapis pour danser guilleretement sur place. Il n’en faut pas moins pour célébrer un fait rarissime dans l’univers d’Apple, surtout en ce moment, l’Apple TV 2022 est… moins chère que le modèle précédent ! Haut les cœurs !
Le boîtier est décliné en deux versions – le modèle HD a pris sa retraite – et embarque désormais 64 et 128 Go de stockage, contre 32 ou 64 précédemment. Le prix d’appel est fixé à 169 euros, soit trente euros de moins que l’an dernier, tandis que le modèle le plus complet est vendu à 189 euros. Ce sont toujours trente euros de moins que sur l’Apple TV équivalente l’an dernier. Ne cachons pas notre plaisir, parce que cela rend ce produit vraiment plus facile à recommander. Le fait qu’Apple soit confronté à une forte concurrence sur ce segment dans le monde et en particulier aux États-Unis n’y est, bien sûr, pour rien… Hum.
Apple TV 4K (3e génération) 64 Go au meilleur prix Prix de base : 169 €
Apple TV, pareil mais différent
Si on joue maintenant au jeu des différences avec la génération précédente, et sans même avoir à l’ouvrir avec un pied de biche, on constate rapidement que l’Apple TV 2022 est bien plus… compacte. Apple, qui aime les chiffres plus encore que nous, met un 20% sur cette réduction de la taille du boîtier. Comment ? Pourquoi ? Parce que ses ingénieurs ont réussi à passer par-dessus bord le ventilateur (très discret) qui squattait le modèle précédent. La nouvelle puce – on en parle un peu plus loin – est refroidie de manière passive, cela signifie que la petite box opère dans un silence parfait. Sauf si vous arrivez à entendre les électrons se déplacer dans le SoC. Dans ce cas, un conseil, consultez.
On salue cette réduction de l’encombrement, et on aimerait s’enthousiasmer devant le poids total divisé par deux – mais dans les faits, l’Apple TV, discrète et design, se pose à côté d’un téléviseur ou d’un vidéoprojecteur pour ne plus bouger ensuite. Néanmoins, réjouissons-nous pour ceux qui veulent la cacher un peu…
C’est d’ailleurs cette discrétion qui nous fait excuser que le design n’ait pas évolué davantage. Tant qu’Apple n’intégrera pas son Apple TV dans une barre de son, un HomePod, ou dans un dongle HDMI hyper compact, on se satisfera vraisemblablement de ce pavé noir, aux tranches verticales arrondies, aux arêtes nettes, qui s’entête à prendre la poussière, comme tout le reste de notre installation hi-fi. On essaiera d’oublier le calvaire des côtés brillants et du mat de la partie supérieure du boîtier, qui semblent nous crier : « mais époussette-moi, enfin ! ». En portant des gants de préférences, si vous êtes allergiques aux traces de doigts…
Quoi qu’il en soit, le passage de l’Apple TV chez les réducteurs de tête a provoqué un chambardement majeur (non) à l’arrière du boîtier. Croyez-le si vous le voulez, mais si l’alimentation est toujours positionnée à gauche, le port HDMI et le port Ethernet ont échangé leur place. Oui, nous en sommes tout tourneboulés. Cette inversion est sans doute due au fait que le port Gigabit Ethernet est désormais une option. Pourquoi ? Parce que. Ah.
Car, oui, les deux Apple TV 4K 2022 ne se différencient pas seulement par leur capacité de stockage, le modèle à 189 euros propose en plus une prise Ethernet… Un bon moyen d’assurer de bons débits, si la connexion Wi-Fi 6 (et pas 6E, comme on aurait pu l’espérer depuis l’apparition de la technologie sans-fil dans les derniers iPad Pro) montre parfois des signes de faiblesse. Évidemment, on gagnera alors en stabilité des débits ce qu’on perdra en facilité et discrétion d’installation.
Et puisqu’on parle de fil, rappelons que l’Apple TV est compatible avec le HDMI 2.1. Eh oui, c’était déjà le cas l’an dernier. Tout comme on retrouve une compatibilité avec la norme Bluetooth 5.0, et pas 5.2. Damned. Et puisqu’on joue au grand jeu du « tout pareil », remarquons que, cette année encore, l’Apple TV est compatible avec la technologie Thread. Attention toutefois, ce n’est le cas que pour le modèle le plus coûteux. Et c’est bien dommage, car ce protocole domotique est au cœur de Matter, qui promet d’être la technologie universelle pour unir nos appareils connectés. Or, Matter vient d’arriver, en retard certes, mais enfin.
Le modèle à 189 euros pourra donc gérer les ampoules, prises, volets, sorbetières, lance-flammes et autres équipements qu’on trouve dans toute bonne maison moderne s’ils sont compatibles HomeKit ou Matter, en passant par la connexion Thread.
Si vous préférez la version à 169 euros, il faudra compter sur un autre appareil pour être un pont ou routeur. Bonne nouvelle, les HomePod mini peuvent jouer ce rôle. Bref, il est encore trop tôt pour savoir si Matter va vraiment changer le monde, mais l’Apple TV 4K 2022 la plus coûteuse devrait normalement pouvoir vous aider dans votre rêve de connexion simplifiée de votre domicile.
Puissance, gloire et HDR10+
Le modèle sorti l’an dernier, en 2021, donc, avait eu droit à une puce A12 Bionic, lancée en 2018. Dire qu’on a été déçu de ses performances au quotidien serait un mensonge éhonté. Néanmoins, on ne peut que se réjouir de voir arriver l’A15 Bionic dans cette génération-ci. Oui, c’est la puce qui a donné vie aux iPhone 13 l’an dernier, et bat encore au cœur des iPhone 14 et 14 Plus cette année.
À franchement parler, ceux qui utilisent une Apple TV 4K ne sentiront pas forcément de grosses différences – un poil de fluidité en plus parfois ? En revanche, on note une plus grande réactivité dans le multitâche quand on passe d’une application à une autre par exemple, ou même au lancement d’une appli entre l’Apple TV 4K de 2017, équipée d’un A10X Fusion, et cette itération. Vous l’aurez compris, si vous avez le modèle sorti l’an dernier, ne comptez pas sur nous pour vous inciter à l’achat… Pas sûr, en effet, que le changement s’impose. Évidemment, si vous réfléchissez à remplacer votre Apple TV HD, sorti en 2015, vous devriez vraiment y gagner, son Apple A8 sera sans l’ombre d’un doute surclassé…
Quel intérêt a donc ce SoC plus récent ? Tout d’abord, un surcroît de puissance pour maintenant, notamment dans les jeux. Qui dira le plaisir de (re)jouer à Dead Cells sur une nouvelle plate-forme avec une vraie manette en main – manette de PS5, de Xbox Series, 8bitdo diverses et variées, etc. De la puissance aussi pour demain, avec l’assurance que tvOS apportera ses nouveautés sans que l’utilisation en souffre.
Cette nouvelle puce permet aussi le support du HDR10+, pour un rendu des images encore plus beau, mieux contrasté, détaillé et fidèle… Si votre téléviseur est compatible avec Dolby Vision, vous pouvez aller vous cherchez un carré de chocolat, peu vous chaut – chocolat chaud, du coup ? En revanche, si vous êtes un adepte de Samsung, ce peut être une bonne nouvelle. Vous allez enfin pouvoir profiter du meilleur de la HDR avec une Apple TV et votre téléviseur…
Siri Remote, toujours aussi bien, toujours aussi perfectible
Si, comme on l’a dit plus haut, l’Apple TV se fait oublier, car elle fonctionne comme une horloge, ce n’est pas le cas de la télécommande Siri. Bonne nouvelle… Rien ne change. Enfin, si. La Siri Remote 2022 abandonne son port Lightning, qui sert à la recharger, et adopte l’USB-C – sans fournir de câble. Oui, l’iPhone doit sentir le couperet se rapprocher.
Pour le reste, le boîtier en aluminium résistant aux petites chutes du quotidien est inchangé. On retrouve les mêmes boutons, disposés de la même manière. L’ergonomie est toujours aussi bonne, en grande partie aussi parce qu’elle est pensée pour une interface spécifique, celle de tvOS – on y reviendra.
Ainsi, on ne saurait dire assez à quel point le clickpad est un plaisir à utiliser, que ce soit pour valider un choix, pour se déplacer rapidement d’un menu à un autre ou pour passer en un souffle une scène et rejouer encore et encore votre moment préféré de l’épisode 8 de la saison 1 de Ted Lasso. Ne faites pas les innocents, vous voyez exactement de quoi on parle…
En définitive, pour finir avec la Siri Remote, on ne regrettera vraiment que deux choses. La première est que le bouton Lecture/Pause ne soit toujours pas phosphorescent ou rétroéclairé, ou distinguable facilement du bout du doigt dans le noir. Cela permettrait de plus rapidement arrêter un film quand l’appel de la nature est trop pressant ou qu’une bonne âme se décide à aller chercher du chocolat pendant un marathon de la dernière série en date.
Le second regret tient au fait qu’Apple n’a pas jugé bon de glisser une puce U1 dans sa télécommande. Elle est certes plus difficile à perdre que le modèle précédent, mais espérons que votre canapé n’est pas trop affamé… ou que la pile de journaux et revues sur votre table basse ne va pas provoquer un tsunami et la cacher au loin. Vous ne pourrez en effet pas la localiser à la façon d’un AirTag.
Enfin, ce n’est pas véritablement un regret, plutôt une constatation : après un an d’utilisation plutôt intensive, certains membres de notre famille ont toujours tendance à oublier la présence du bouton Siri – qu’on aimerait pouvoir invoquer sans forcément appuyer sur le bouton d’ailleurs. La question est de savoir si c’est le cas parce qu’il est mal placé ou parce que Siri sur Apple TV donne toujours l’impression d’être une version allégée de l’assistant personnel d’Apple.
tvOS, des progrès, des ajustements
Car Siri dans tvOS a toujours parfois des moments d’ahurissement ahurissants. Pourquoi Apple ne fait-il pas en sorte qu’il y ait davantage d’unité entre ses différents périphériques ? On a bien trop souvent droit à une excuse quand on demande une information, même si les choses vont en s’améliorant. Ainsi, on peut demander des films avec George Clooney, mais pas son âge, par exemple. On peut aussi interroger Siri sur le casting quand on regarde un film ou une série sur Apple TV+… Mais cela ne fonctionne en revanche pas quand vous binge watchez sur Netflix ou Amazon Prime.
Ces petites inégalités, ce manque d’homogénéité entre les applications et entre les versions de Siri, montrent à quel point l’Apple TV est un produit pensé pour l’écosystème Apple, certes ouvert aux autres services au travers des applications, mais où la meilleure expérience passe par les applis maison.
Ainsi, on peut tout à fait entrer dans le salon et, pour peu qu’on ait des HomePod, demander à la cantonade : « Dis Siri, lance Ted Lasso sur l’Apple TV », et voir l’Apple TV allumer notre téléviseur ou vidéoprojecteur et lancer tranquillement l’épisode demandé. En revanche, ce n’est pas possible de faire la même chose avec The Witcher, sur Netflix, par exemple. Il y a donc du travail encore pour intégrer les autres services.
En l’espèce, Apple n’est d’ailleurs pas forcément celui à qui il faut reprocher ces petits travers. Pourquoi Amazon, qui propose ces propres boîtiers, offrirait-il une expérience optimale sur Apple TV ?
Quoi qu’il en soit, si Siri est parfois un peu « bête », il est capable de vous donner les derniers résultats sportifs, d’ouvrir une application, et devrait être prochainement capable de distinguer votre voix de celle de votre femme, ou de vos enfants (même en français) pour vous proposer des recommandations davantage personnalisées quand vous lui demandez.
Par ailleurs, Apple a fait évoluer l’interface de tvOS, notamment pour ce qui concerne Siri. L’assistant n’occupe plus tout l’espace d’affichage. Les réponses à vos questions ou choix affichés s’affichent dans des bulles sur le côté de l’écran. Il est ainsi possible de continuer à regarder une série tout en consultant une information complémentaire.
Sans réussir vraiment à mettre totalement le doigt dessus, on trouve également que l’appli Apple TV s’avère par moment frustrante. C’est sans doute parce qu’elle ne peut pas centraliser les contenus de toutes les applications installées, ce qui fait qu’on a tendance à préférer parfois passer d’un Disney+ à un Netflix ou à un Amazon Prime, appli par appli, sans consulter ce hub qu’Apple espère central.
Apple TV 4K (3e génération) 128 Go au meilleur prix Prix de base : 189 €
Malgré cela, l’Apple TV offre une expérience télévisée de premier plan, un peu ouverte sur le Web, avec l’application YouTube par exemple.
Avec cette itération de tvOS, Apple facilite encore la vie des utilisateurs de ses autres produits. Il y a bien sûr la possibilité de faire de ses HomePod des enceintes, ou au contraire d’utiliser ses AirPods pour regarder une série sans déranger personne. L’iPhone joue aussi un rôle primordial dans l’utilisation de la petite box.
Lors de sa configuration, évidemment. Il suffit d’approcher son téléphone et tout est transféré. Il ne nous a fallu que deux minutes et une quarantaine de secondes pour que cette Apple TV soit opérationnelle. Chaque fois qu’il fallait nous identifier dans une application, comme Netflix, Face ID sur notre iPhone nous permettait de remplir automatiquement les champs d’identifiants et mots de passe. On touche vraiment là à l’essence de l’intégration entre matériel et logiciel, quand les petits points bloquants sont estompés, voire effacés. Mais l’iPhone n’est pas utile seulement quand vous configurez l’Apple TV, vous pouvez aussi vous en servir comme d’une télécommande à tout moment, pour saisir le titre d’un film plus rapidement, par exemple.
Enfin, l’Apple TV est aussi, et on l’a laissé entendre plus haut, un moyen de jouer. Le gain en espace de stockage servira clairement cet usage. Que ce soit avec Apple Arcade ou depuis le Store classique, il est possible d’accéder à une quantité de jeux assez invraisemblable. Bien sûr, il y a très peu d’équivalents AAA, mais il y a néanmoins de nombreux jeux qui valent la peine. Non, l’Apple TV n’est pas une PS5 killer. Elle pourra toutefois vous distraire quelques longues heures, que ce soit en jouant ou en regardant des films ou séries.