Nouvelle étape dans le Chips Act européen, les 27 se sont mis d’accord unanimement sur la nécessité d’un plan et sur son montant, 45 milliards d’ici à 2030. Avec un but, être moins dépendant de l’Asie et du reste du monde.
Les 27 viennent de se mettre d’accord pour allouer, d’ici à 2030, un budget de 45 milliards d’euros d’aides à la production de puces et composants électroniques sur le territoire européen. C’est une étape de plus dans un grand projet qui vise à réduire la dépendance de notre région, essentiellement vis-à-vis de l’Asie.
Un plan à 27 pour 45 milliards
C’est ce qu’a annoncé tout récemment la présidence tchèque de l’Union européenne (UE), indiquant que l’approbation a été unanime. Les ministres de l’UE se rencontreront le 1er décembre prochain pour sceller cet accord, qui devra ensuite être soumis au débat du Parlement européen l’année prochaine pour devenir une loi applicable.
La Commission européenne a accepté d’élargir le spectre des composants concernés et d’ores et déjà fixé un cap à ce projet de loi : elle veut que l’Union européenne aide l’investissement dans des semi-conducteurs qui amélioreront la puissance de calcul, l’efficacité énergétique, la protection environnementale et l’intelligence artificielle. Soit à peu près tout ce que font des puces. En revanche, elle laisse au Parlement la charge de trouver les moyens de financer ce plan. Ce qui ne sera évidemment pas une mince affaire.
Ces 45 milliards s’inscrivent dans le cadre du Chips Act européen, également appelé Paquet législatif sur les semi-conducteurs, pensé pour permettre au Vieux continent de réaffirmer sa position dans la fabrication de composants. Dévoilé en janvier dernier par Thierry Breton, commissaire européen de la politique industrielle et du numérique, il entend inverser une tendance forte au déclin, qui a vu l’Europe passer de 24% de parts de marché dans la production de puces en 2000 à 8% aujourd’hui. L’objectif est ambitieux, réussir ainsi d’ici à 2030 à faire en sorte que l’Europe pèse à nouveau 20% de la production mondiale de semi-conducteurs.
Pour perspective, les États-Unis, qui suivent la même pente, représentaient une douzaine de pour cent il y a deux ans, et à peine une dizaine maintenant, se sont aussi dotés d’un Chips Act, une loi visant à injecter des subsides publics pour inciter le secteur privé à investir sur le territoire national. En l’occurrence, aux États-Unis, cela devrait permettre l’établissement de nouvelles usines TSMC, dont une est en cours de construction en Arizona.
Une domination totale de l’Asie
L’Asie, et tout particulièrement Taïwan, pèse lourd dans la production des semi-conducteurs, ces composants vitaux qui donnent vie à nos smartphones, nos PC, mais qu’on retrouve aussi dans nos voitures, réfrigérateurs, antennes 5G, et autres équipements médicaux.
Avec 75% de la production assurée entre la Chine, la Corée et Taïwan, la concentration est devenue évidente et problématique. La pandémie, et ses effets de contraction sur les transports à l’échelle du globe, a été un réveil assez violent, et finalement peut-être salvateur sur ce point. Les tensions géopolitiques actuelles, aussi bien en Ukraine qu’autour de Taïwan, ne font que renforcer l’urgence d’une réaction. L’Europe va donc investir massivement aussi bien pour aider son industrie historique (STMicroelectronics est toujours un géant des semiconducteurs) que pour s’assurer la présence d’acteurs extérieurs sur le sol européen. Intel a d’ores et déjà indiqué qu’une usine devrait être implantée en Allemagne, tandis qu’un laboratoire de recherches devrait être établi en France.
C’est là aussi un des enjeux de ce plan européen, réussir à distribuer la manne et les retombées de ces investissements. Selon Reuters, des voix craignent déjà que les pays déjà dotés d’une industrie des semi-conducteurs raflent la mise… Même au sein de l’Union, l’équité n’est pas facile à mettre en œuvre.
Source :
Reuters