Tandis que les centrales nucléaires utilisent le principe de la fission nucléaire (éclatement de gros atomes en atomes plus petits) pour générer de l’énergie transformée en électricité, une autre technique permettra de produire encore plus d’énergie : la fusion nucléaire.
C’est le processus inverse de création d’atomes plus gros à partir d’éléments plus petits et que l’on retrouve au coeur des étoiles, dont le Soleil. La maîtrise de cette technologie, moins polluante et plus puissante que la fission, est un enjeu stratégique de taille et la France espère bien en tirer parti.
Le grand projet ITER (qui veut dire « chemin » en latin) installé à Cadarache (Bouches-du-Rhône) doit concrétiser cette vision et servir de démonstrateur. Soutenu financièrement par de multiples pays, il teste la construction du plus grand tokamak au monde, un anneau dans lequel circulera du plasma porté à très haute température (dit plasma en combustion, à 150 millions de degrés Celsius) et qui permettra une réaction de fusion de deutérium et tritium en un atome d’hélium.
En tant que réacteur expérimental, ITER permettra d’étudier toutes les composantes permettant de créer un système stable et exploitable dans de futurs réacteurs à fusion nucléaire. Le chantier est titanesque…et compliqué par de multiples retards.
Défauts de soudure
Le gestionnaire du projet a confirmé la présence de défauts de soudure sur deux éléments essentiels livrés par la Corée du Sud et impossibles à réparer directement. Ce sont deux pièces de 18 mètres de haut et de 1350 tonnes qu’il faudra sortir de leur emplacement, démonter et réparer.
Ce nouveau coup dur n’est pas une totale surprise, l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) ayant déjà alerté il y a plusieurs mois de ce risque qui relève d’un problème dans la réalisation des soudures des panneaux constitutifs de la chambre à vide dans lequel circulera le plasma en combustion guidé par des aimants supraconducteurs pour son confinement magnétique.
Les soudures telles que réalisées ont déformé la structure générale des panneaux et sortent des tolérances, ce qui empêche l’assemblage des éléments. Les écrans de protection thermique posent aussi problème avec la création de microfissures de corrosion sur les circuits de refroidissement.
Retards et surcoûts
Les travaux s’annoncent déjà coûteux et vont entraîner de nouveaux retards, estimés à deux ans et s’ajoutant aux 35 mois déjà comptés par ITER Organization.
Pour ce qui est du surcoût, les premières évaluations tablent sur 1 milliard d’euros pour un chantier estimé à 20 milliards d’euros, soit déjà plus de trois fois sa prévision initiale.
ITER est également confronté à des problèmes structurels qui pourraient réduire l’efficacité de la protection contre les rayonnements ionisants, sans que la dalle soutenant les installations puissent supporter de nouvelles armatures de protection.
Toutes ces difficultés font que la mise en service du site de Cadarache ne devrait pas intervenir avant 2030 au mieux, au lieu de l’échéance 2025 prévu initialement.