pourquoi les streameuses sont autant exposées à la haine en ligne

pourquoi les streameuses sont autant exposées à la haine en ligne


Propos sexistes, sexualisation, menaces, violences, harcèlement, mais aussi difficulté à pouvoir se filmer ou à jouer en ligne comme elles l’entendent : nombre de streameuses françaises ont encore une fois, fin octobre, partagé publiquement leurs témoignages et les comportements d’internautes avec lesquels elles doivent composer au quotidien, sur la plate-forme Twitch notamment. Avec de véritables conséquences sur leur santé mentale et physique, mais aussi sur leur carrière de joueuses.

Lire les témoignages : Article réservé à nos abonnés Paroles de streameuses harcelées sur Twitch : « J’aimerais tellement en avoir rien à faire. Comme mes copains vidéastes, ne pas y penser et me marrer »

Si cette hostilité s’explique en partie par le sexisme qui traverse structurellement la société, des particularités liées aux mondes du stream et du jeu vidéo l’alimentent d’autant plus. Depuis que la pratique de se filmer en train de jouer en direct s’est développée dans le courant des années 2010, certains joueurs et joueuses ont en effet tissé des liens particulièrement forts avec leur public, sous la forme de relations parasociales. Ce terme, développé en sciences sociales dès les années 1950, désigne le rapport entre un spectateur et une personnalité publique, une célébrité ou un personnage de fiction.

Des relations parasociales exacerbées

Au départ, ces relations étaient à sens unique : avant l’arrivée d’Internet, une personne qui adulait une actrice, par exemple, avait très peu de chance de pouvoir un jour entrer en contact avec elle, cette dernière n’ayant même pas conscience de son existence.

Mais ces relations connaissent depuis peu des formes d’interaction. Sur Twitch en particulier, les streameurs sont encouragés à réagir et répondre aux commentaires écrits en direct par leur public. « Ceux qu’on appelle fréquemment les microcélébrités parlent souvent directement à ceux qui les écoutent, raconte Chrissy Cook, chercheuse à l’université nationale Chengchi à Taipei, spécialiste de la psychologie des médias et des phénomènes de trolling en ligne. Dès lors, la communication est bidirectionnelle. Il se peut aussi que la connexion et l’identification soient renforcées par le fait que le fan et la microcélébrité partagent un loisir commun. »

La connexion émotionnelle du public peut dès lors flirter avec un sentiment d’amitié, suggère de son côté Tim Wulf, psychologue des médias :

« Contrairement aux présentateurs télé que nous ne choisissons pas, sur les plates-formes, nous pouvons suivre qui nous aimons et qui pourrait aussi nous ressembler. Ensuite, la plupart des streameurs diffusent plusieurs heures par jour, et de façon constante. Cela peut nous donner le sentiment de traîner avec eux un bout de temps. »

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