Il y a des traditions avec lesquelles on ne plaisante pas. C’est le cas de la raclette suisse, un sujet sur lequel se sont penchés des doctorants en robotique pour concevoir le « Roboclette », un robot capable de servir la raclette, tout simplement.
N’en déplaise à la France, la Suisse est aussi le pays du fromage. Parmi les plats traditionnels que l’on sert pour se réchauffer, on retrouve la raclette. Et quand la technologie s’en mêle (s’emmêle ?), cela donne un robot qui a demandé beaucoup de travail pour pouvoir servir du fromage à raclette dans les règles de l’art.
Quand la tradition rencontre l’innovation
Le (là ?) Roboclette est un robot équipé de deux bras articulés qui ont chacun une mission bien précise : le premier tient la demi-meule de fromage, le second racle le fromage pour le service dans l’assiette. La manipulation a l’air simple, mais c’est en réalité tout un art que nos amis helvètes se transmettent de génération en génération, comme le rappel Eddy Baillifard, chef du restaurant Raclett’House, qui a prêté ses gestes au robot :
« Apprendre à un être vivant, c’est facile. J’ai appris à racler à mon fils et mon beau-fils, mais quand vous avez un bras qui fait 15 kilos dans les mains, c’est encore un autre défi. »
Le maître fromager a vraiment appris les gestes au robot en le manipulant. En effet, la machine n’a pas été programmée pour faire la raclette, mais enregistre la trajectoire du racloir pendant la manipulation, tout en utilisant ses différents capteurs pour mesurer la force appliquée sur le fromage. Emmanuel Pignat, doctorant du groupe robotique de l’institut de recherche de l’Idiap, précise :
« En montrant à différents niveaux de fonte, le robot apprend qu’il est important de garder une pression constante, quelle que soit la hauteur du fromage. Il extrait les caractéristiques de position, force et vitesse nécessaires à un geste adaptatif et élégant. »
À chaque démonstration, le maître fromager effectue des gestes légèrement différents qui sont enregistrés par les algorithmes d’apprentissage du robot. Ce dernier intègre ces nuances pour recréer le geste dans une nouvelle situation.
De nombreux champs d’applications
Cette innovation qui peut prêter à sourire montre le potentiel de l’intelligence artificielle et de l’apprentissage automatique pour développer une vraie collaboration entre l’Homme et la machine. On peut alors imaginer toute sorte d’applications dans l’industrie, les services, mais aussi pour concevoir des robots d’assistances afin de soulager les professionnels de leurs tâches dangereuses, inconfortables ou répétitives.
L’objectif est donc de transmettre de nouvelles compétences au robot de manière intuitive, grâce à des interfaces et des algorithmes conviviaux qui vont permettre aux robots d’apprendre par imitation. Le tout sans programmation informatique. L’apprentissage peut alors se faire par observation, par problème de correspondance ou par enseignement kinesthésique.
En présentant leur « Roboclette », les ingénieurs ont réussi à attirer l’attention du public pour mettre en lumière une technologie prometteuse qui va bien au-delà du repas convivial qu’aiment partager les fondus de la raclette.
Source :
JDG