Et si Volkswagen nous refaisait le coup de la new Beetle ? Ce petit tour de magie, qui s’appuie sur la fibre nostalgique de chacun pour ressusciter un souvenir automobile d’un autre temps, est à nouveau à l’œuvre. Après avoir lancé ses premiers modèles électriques avec l’ID.3, l’ID.4 et l’ID.5, la marque allemande compte bien mettre un peu de couleur dans sa gamme zéro émission avec un modèle pour le moins original. L’ID.Buzz n’a pas que du buzz dans son nom.
Cette version revisitée du mythique Combi des années 1960 est une promesse électrique pour les baroudeurs, les couples en quête d’évasion ou de van life, mais aussi des professionnels puisque l’ID.Buzz sera aussi décliné dans une version Cargo. Mais suffit-il de mettre à jour de vieilles esquisses du Bulli, et de reprendre l’architecture de base des ID pour créer un nouveau phénomène ? Pour s’en rendre compte, rien de mieux que de prendre en main la bête.
Nous aurions pu filer vers la Californie, au son des Mamas and Papas ou de Creedence, mais c’est au Portugal, sur la côte lisboète que les dieux des essais autos ont préféré nous mener. Qu’importe la destination, c’est le chemin qui compte et à bord de cet ID.Buzz, celui-ci n’est pas dénué d’intérêt.
Un peu de Woodstock dans nos vies
Esthétiquement parlant, l’ID.Buzz, de Volkswagen, a tout d’un coup de cœur en puissance. Ses traits arrondis, sa bouille amicale et ses proportions joviales n’ont rien de commun avec les voitures terre à terre que nous voyons tout au long de l’année. Il reprend surtout les traits caractéristiques d’un mythe, d’une légende de l’automobile : le Combi. Celui-ci n’a pas bâti sa réputation sur un bruit de moteur ou des prouesses sur circuit. Non, le Combi ou Buly a été le symbole d’un mode de vie, d’un certain état d’esprit. Cette image lui colle toujours à la peau.
D’ailleurs, il y a des signes qui ne trompent pas. Rarement au cours de nos divers essais, nous n’avions été autant interpellés au volant d’un véhicule. Pas un rond-point sans que des têtes se retournent à notre approche, pas un arrêt sans que des badauds demandent à voir l’ID.Buzz de plus près, des pouces levés à notre passage… Aucun doute, la version électrique du combi jouit d’un capital sympathie exceptionnel.
Volkswagen n’a d’ailleurs rien laissé au hasard dans le design de cet ID.Buzz. Peinture bicolore de série, un avant en V pour former un sourire et un logo estampé et surdimensionné, la nouvelle version du T1 est une évolution évidente de celle sortie en 1950. 72 ans plus tard, les traits se sont adoucis, et la face arrière a gagné en modernité, c’est logique, mais la bouille indémodable du Bulli, elle, est bien là.
Vie à bord : la touche ID, des clins d’œil et un maximum d’espace
Si le premier contact avec l’ID.Buzz est on ne peut plus plaisant, que se passe-t-il lorsqu’on monte à bord ? Il y a d’abord une sensation de grandeur, l’habitacle étant particulièrement spacieux. Cet intérieur justement, il a été fabriqué en utilisant de nombreux matériaux recyclables, pour la sellerie ou les ceintures de sécurité par exemple. La démarche est intéressante et tend à se multiplier chez les constructeurs auto, mais n’est pas nécessairement synonyme de qualité. Or certains éléments de la planche de bord ne sont pas du même acabit que ce que VW a pu proposer ces dernières années.
Au final, nous sommes plutôt confortablement installés dans cet ID.Buzz, ce qui laisse le temps de trouver tous les easter eggs que ses concepteurs ont disséminé un peu partout. Les clins d’œil sont nombreux et raviront les fans invétérés du Combi. Du mouvement singulier des essuies-glaces aux petits dessins sur les plastiques intérieurs, les rappels sont nombreux. Mais l’excellente idée de Volkswagen, c’est de ne pas s’être contenté de jouer sur la nostalgie et de ne proposer qu’une version modernisée et électrifiée de son van. En effet, si à l’extérieur tout évoque l’aventure, à l’intérieur, le constructeur allemand a pensé son véhicule comme un utilitaire. Rangements, revêtements anti-dérapants, six ports USB-C, tablettes pour les passagers arrière… aucune option ne manque à l’appel. Et que dire de l’ID.Box, cette boîte à tout faire ingénieuse qui regorge de gadgets, dont un indispensable décapsuleur, qui prend place entre les deux sièges avant, à la place du traditionnel pommeau de vitesses et qui peut être retirée pour être emportée… sur la plage par exemple. Seule ombre au tableau : l’absence d’un toit panoramique qui aurait ajouté encore plus de charme (et de lumière) à l’ID.Buzz. Celle-ci ne serait que provisoire. En effet, selon nos informations, Volkswagen prévoirait de proposer cette option sur les modèles de l’an prochain.
Là où le bât blesse, comme souvent ces dernières années avec Volkswagen, c’est sur la partie technologique, particulièrement importante à nos yeux. Que l’on adhère ou non au système à double écran (petit afficheur numérique pour l’instrumentation et grand écran de 10 pouces pour l’infodivertissement), on ne peut que pester contre son ergonomie, son OS morribond et son assistant vocal qui s’active selon ses envies et toujours lorsqu’on ne lui demande pas. D’ailleurs, ce n’est pas un hasard si le groupe VW a récemment revu sa copie en matière de touches tactiles sur le volant en décidant de revenir à des boutons classiques. Malheureusement pour l’ID.Buzz, il souffre sur ce point de décisions prises au niveau du groupe, en amont du lancement de la dernière génération de Golf en 2018. L’OS de la gamme ID n’a pas arrangé cette situation précaire. Pour autant, si cet aspect reste frustrant pour un amateur de nouvelles technologies, il n’a rien de honteux. Il s’agit d’une interface fonctionnelle, relativement claire dans sa navigation et qui bénéficie d’un atout indéniable : celui de pouvoir être remplacée sans même l’usage d’un câble par CarPlay ou Android Auto.
L’ID. Buzz sur la route, ça donne quoi ?
Le plus grand défi pour l’ID.Buzz, c’est évidemment de faire fi de son poids (2,4 tonnes) et de ses dimensions (presque 3 m d’empattement). Effectivement, le van de VW n’est pas aidé par son gabarit. Il ne peut pas s’appuyer non plus son moteur, relativement modeste (204 ch et 310 Nm), pour compenser sa taille et son poids. Et pourtant, malgré cet handicap initial, l’ID.Buzz se révèle très agréable à conduire et particulièrement maniable.
Comment ? Grâce à un châssis maîtrisé, une direction plutôt précise et surtout un rayon de braquage (11,1 m) étonnant compte tenu du gabarit. Saupoudrez le tout d’aides à la conduite bien huilées (notamment pour ce qui est du stationnement) et vous obtenez un véhicule qui malgré ses dimensions se conduit très simplement. Par ailleurs, l’ID.Buzz intègre toute la panoplie d’aides d’autonomie de niveau 2 dont dispose VW. Des fonctionnalités telles que l’aide au changement de voie (à plus de 110 km/h) ou encore le parking automatique sur les 50 derniers mètres, que nous avions eu le loisir d’essayer lors de notre test de l’ID.5.
En revanche, il ne faut pas attendre d’émotions particulières au volant de cet ID.Buzz. Pas d’accélération fulgurante, pas de reprise qui vous colle au siège… Rien d’anormal, nous direz-vous, ce véhicule n’est tout simplement fait pour ça. En revanche, la position de conduite assez haute et l’énorme espace à l’avant pourraient bien vous rappeler le petit camion que vous avez loué lors de votre dernier déménagement.
Autonomie : prévoyez des voyages à la cool
Dans notre version d’essai, l’ID.Buzz était doté de la plus grande batterie que sa plate-forme pourra accueillir. Celle-ci offre une capacité de 77 kWh, ce qui permet à VW d’annoncer quelque 419 km d’autonomie (WLTP). Dans les faits, c’est comme souvent plus limité. Sans surprise, le poids conséquent du véhicule (presque 2,5 tonnes à vide) et son aérodynamisme « perfectible » ne l’aident pas à baisser sa consommation d’électricité. Lors de notre essai, nous avons constaté une moyenne de 20 kWh/100 km sur un parcours mixte qui empruntait également des autoroutes. Des voies rapides, qui, au Portugal, sont limitées à 120 km/h, rappelons-le.
En conséquence, l’autonomie de l’ID.Buzz doit être revue à la baisse, entre 320 et 350 km avec une batterie pleine. Quant à la partie recharge, elle est relativement intéressante, le van de VW offrant une puissance maximale de 170 kW. Concrètement, cela permet, si on a la chance de tomber sur une borne rapide, de reprendre 80% de batterie en 30 mn. La performance est honnête, mais pour voyager, en ID.Buzz, il faudra soit faire en sorte de suivre l’implantation des Superchargeurs (on a vu mieux en termes de van life), soit prendre son temps. Ça tombe bien, c’est l’esprit de ce van électrique.
Prix et positionnement : sans concurrence
L’ID.Buzz jouit d’un avantage concurrentiel indéniable : il n’a pas… de concurrence. C’est assez simple, il n’y a pas d’autre van électrique sur le marché, donc personne pour lui faire de l’ombre. Dès lors, il devient plus difficile de juger de son rapport qualité/prix. A près de 60 000 euros (56 990 euros pour le tarif de base), le van électrique de Volkswagen peut encore prétendre au montant minimal du bonus écologique (2 000 euros), mais il devient alors quasi impossible de lui adjoindre la moindre option.
D’un point de vue tarifaire, ses plus sérieux concurrents sont des SUV électriques plutôt haut de gamme tels que la Tesla Model Y ou une Mercedes EQA, mais il s’agit de véhicules bien moins polyvalents et qui n’ont pas les mêmes aspirations. Néanmoins, cela permet de jauger un minimum du prix de l’ID.Buzz. Celui-ci est loin d’être aussi accessible que son ainé, le Combi, mais il reste cohérent.
Dans une optique professionnelle ou utilitaire, il est presque possible de mettre deux véhicules face à l’ID. Buzz. En effet, les e-Traveller et ë-SpaceTourer de Peugeot et Citroën s’adressent aux mêmes artisans. Néanmoins, sans faire injure au style des marques françaises, il faut bien avouer que le modèle de VW les dépasse largement en matière de fun et se permet même le luxe d’être moins cher.
Verdict de l’essai
L’ID.Buzz sera-t-il un succès aussi important que la New Beetle. Il est bien difficile de faire de telles prédictions, mais les débuts commerciaux du van électrique de Volkswagen sont tonitruants (plus de 20 000 précommandes en quelques semaines). Le Combi nouvelle génération jouit d’une hype étonnante qui s’avère méritée ! La réussite de Volkswagen, c’est de ne pas s’être contenté de ressusciter son modèle iconique. Le constructeur est parvenu à proposer un mix étonnant entre un utilitaire électrique et un van symbole d’aventure. Il l’a fait en gardant ce qui fait la force de son modèle iconique : un capital sympathie inégalé et un look unique. En revisitant et en électrifiant son Combi, VW ne s’est pas trompé. Il a tout simplement conçu l’une des voitures les plus marquantes de 2022.